Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Le billet de Jean-Pierre Allali – Les Juifs du Yémen

03 Janvier 2025 | 136 vue(s)
Catégorie(s) :
Antisémitisme

Lundi 11 janvier, à Marseille, un jeune turc de 15 ans attaquait à la machette un enseignant juif portant une kippa. Une affaire qui devait provoquer une grande émotion, et qui a inspiré à Jérôme Fenoglio, le directeur du journal « Le Monde », un éditorial remarquable. En voici un extrait : « Ce mal, il faut le considérer pour ce qu’il est : le produit des noces mortelles entre djihadisme et antisémitisme. Le terrorisme fondamentaliste (…) reprend tous les stéréotypes du vieil antisémitisme européen, accommodé à la sauce de l’heure, mélange de théories du complot importées du Moyen-Orient et transportées par Internet ».

A force de tenir des raisonnements primaires, ami de Gôôôôche, tu es devenu primaire

Ce soir, jeudi 22 octobre, France 3 diffuse à 23h15 « Profs en territoires perdus de la République ? »

Article de Dr Bruno HALIOUA Secrétaire Général de l’AMIF (Association des Médecins Israélites de France)

" Une France antijuive ?
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07 Mai 2015
Catégorie : Antisémitisme

"Une France antijuive ? "est le dernier livre de Pierre-André Taguieff. Marc Knobel rend hommage au talent et au courage de l'auteur à travers cette tribune.

Portrait de Invité
3 Questions à Marc Knobel
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17 Avril 2015
Catégorie : Antisémitisme

Les auteurs du Blog du Crif se prêtent à un exercice de questions réponses " 3 Questions à ..."

Marc Knobel historien- chercheur nous parle donc de son engagement dans la lutte contre l'antisémitisme.

Des centaines de tombes ont été profanées au cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), dimanche 15 février 2015, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, dans un communiqué de presse

Neuf ans après l’assassinat d’Ilan Halimi, voici la « chronique d’une barbarie et de ses conséquences médiatiques, politiques et judiciaires »,  par Marc Knobel, historien, chercheur, directeur des Études du CRIF

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

L'antisémitisme est comme une bête particulièrement enragée et puante. Il rôde, nous ne le savons que trop bien...

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

"Dites-moi que ce furent des cauchemars, que le monde s'améliore de jour en jour, que des flammes de lumière jaillissent en chaque point du globe."

Article paru dans le HuffinghtonPost.fr

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

Pages

Illustration : Juifs yéménites à leur arrivée en Israël par le biais de l’opération « Tapis Volant » (Collection JPA)

 

Depuis quelques mois, les Houthis du Yémen font la une de l’actualité. Les Houthis ou Ansar Allah, tirent leur appellation du nom de leurs dirigeants, Hussein Badreddine Al-Huti et ses frères. Cette organisation terroriste armée, politique et théologique chiite zaydite a, peu à peu, depuis 2014, pris le contrôle du pays et, dans le sillage du Hamas, du Hezbollah et de l’Iran, rejoint, après le tragique pogrom du 7-Octobre 2023, la horde des ennemis acharnés d’Israël. Autrefois désigné comme l’« Arabie heureuse », le Yémen est, désormais en proie à une situation chaotique. D’autant plus que le 26 décembre 2024, l’aviation israélienne a mené des raids massifs contre l’aéroport de la capitale, Sana’a et contre des centrales électriques.

Situé entre l'Arabie Saoudite et le sultanat d'Oman, l’actuel Yémen est né en 1990, de la fusion de la République démocratique et populaire du Yémen au Sud et de la République arabe du Yémen, au Nord. Dans ce véritable maelström qui secoue le pays et la région, qui se soucie de l'existence de la minuscule communauté juive autrefois dynamique et prospère ? Pourtant, bien qu'ils ne soient probablement plus quelques dizaines d'individus, leur histoire a été extraordinaire au fil des siècles. Autrefois florissante malgré les conditions drastiques qui lui étaient imposées dans une terre d’islam particulièrement hostile au cours des siècles, cette communauté qui compta jusqu’à 100 000 âmes, a longtemps survécu et prospéré.

Selon deux journalistes arabes chargés par l'agence Media Line d'enquêter en 2013 sur les derniers Juifs du Yémen [1], la plupart d'entre eux résidaient alors dans la ville de Raïda, à soixante kilomètres au nord de la capitale Sana'a sous l'autorité du rabbin Suleiman Yahia. Un groupe de moindre importance était, lui, rassemblé dans un quartier « protégé » de Sana'a où le gouvernement d'Abdallah Saleh les avait contraints de se regrouper. Retour sur une histoire ancestrale.

Aux dires des Yéménites eux-mêmes, la présence de Juifs dans leur pays remonterait au 6e siècle avant l’ère vulgaire. Si l’on se réfère au texte biblique, on peut même considérer que c’est au 10e siècle avant notre ère que le roi Salomon envoya des Juifs au Yémen pour accompagner la fameuse reine de Saba. Historiquement, des preuves archéologiques existent, en Israël comme au Yémen, qui attestent d’une présence effective dès les premiers siècles. Une nécropole datant du 3e siècle découverte en Israël contient la tombe d’un Himyarite, c’est-à-dire d’un Juif yéménite d’ascendance royale. Le premier recensement répertorié au Yémen date d’ailleurs de cette époque.

Au cours de leurs 2 000 ans d’histoire, les Juifs du Yémen, bien plus que d’autres, ont conservé des traditions qui datent de l’époque michnaïque. Dans les années 1990, on a découvert au centre de la capitale, Sana'a, un véritable trésor archéologique, des milliers de jarres en argile contenant des manuscrits hébraïques. De nombreux savants sont persuadés que le terrain où se trouvait le cimetière juif qui a été rasé pour y construire l’université de la capitale recèle des trésors culturels juifs inestimables.

Au cours des siècles, les Juifs du Yémen, appelés Yahoud Al Maghrib, à l’ouest et Yahoud Al Mashrag à l’est, ont été essentiellement des artisans : bijoutiers, orfèvres, tisserands, brodeurs, maçons, petits commerçants, marchands de bêtes...

La conquête islamique a été une véritable catastrophe pour les Juifs du Yémen avec l’application la plus rigoureuse et la plus rétrograde du statut de la dhimma en terre d’islam : interdiction de porter la moindre arme, interdiction de monter à cheval, interdiction d’émigrer… La pire des mesures fut l’obligation, pour un orphelin juif, de se convertir à l’islam. Régulièrement, des pogroms meurtriers ont décimé la communauté, comme en 1932 et en 1933.

Bien qu’interdits d’émigration par les pouvoirs musulmans successifs, les Juifs du Yémen ont profité d’opportunités pour quitter le pays, notamment en direction d’Eretz Israël. En 1882, en 1919 et, après la création de l’État juif, en 1948, avec l’opération « Tapis Magique » qui permit le transfert en Israël de quelques 45 000 Juifs. Dans les années 90, une affaire pénible a secoué Israël : des familles juives ont accusé les autorités d’avoir kidnappé des milliers d’enfants juifs yéménites pour les confier frauduleusement à d’autres familles dans lesquelles ils auraient été élevés. L’affaire, connue sous le nom de dossier « Uzi Meshoullam » n’a pas vraiment été élucidée.

En 2007, déjà, alors qu’on la croyait complètement éteinte, on apprenait que cette communauté venait d’élire un nouveau rabbin, le Rav Yahia Ben Yaïsh. Il succédait à son père, Yaïsh Ben Yahia, décédé à Londres. Mais cette nouvelle encourageante n’effaçait pas les nouvelles inquiétantes qui parvenaient de ce pays. Les rebelles chiites islamistes de la minorité des Zaïdites, dirigés par Abdel Malak Al-Houti persécutaient sans relâche les quelques Juifs encore présents dans la région de Saada au nord-ouest du Yémen. Réfugiés à Sana'a, dans un hôtel réquisitionné par le gouvernement, avec l’aide d’organisations juives internationales, les derniers Juifs du Yémen étaient déjà sur le départ [2].

En 2014, le rabbin Youssef Moussa, dont les trois fils et deux de ses filles vivent aux États-Unis, tentait encore de maintenir une forme de vie juive à Sana'a. Dans une petite école, il enseignait aux quelques enfants juifs scolarisés, la langue hébraïque, l'histoire juive et même les mathématiques. Deux synagogues continuaient de fonctionner, mais le rabbin Moussa était pessimiste, mettant l'accent sur l'agressivité dont les Juifs sont l'objet : « Dans les rues, les habitants nous traitent de « sionistes » et nous jettent parfois des pierres. Aucun recours n'est possible : au Yémen, l'État n'a plus d'autorité. Ce sont les tribus qui font la loi. Dès lors la vie est souvent intenable. Je cherche à vendre ma maison. Et alors, je partirai avec toute ma famille ».

Dès avant le 7-Octobre 2023, le départ inéluctable pour Israël et pour l’Occident des derniers Juifs du Yémen, avait sonné le glas de cette communauté originale. Restent encore sur place les « Marranes », Musulmans à l’extérieur mais pratiquant en secret leur judaïsme : ils seraient environ 10 000.

 

 

Jean-Pierre Allali, vice-Président mondial de la JJAC

 

 

[1] Hamodia du 6 mars 2013

[2] Actualité Juive du 3 mai 2007

 

 

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