Le billet de Jacques Tarnero - Je hais donc je suis, Je tue donc je jouis

22 Avril 2024 | 190 vue(s)
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Opinion

L'historien Laurent Joly publie un nouvel éclairage sur la collaboration de la France occupée à la déportation des juifs. Une œuvre magistrale.

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Je hais donc je suis, je tue donc je jouis

 

 

Avec ses amis du Hamas, le lider maximo de La France Insoumise (LFI) a enfin trouvé la voie juste qui mène au paradis de tous les grands révolutionnaires. La candidate que LFI a inscrite sur sa liste pour les élections européennes le confirme sans ambiguïté aucune. Celle qui proclame que la Palestine sera « libre du fleuve à la mer » ne fait pas dans la nuance. Ce que propose cette alliance est tout simplement la destruction d’Israël. Le massacre du 7 octobre 2023 ne fut qu’un avant-goût de ce projet. Le parti hamasso-progressiste a fait du pogrom sa méthode et son combat. 

 

Combien d’idiots utiles de Sciences-po et d’ailleurs seront-ils encore fascinés par ce discours ? Il faut bien constater que cette « convergence des luttes » rassemble un beau panel de personnalités ayant fait l’éloge des massacres de masse au service de « l’avenir radieux ». Un illustre professeur de l’École normale supérieure faisait déjà en 1979 l’éloge du Cambodge sous le pouvoir des khmers rouges. Judith Butler, papesse de la radicalité trans genre LGBT ++ etc., voit dans le Hamas un mouvement de « résistance » contre l’impérialisme, le colonialisme etc. La dernière haine salvatrice se désigne aujourd’hui le « sionisme », comme seul responsable de tous les maux de la terre. « Sionistes hors de nos facs », proposait une banderole récente à l’entrée de l’Université de Paris III. Toutes ces pépites d’inintelligence produites dans les lieux de fabrication des élites dessinent un nouveau naufrage dont le pouvoir de séduction laisse pantois. L’idéologie se substituant à la culture, le réel n’est pas leur souci, l’histoire non plus.

 

Le retour de multiples Doriot au sein de la gauche de la gauche donne la pleine mesure de cet effondrement.

Mélenchon reconduit une vieille histoire : celle du goût de certains pour la haine comme moteur de l’histoire. Haine de classe, haine de race avec un marqueur particulier pour la plus vieille des haines : celle de la haine du Juif, parce que objet inclassable dans ses catégories mentales. Quel est cet objet bi millénaire qui survit à toutes les expulsions, à toutes les destructions ? Cette très vieille Loi donnée à l’humanité pour la faire sortir de l’inhumanité est une énigme pour les idolâtres. C’est cette même Loi qui interdit  aux hommes de « jouir sans entrave » en égorgeant leurs victimes.

L’attaque contre Israël le 7 octobre 2023 ne fut pas seulement meurtrière. Le sadisme mis à tuer révèle la part de jouissance que les assaillants éprouvèrent en commettant leurs gestes. Cette dimension est sans doute ce qui la caractérise le plus. Longtemps passée sous silence, par respect pour les victimes et leurs proches, la découverte des crimes sexuels, leur aspect effroyable nous renseignent sur ce qui anime l’esprit de ces gens. Ils ne sont sûrement pas des animaux féroces comme certains ont pu improprement les nommer. Commis aux cris de « Allahou Akbar ! », (— dieu est le plus grand ! —), ce cri de guerre renseigne simultanément sur cette référence à dieu et sur ce qu’elle convoque. Certains diront que cette invocation est étrangère à l’Islam car il y aurait aussi un Islam des Lumières à l’opposé de celui des tueurs.

 

En islam certains l’ont dit : « Pas en notre nom ! ». Mais leur cri a peu été entendu par les foules fanatisées. Est-ce encore un souci de justice pour la Palestine qui les anime ? Comment peut-on encore croire à cette illusion que la paix viendrait par la solution de deux États ? Cette incantation prend son rêve pour une réalité ; elle espère que l’autre pense comme elle, qu’elle obéit à des catégories de pensée semblable aux siennes. Le 7 octobre a anéanti cette illusion et à plus forte raison l’attaque iranienne du 13 avril. Que se serait-il passé si le dôme de fer n’avait pas eu son efficacité ? Combien de milliers de morts aurait-il fallu dénombrer en Israël ? On a entendu certains dans les médias se féliciter de la retenue iranienne ! On rêve devant l’imbécillité de certains « experts géopolitologues » !

 

Dans l’actuel chaos du monde, les failles sismiques se multiplient. À l’affrontement Est/Ouest s’est substituée la revanche de ce qui est nommé le Sud global contre un Nord pas encore nommé « blanc ». L’une de ces lignes de rupture est plus violente que d’autres. Elle est à la fois géographique autant que culturelle. Elle s’est ouverte le 11 septembre 2001 dans la destruction des tours du World Trade Center par le groupe islamiste d’Al Qaïda. Cette déclaration de guerre mondiale de l’islam radical contre tout ce qui n’est pas dans son giron a en fait commencé bien plus tôt sans que personne n’en prenne la mesure ni en anticipe le développement. Avec la révolution islamique en Iran en 1979 c’est un processus de conquête qui s’est amorcé. Dix ans plus tard en 1989 la chute du mur de Berlin, puis l’effondrement de l’URSS, ont ouvert un espace aussi vide qu’illusoire. Certains ont cru y deviner une « fin de l’histoire » augurant une paix planétaire confiée aux bons soins du libre-échange ou du capitalisme triomphant. D’autres au contraire ont su y anticiper un « choc de civilisations » à venir pour occuper cette place laissée inoccupée.

 

 

Désormais ce choc est là, devant nous. Il nous aveugle tellement fort qu’on éprouve de la peur à le regarder en face. Ce choc a des lignes de front, multiples, géographiquement dispersées ; mais l’une d’elle trace au Proche-Orient l’évidence la plus béante. Israël constitue la première ligne de l’affrontement entre l’offensive islamiste actuelle et l’Occident ; mais majoritairement l’Occident préfère le déni de cette réalité plutôt que de la nommer pour ce qu’elle est. Quand des tueurs islamistes frappent au hasard en Europe, ils sont souvent nommés « déséquilibrés ». On peut estimer que cette appréciation est juste vue dans les catégories mentales de notre culture. Par contre refuser de l’inscrire comme un geste politique obéissant à une autre logique relève d’un refus de voir cette autre réalité. Bien pire, au lieu de comprendre ce qui est en train de se produire sous ses yeux  depuis le 7 octobre 2023, voilà que par une infernale ruse de l’histoire, c’est Israël qui est accusé d’être l’agresseur et le Hamas qui est présenté comme la victime.

 

Aujourd’hui, présenter l’affrontement israélo-palestinien comme l’affrontement entre deux projets nationaux se déchirant pour une même terre est un leurre. Côté Hamas il s’agit d’expulser du Proche Orient cet objet considéré comme étranger dans un espace exclusivement arabe et musulman. Désigné fréquemment comme une « tumeur cancéreuse », Israël n’aurait pas le droit d’être là où il est. Le projet national juif porté par le sionisme a réinstallé sur la terre de ses origines ce peuple en déserrance portant depuis plus de deux mille ans dans ses prières le rêve d’un retour : « l’an prochain à Jérusalem ». Ce projet a pris corps en 1948. Pour ce faire les Juifs ont combattu des populations arabes qui y étaient installées depuis la dispersion des hébreux. Près de sept cent mille ont dû quitter cette terre en fuyant ou en en étant expulsés. Dans le même temps près d’un million de Juifs installés dans le monde arabe durent aussi quitter leurs foyers entre 1948 et 1962. Aujourd’hui le monde arabe est vide de Juifs mais jamais ces Juifs expulsés du monde arabe n’ont été considérés comme des réfugiés et aucune instance de l’ONU ne veille sur leur sort.

 

En 1948 le peuple palestinien n’existait pas en tant que peuple. Mêlé aux autres composantes des population arabes, présentes dans cette région anciennement conquise par l’empire ottoman, les arabes de la région Palestine n’ont élaboré leur identité nationale que dans l’affrontement avec l’État juif. Pour national qu’il fut à ses débuts, cet affrontement a muté. De politique il est devenu religieux, culturel pour devenir aujourd’hui le symbole élargi d’un conflit civilisationnel dont la Palestine est le drapeau. Il y a certes un malheur palestinien, il y a aussi un malheur arabe incontestable. 

 

Il suffit de faire le constat du désastre dans lequel se trouve ce monde : il est d’abord politique au vu de l’état des libertés individuelles dans cet espace. La démocratie y est partout absente, au mieux des régimes autoritaires organisent la société. Les « printemps arabes » ne durèrent que le temps d’une saison et cette parenthèse fut bien vite réprimée. Plus de quatre cent mille morts en Syrie durant quatre années de répression par le régime de Bachar Assad, suivie d’un califat éphémère de l’ État islamique dont le bilan se mesure aussi en centaine de milliers de victimes. Cela n’a pas interdit à la Ligue arabe de réintégrer en son sein la Syrie de Bachar Assad en 2012. Ni le sort des femmes en Afghanistan, ni celui des femmes en Iran ne viennent troubler cette règle du jeu. Les massacres arabo-arabes ou islamo-islamiques semblent ne pas perturber les consciences de ce monde, pas plus que celles du monde environnant. Malgré un tel bilan, malgré le chaos de ce monde, elles ne désigne qu’un seul responsable, Israël. Israël reste le seul ennemi, la seule obsession répulsive.

 

Dans le même temps, dans le monde occidental, une stupéfiante myopie refuse de prendre la mesure du danger qui croit aux marges de ce monde. L’Iran vient de tester ses missiles et attend de maitriser sa bombe atomique. Qui peut prétendre ne pas en être conscient ? En première ligne de front se trouve Israël. Ses amis ou prétendus tels prêchent la modération, la retenue, alors que trois cents drones et fusées diverses chargées d’explosifs viennent de l’attaquer.

 

« Si Israël tombe, nous tomberons tous », avait déclaré en 2014 Jose Maria Aznar, l’ancien premier ministre espagnol. Qui peut prétendre que cet avertissement serait sans pertinence ?

Ne pas le comprendre est suicidaire.

 

 

Jacques Tarnero

 

 

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