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Publié le 10 novembre dans Le Parisien
Complotisme, haine en ligne, racisme, antisémitisme… autant de maux de notre époque que la justice condamne au quotidien. Pour les délits mineurs, le parquet peut choisir des alternatives aux poursuites, comme le stage de citoyenneté. Certaines peines peuvent également être assorties d’une obligation de réaliser ce stage. Ce mercredi, le parquet d’Évry-Courcouronnes a signé une convention de partenariat avec le Mémorial de la Shoah. Le Mémorial accueillera des condamnés pour leur donner à penser sur le racisme, l’antisémitisme, mais aussi les discours de haine et leur diffusion sur les réseaux sociaux.
« Les participants au stage visés seront prioritairement ceux qui ont commis des actes de racisme, d’antisémitisme et d’homophobie. Nous n’excluons pas d’y intégrer des auteurs d’outrage, rébellion, ou d’autres actes de défiance à l’égard des institutions », détaille Caroline Nisand, la procureure de la République d’Évry. Parmi les participants, « plutôt des primo-délinquants, mais pas seulement ». Surtout, des personnes « capables de concentration sur la durée du stage » et susceptibles de « revenir à la raison ».
Le même type de convention avait déjà été signé entre le Mémorial de la Shoah et les parquets de Paris et Versailles (Yvelines). Elle va désormais l’être avec ceux de Pontoise (Val-d’Oise) et Évry. Le parquet de l’Essonne est le premier à proposer ce stage à des mineurs.
« Dans le département, un fond de discours de haine »
« Nous avons souhaité signer cette convention car nous constatons, dans le département, l’existence d’un fond de discours de haine, à l’image de l’arbre scié en hommage à Ilan Halimi à Sainte-Geneviève-des-Bois en 2019 », ajoute Caroline Nisand.
La procureure cite aussi l’affaire récente, commise à la rentrée scolaire dans un collège de l’Essonne, de deux enfants de quatorze ans qui ont roué de coups et injurié l’un de leurs camarades âgé de seulement onze ans parce qu’il était juif. Ils seront prochainement jugés par le tribunal pour enfants d’Évry-Courcouronnes. « C’est précisément pour ces mineurs-là que le stage présente un intérêt pédagogique », poursuit-elle.
Au programme de ce stage, sur un jour et demi, l’étude des préjugés sur le racisme, l’antisémitisme, l’étude des génocides, avec l’exemple des Tutsis, puis une rencontre avec des rescapés de la Shoah et du génocide rwandais, une visite du Mémorial, et enfin l’étude des discours de haine et de leur diffusion sur les réseaux sociaux.
Les majeurs, eux, participeront sur deux jours à un atelier de philosophie sur les mêmes thèmes, avant de visiter le Mémorial et de réfléchir au sujet autour d’une table ronde avec un enseignant. Un euro symbolique sera demandé à chaque condamné pour sa participation à ce stage, dont la convention est également signée par la Dilcrah (Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT), le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) et la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) de l’Essonne.