Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Blog du Crif - Un peu de terminologie: Mont du Temple ou Haram al Sharif ?

09 Décembre 2021 | 321 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Les jolies colonies de vacances... Il fait beau, il fait chaud, ça sent vraiment les vacances ! Cette semaine, nous vous proposons une série d'articles sur les mouvements de jeunesse juifs en France ! Aujourd'hui, découvrez le parcours d'une ancienne E.I. !

Bienvenue sur le blog La Chronique (pas tès casher) de Raphaela ! Sur ce blog, Raphaela vous propose ses billets d'humeur sur tout ce qui l'entoure, l'émeut, la touche, la fait rire et la révolte. Et elle a des choses à vous dire...

 

Dans le cadre du match de foot qui doit opposer le RC Strasbourg au Maccabi Haïfa FC, le Préfet de la Région Grand-Est a publié ce matin un arrêté inquiétant et profondément dérangeant. Je me suis entretenu avec le Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l'Intérieur, et avec le Directeur de Cabinet du Préfet du Bas-Rhin. Un nouvel arrêté devrait être publié, supprimant notamment l'interdiction des drapeaux nationaux et des signes de soutien aux deux équipes.

"Les juges d’instruction viennent enfin de rendre leur décision dans le meurtre barbare de Sarah Halimi, dans une ordonnance rendue le 12 juillet dernier. Elles estiment qu’il existe des "raisons plausibles" de penser que le discernement du suspect était "aboli" au moment des faits. Si elle est sans surprise, cette décision reste difficilement justifiable."

Ma réaction après l'annonce du report du vote de l'Assemblée nationale pour l'adoption de la définition de l'antisémitisme de l'IHRA. L'Assemblée nationale a également annoncé qu'avant d'être examinée, la proposition de résolution serait réécrite.

Découvrez ma lecture du livre de Ginette Kolinka, "Retour à Birkenau".

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Actualité

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Opinion

Découvrez mon discours prononcé lors de la plénière de clôture de la 11ème Convention nationale du Crif, le 14 novembre 2021, en présence du Premier ministre Jean Castex.

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Le 1er décembre, l’Assemblée Générale de l’ONU a adopté trois résolutions anti-israéliennes.

Elle s’est notamment dite très soucieuse du maintien des libertés religieuses sur le Mont du Temple, elle qui ne s’en était jamais préoccupée quand la Jordanie occupait la vieille ville de Jérusalem où entre 1948 et 1967, aucun Juif ne pouvait entrer et dont toutes les synagogues avaient été dynamitées.

Ma langue a fourché, j’ai dit Mont du temple, au lieu de « Haram al Sharif », le « Noble sanctuaire », seul terme employé dans la résolution. Le Temple de Jérusalem, à l’ONU, on ne connait pas... 

 

Cette résolution a obtenu 129 voix pour, 11 voix contre et 31 abstentions. Les États Unis, l’Australie, le Canada, la Hongrie et la République tchèque ont voté contre. Parmi les 31 abstentions on trouve l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, les Pays Bas, le Kenya, l’Inde et le Brésil. On n’y trouve pas la France, ni l’Espagne, l’Italie, l’Irlande, la Pologne ou la Grèce…

Comme si ces derniers pays, marqués pourtant par le christianisme, ignoraient que nier le Mont du Temple juif, c’était aussi nier la Jérusalem chrétienne.  Car à ma connaissance, les Evangiles ne disent pas que Jésus est ressuscité à Naplouse ou La Mecque. S’il y a une erreur, on aurait dû prévenir les Croisés pour qu’ils changent leur chemin...

En octobre 2016, la commission exécutive de l’Unesco a entériné un texte où le Mont du Temple était décrit comme l’Esplanade des Mosquées, et le Mur des Lamentations comme le mur de Al Buraq, la jument ailée de Mahomet. La France s’était abstenue, à notre stupéfaction. Que dire aujourd’hui quand elle avalise le mensonge ? On ne peut que s’indigner, comme l’a fait Francis Kalifat, Président du Crif.

Les résolutions de l’Assemblée Générale de l’ONU n’ont aucune force exécutive. Elles n’ont pas non plus de force morale, car elles ne représentent que l’addition des intérêts conjoncturels de chacun des votants. Si les pays européens avaient le souci des Droits de l’Homme, ils auraient  présenté une résolution contre la Syrie, la Chine, la Corée du Nord, le Vénézuéla, l’Iran,  ou  d’autres pays. Ils auraient échoué, car les violateurs se tiennent par la main. Mais ils n’ont même pas essayé. En  2021 l’Assemblée Générale a voté 20 résolutions, dont 14 blâment Israël. Les Secrétaires Généraux de l’ONU depuis Kofi Annan ont regretté cette obsession. Sans aucun résultat..

Ce pilonnage  est tellement systématique qu’aucun changement dans la politique israélienne ne pourrait  le modifier, sauf si Israël prenait des initiatives suicidaires. Mais il ne s’agit pas seulement de diaboliser Israël. La terminologie vise à imposer un narratif absurde et explosif.

Fin septembre 2010, j’avais en tant que Président du Crif, rencontré à Paris Mahmoud Abbas qui cherchait à se présenter en homme de paix. Je lui ai demandé de rectifier une déclaration de son conseiller religieux, le Dr Mahmoud al-Habash, suivant laquelle les Juifs n’avaient aucun lien avec Jérusalem. Naïvement, je pensais qu’il me répondrait que ces paroles avaient été mal interprétées.

Pas du tout.

Au lieu de répondre, il s’est lancé dans la critique de l’occupation israélienne.

J’ai compris alors que le négationniste de la Shoah qu’il avait été dans sa jeunesse se doublait d’un négationniste du Temple de Jérusalem.

Il n’était pas le premier. Le roi Fayçal déclarait en 1973 que les Juifs n’avaient aucune connexion avec Jérusalem et Arafat a dit à Bill Clinton  que le Temple des Juifs avait été construit à Naplouse.

En 2015, le mufti de Jérusalem, Muhammad Ahmad Hussein, déclarait à la télévision israélienne

que ce qu’il y avait toujours eu à Jérusalem, c’était une mosquée, construite par Adam lui-même.

Plus le mensonge est gros, plus il passe, avait dit Goebbels, qui s’y connaissait.

L’effacement terminologique du Mont du Temple n’est pas une inoffensive querelle linguistique. C’est la substitution de l’histoire par un mythe absent de la tradition musulmane classique: le calife Abd-el Malik a fait construire le Dôme du Rocher à cet endroit-là pour diriger vers l’Islam le prestige attaché au Temple des Juifs, mais pas pour nier l’existence de celui-ci.

Promouvoir ce mythe imbécile en l’accompagnant d’une litanie en faveur de la liberté religieuse est une tartuferie minable.

Pourquoi la France s’est-elle prêtée à cette mascarade? Je n’en sais rien. Les Américains disent « to throw a friend under the bus » jeter un ami sous l’autobus, pour y trouver un avantage. Je ne vois pas ce que la France y a gagné. Je vois ce que la vérité et l’honneur y ont perdu.

 

Richard Prasquier