Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Blog du Crif - Angela Merkel : Un regard juif sur la chancelière

30 Septembre 2021 | 48 vue(s)
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Actualité

Il y a six ans (ndlr. : cet article a été rédigé en mars 2018), en mars 2012, à Montauban et Toulouse, sept vies ont été fauchées par un terroriste islamique, donc je me refuse à rappeler le nom.

Le 33ème Dîner du Crif a eu lieu mercredi 7 mars 2018.

Au théâtre de l'Atelier, Le livre de ma mère réveille les souvenirs et sublime la relation la plus sincère qui est donnée à l'homme de connaître.

Vendredi 23 février, j'ai rencontré Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France.

La première djihadiste française capturée à Mossoul par les forces irakiennes en juillet 2017, Mélina Boughedir, a été condamnée, lundi 19 février, à sept mois de prison pour l’entrée illégale en Irak. La cour pénale de Bagdad a ordonné la remise en liberté et l’expulsion en France de la jeune femme de 27 ans, sa peine étant couverte par sa détention préventive, rapporte Le Monde du 19 février. Qui sont ces femmes désintégrées, déstructurées et aveuglées par la propagande développée par les djihadistes et qui ont été des proies faciles. C'est ainsi qu'elles se sont déshumanisées et ont participé à cette orgie barbare et moyenâgeuse qu’est le djihadisme.

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"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

Dans leur numéro de janvier, le magazine Youpi, destiné aux enfants de 5 à 8 ans, a clairement laissé entendre à ses jeunes lecteurs qu' "Israel n'était pas un vrai pays".

"Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe…"
 

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

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Dans le jeu de couleurs des partis allemands, le noir est la CDU, parti d’Angela Merkel, et le rouge le SPD, Parti social-démocrate, mais ce sont les jaunes du FDP, parti libéral et les verts qui seront les faiseurs de rois et qui négocient d’abord pour adapter leurs positions antagonistes sur l’immigration et la politique industrielle. Une plate-forme commune sera proposée aux socialistes pour une coalition feu tricolore, rouge-vert-jaune et en cas d’échec, à la CDU pour une coalition jamaïcaine, noire, verte et jaune comme le drapeau de ce pays. Quant à la grande coalition entre socialistes et CDU qui a si souvent servi dans le passé et qui est au pouvoir aujourd’hui, Olaf Scholz, le leader du SPD et probable futur chancelier, l’a exclue, et on n’a pas oublié que son prédécesseur Martin Schulz avait ruiné son avenir en faisant cette même promesse et en ne la tenant pas.

Ces négociations sont longues mais habituelles, tant la culture du compromis  est ancrée en Allemagne dès le niveau local et Angela Merkel continuera d’expédier les affaires courantes. Les élections, malgré le score historiquement bas de la CDU ne marquent d’ailleurs pas forcément un désaveu de la chancelière, dont la gestion compétente et solide est largement appréciée. Le manque de flamboyance est une qualité dans ce pays qui se méfie de son histoire.

Les bavures du candidat de la CDU, Armin Laschet, contrastaient avec le sérieux de son rival socialiste qui a pu apparaitre comme le véritable successeur d’Angela Merkel, d’autant qu’il est son ministre des Finances et qu’il se situe à droite de son parti alors qu’elle est à gauche du sien.

L’Allemagne vient de cantonner les extrémistes dans les marges, Die Linke d’extrême gauche et l’AfD qui prospère sur les rancoeurs de l’ex-Allemagne de l’Est, mais dont une frange est vraiment néo-nazie, dépassent à peine 15% à elles deux.

Il ne faut cependant pas crier victoire, car les votes dépendent de l’actualité sécuritaire du moment: ainsi Il y a 4 ans, le silence par crainte d’islamophobie des medias et de la police sur les auteurs des agressions sexuelles du Jour de l’An 2016 avait fait de l’Afd le bénéficiaire en boomerang de l’engagement de la chancelière dans la crise des migrants.

L’angélisme d’Angela, qu’on le lui reproche ou qu’on l’en félicite, avait, comme toutes ses initiatives, une composante très rationnelle, dans un pays à la démographie vieillissante. Aujourd’hui, l’Allemagne  absorbe de façon honorable les réfugiés syriens sur son marché du travail. Mais la course à l’intégration a exigé de très gros moyens et son échec reste possible. La raison n’est pas tout, et la chancelière sait mieux que quiconque qu’un antisémitisme grandissant accompagne le multiculturalisme et les réactions à son encontre, sur fond de haine d’extrême droite, d’islamisme ou d’antisionisme d’extrême gauche.

Elle va effectuer en Israël une visite d’adieu qui fut reportée par la crise afghane. Même si elle n’approuvait pas certaines décisions du gouvernement israélien, Angela Merkel n’a jamais, contrairement à d’autres, distingué entre la lutte contre l’antisémitisme et le soutien ostensible à l’Etat d’Israël. On a dû changer la loi pour que la chancelière, qui n’était pas chef d’Etat, pût parler à la Knesset ; elle a organisé des réunions communes de son cabinet avec le cabinet israélien. Quel chemin parcouru depuis l’époque où la simple mention du nom «Allemagne» soulevait la colère ! Encore en 1984, Helmut Kohl, le premier chancelier qui n’était pas adulte à l’époque de la guerre, fut accueilli en Israël par des manifestations hostiles…

Je pensais que, outre la relève des générations, c’est l’agenouillement de Willi Brandt devant le monument du ghetto de Varsovie qui avait déclenché la prise de conscience des Allemands. Non, son geste y fut plus critiqué qu’admiré et en Allemagne de l’Est, où Angela Merkel fêtait alors ses 16 ans, il resta totalement ignoré.

Alors d’où lui vient cette sensibilité contre l’antisémitisme, dont certains disent que c’est une des clés de sa personnalité, alors que l’Allemagne de l’Est, où elle a passé plus de la moitié de sa vie, était un des ennemis les plus tenaces d’Israël ?

Est-ce de son père, cet étonnant pasteur luthérien qui avait quitté l’Ouest pour l’Est et qui aurait pu montrer à sa fille, brillante chercheuse en chimie quantique, mais peu politisée, l’extraordinaire discours prononcé à Bonn, le 8 mai 1985 par le Président fédéral Richard von Weizsäker ?

Fils d’un haut diplomate nazi, frère d’un physicien chargé de construire la bombe nucléaire nazie, lui même ancien combattant sur le front de l’Est, Richard von Weizsäcker a su dire avec éloquence qu'en raison des crimes des nazis, le 8 mai pour les Allemands devait être considéré comme un jour de libération et non de défaite. 

Des enquêtes suggèrent que beaucoup d’Allemands, plus sensibles à des problématiques environnementales, se désintéressent aujourd’hui de la Shoah et regardent Israël d’un oeil froid sinon hostile.

Cela ne semble pas être le cas d'Olaf Scholz et d'Armin Laschet qui ont tous deux exprimé leur soutien à Israël dans le récent conflit provoqué par les roquettes de Gaza.

Leurs prises de position sont peut-être aussi une marque de l’influence de Angela Merkel, mais le départ cette dernière  devra rendre plus impérative encore la vigilance contre la bête immonde et ses travestissements actuels….

 

Richard Prasquier