Bruno Halioua

Président de la Commission Souvenir du Crif

Blog du Crif - 25 février 1941: Les travailleurs d’Amsterdam protestent contre la persécution nazie des Juifs néerlandais

28 Février 2022 | 190 vue(s)
Catégorie(s) :
Antisémitisme

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Hier, je me suis exprimé sur la récente vague d'antisémitisme qui secoue la France. J'ai demandé à l'ensemble de la communauté nationale de faire front contre la haine antisémite. J'ai également rappelé l'importance pour la justice française d'appliquer des peines suffisamment lourdes pour être dissuasives.

Il est des livres, comme une sève puissante, comme un volcan en éruption, comme le monde à portée de la main, comme la vie, qui remue de l’intérieur, qui secoue de l’intérieur et qui donne majestueusement à donner. Il est des livres que l'on veut lire et que l'on doit lire absolument.

 

Par Marc Lévy, avocat de la LICRA dans le procès de Reynald Leykens et délégué du Crif en Israel

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

"The strength of a Nation always lies in the the way it looks at its History and and its ability to teach it to future generations".

 

"La force d’une Nation réside toujours dans le regard qu’elle sait porter sur son histoire et sa capacité à l’enseigner aux générations suivantes."

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure. Et, il s'agit bien d'un meurtre antisémite.

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

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Il y a 81 ans le 25 février 1941 : la grève des travailleurs d’Amsterdam pour protester contre la persécution nazie des Juifs néerlandais

En 1940, après avoir rapidement vaincu la petite armée néerlandaise, l'Allemagne a occupé les Pays-Bas. Un mois seulement après le début de leur occupation, les autorités nazis ont commencé à mettre en place des mesures de persécution contre les Juifs hollandais. Les cafés et les restaurants ont été contraints d'afficher des pancartes « joden niet gewenscht » (« les Juifs sont indésirables »). A partir du début de l’année 1941, le parti fasciste local, le Nationaal-Socialistische Beweging in Nederland (Mouvement national-socialiste aux Pays-Bas, NSB) a envoyé sa milice, la Weerbaarheidsafdeling (WA), pour intimider et brutaliser les Juifs dans les différents quartiers d’Amsterdam, notamment à Jodenbuurt.

La création de groupes d’autodéfense chargés de protéger les Juifs

En réaction, des Néerlandais juifs et non juifs ont mis en place des groupes d’autodéfense « knokploegen » chargés de contrecarrer les actions menées par les membres antisémites du WA. De nombreux affrontements ont lieu. Le plus important a eu lieu le 11 février 1941où une bagarre particulièrement violente a abouti au décès d’un membre du WA. En guise de représailles, le 19 février, une unité du Sicherheitspolizei und Sicherheitsdienst (Sipo et SD), services de police allemands, a fait irruption dans un salon de thé-glacier nommé Koco, tenu par des immigrants juifs allemands, Alfred Kohn et Ernst Cahn. A leur grand surprise, les policiers allemands se sont heurtés à une grande résistance de la part d’un groupe de jeunes juifs car le salon de thé avait déjà fait l’objet d’attaques. Les Allemands ont été accueilli par des jets de gaz servant à fabriquer de l’eau de Seltz. Les deux propriétaires de Koco ont été aussitôt arrêtés. Le premier est mort en prison peu après son arrestation, le second sera fusillé le 3 mars. Le peloton d’exécution était commandé par l’Untersturmführer Klaus Barbie, le futur « Boucher de Lyon ».

De la rafle des Juifs d’Amsterdam au mouvement de grève

L’affaire du Koko est le prétexte d’une vaste rafle, le samedi 22 février, au Waterlooplein, un marché juif, et à la Jonas Daniël Meijerplein. 425 jeunes juifs ont été arrêtés et déportés dans les camps de concentration de Buchenwald et de Mauthausen. Seuls deux ont survécu. En guise de protestation face à ses arrestations, le lundi 24 février 1941, à 6 heures du soir, la direction du Parti Communiste des Pays-Bas a réuni des centaines de personnes en plein air sur la place Noordermarkt en pleine ville d’Amsterdam. Les dirigeants communistes ont appelé tous les Néerlandais à participer à une grève de protestation. Des tracts ont été imprimé « Staakt !!! Staakt !!! Staakt !!!” (Grève !!! Grève !!! Grève !!!). Le lendemain matin, le 25 février, les travailleurs les ont distribués dans toute la ville, en particulier aux portes des usines « pour montrer leur solidarité avec la partie juive de notre société qui a été si durement touchée ». Le mouvement de solidarité avec les Juifs connu par les Néerlandais sous le nom de « Februaristaking » a pris une ampleur particulièrement importante. Le mot d’ordre a été largement diffusé de bouche-à-oreille à l’ensemble des travailleurs d’Amsterdam. Les tramways ont interrompu leur service. Les dockers et les ouvriers des chantiers navals ont abandonné leur lieu de travail à Amsterdam Noord. Les services d’éboueurs, les entreprises métallurgiques, les grandes chaînes de magasins ont quitté leur travail. Les élèves ont déserté leurs salles de classe, tout comme les enseignants. Ce jour-là, des Néerlandais ordinaires, hommes, femmes et enfants ont exprimé leur opposition unanime face aux persécutions antisémites. Pour l’Occupant, la grève a été une surprise complète et elle s’est prolongée même le lendemain à Utrecht, Hilversum, dans le Kennemerland et dans la région du Zaan.  Au total on estime que pendant le « Februaristaking » près de 300 000 travailleurs néerlandais ont fait grève (ce qui est considérable si on considère que la population totale de la Hollande était inférieure à neuf millions).

Une répression impitoyable

Bien que prises au dépourvu, les autorités allemandes ont réagi avec brutalité et rapidité. Le 26 février, les Allemands ont tiré dans la foule et même lancé des grenades. Il y eut 9 morts et 45 blessés. La grève était finie. Au cours des jours qui ont suivi, le maire a été contraint de démissionner et de nombreux employés de la ville ont été licenciés. Des centaines de grévistes ont été arrêtés, incarcérés et maltraités, et particulièrement les communistes. Certains ont été déportés à Buchenwald et une poignée exécutée. Nous ne devons jamais oublier la Februaristaking qui est la première et la plus grande manifestation de masse contre les Nazis de toute l’Europe occupée. Cet événement unique est commémoré chaque année devant le monument au docker De Dokwerker – une statue située face à la synagogue portugaise sur la Jonas Daniël Meijerplein- une place du Jodenbuurt, l’ancien quartier juif d’Amsterdam.

statue

Ils n’ont pas fait grève pour du bien ou de l’argent,
Ni non plus pour un peu de pain ;
Ils ont fait grève contre la violence brutale ;
Ils ont fait grève pour les Juifs qu’on battait.
                         A. Den Doolaard (1941)