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Journée Internationale de commémoration en mémoire des victimes de la Shoah, au Camp des Milles
La journée commence avec une rencontre émouvante d’une trentaine de jeunes gens avec Herbert Traube évadé du dernier convoi parti des Milles vers Auschwitz le 10 septembre 1942. Ce dernier témoigne de la souffrance de son internement mais aussi de ses espoirs. Des adolescents à la fois impressionnés et admiratifs de la force de son engagement, après son évasion, au sein d’un réseau de résistance puis dans la Légion Etrangère et au cours de combats qu’il mène. L’implication et l’intérêt de ces jeunes montre que, sans nul doute, ce temps d’hommage et de transmission est plus que jamais ancré dans le présent.
Elle débute par le « Chant des Marais », chant des déportés, interprété par les élèves du Lycée Militaire d’Aix-en-Provence. C’est ensuite dans une grande émotion que les invités entendent la lecture des noms des enfants et adolescents juifs déportés vers Auschwitz-Birkenau où ils furent assassinés. Enumération tragique de ces parcours de vies brisées face au Wagon installé sur les lieux mêmes de la déportation à l’été 1942, de plus de 2 000 hommes, femmes et enfants juifs.
Herbert Traube, témoigne de son internement au camp : « On sent l’angoisse, la peur, l’incompréhension, la stupeur de voir les autorités que nous pensions être en droit de considérer comme nos protecteurs se conduire en auxiliaires de nos bourreaux ». Il témoigna « de son combat, après son évasion, pour la liberté, pour la restauration des valeurs qui sont les nôtres » comme soldat de la Légion Etrangère pour la libération de la France.
En écho à l’alerte d’Herbert Traube, Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Education, souligne : « A partir de la mémoire douloureuse des hommes, femmes et enfants juifs déportés et devant la montée des actes de violence antisémites et des risques pour notre démocratie, cette commémoration est un appel […]. Un appel à trouver en nous -mêmes la lucidité et la force des courages aujourd'hui nécessaires. […] Nous avons besoin désormais d'un véritable « courage de mémoire » pour mettre en œuvre les leçons vitales du passé, pour agir aujourd’hui contre la récurrence du mal ».
Bruno Benjamin, Président du Crif Marseille Provence rappelle ensuite ce que fut la Shoah, une « catastrophe unique par son ampleur, 6 millions d’hommes, de femmes et d’enfants exterminés parce que juifs », « un crime organisé, conçu à grande échelle, unique par sa méthode, bureaucratique et industrielle ». Il souligne que le « racisme a été l’élément majeur de tous les génocides ». Il rappelle que cette barbarie, « perpétrée au cœur de l’Europe par un régime abominable, trouva des complices en France, sous le gouvernement de Pétain » Et s’adressant aux jeunes gens présents à la cérémonie : « Jeunesse éprise de paix, donnez-vous la main, formez une grande chaine pour vaincre l’intolérance et le fanatisme ! ». Une interpellation qui résonne avec la lecture des noms des Justes ayant œuvré au Camp des Milles, montrant qu’il est possible d'agir au nom du vivre ensemble et des valeurs de justice, de tolérance et d’humanité.
Cette cérémonie a été diffusée en direct sur les réseaux sociaux pour permettre à tous ceux qui le souhaitaient de s’associer à ce temps de recueillement. Pour voir la cérémonie, cliquez ici.