Virginie Guedj-Bellaïche

Journaliste-Blogueuse

L'engagement n'est jamais vain

30 Juin 2015 | 461 vue(s)
Catégorie(s) :
Opinion
Portrait de Stéphanie Dassa
Documentaire Sauver Auschwitz
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23 Janvier 2017
Catégorie : Opinion

"Sauver Auschwitz ?" un documentaire diffusé le 24 janvier à 22h40 sur Arte 

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Il y a des rencontres qui vous structurent. Ma rencontre avec l’Uejf – qui a commencé avec un mauvais sandwich dans un local mal-aéré – fait partie de celles-là. J’avoue humblement que sur le coup je ne me suis pas vraiment rendue compte de ce qui se jouait pour moi. Emportée dans une vague irrésistible où se sont succédées des réunions politiques aussi enflammées que les pizzas qui nous accompagnaient étaient tièdes, des tractages dans le froid, des lectures de noms aux commémorations de la Shoah sans oublier les manifestations aux slogans dont la naïveté, nous fait aujourd’hui pouffer. A l’Uejf, j’ai appris mais surtout j’ai compris. Compris que finalement l’engagement était une nécessité, que la formation  ne passe pas seulement pas les savoirs, que l’action même si elle parait stérile sur le papier, n’est jamais vaine.

Je me souviens d’une campagne en milieu scolaire pour le souvenir de Ron Arad. J’ai préparé mon texte. Mes fiches sur des bristols de couleurs sont bien rangées. Je suis droite comme un i, mon discours est un peu raide, mon ton professoral sonne faux dans cette salle de classe de l’ORT de Montreuil où les élèves m’écoutent avec autant d’intérêt que si je leur présentait un plan épargne retraite. Nous sommes en 1997. J’ai 21 ans. Un grand type lève le doigt. « Mais madame, tout le monde sait qu’il est mort le mec, on fait quoi là ? ». Autant vous dire qu’à ce moment, j'aurais bien manger  mes fiches en pleurant. Je tente  de faire bonne figure. Le prof présent dans la classe n’est pas juif. Il décide de m’aider en leur faisant parler de leur rapport à Israël, de leur admiration pour Tsahal. Nous sommes à l’époque des doubonnes et des emblèmes des para de Tsahal qui se déclinent en pin’s et pendentifs.

A l’Uejf, j’ai appris à prendre la parole en public, à organiser un événement, à rameuter du monde pour une manifestation. On parle d’une époque où le réseau des téléphones portables en était à ses balbutiements. A l’Uejf, j’ai appris à accepter que quand on organise un goûter au local on réunit 60 personnes mais que pour un débat sur les élections universitaires on ne soit que 2 (dont moi).

Quand je pense à l’Uejf, je revois ….

·         Mes parents réfléchir avant de me laisser aller à la convention nationale à Strasbourg, organisée là pour participer à la manifestation monstre contre le Front national. « Mais non, maman, je te dis c’est pas dangereux »

·         Mes copines d’enfance me dire « mais attend t’y vas  juste pour trouver un mec rassure-nous ? »

·        La commission de contrôle compter et recompter les voix pour l’élection du président qui opposait Michaël Journo et Arnaud Burtin.

·         Les parties interminables de Trivial Poursuitoù on ne comprenait pas comme moi faisant des études d’histoire, je ne choisissais jamais les questions jaunes.

·         L’inscription « ISRAEL = SS » sur la porte du local de Nanterre qui sera le premier d’une longue série me dira mon successeur à la présidence de cette section.

·         Le flipper du café à côté du siège dans le XVe arrondissement

·         William Ramet éteindre les lumières dernières nous et nous intimer l’ordre de composer le 01 en vertu de la nouvelle numérotation en vigueur, « il parait qu’on est surfacturé sinon »

Quand je pense à l’Uejf, je eepense à Alexandre, Thomas, William, Noa, Michaël, Nicolas, Isabelle, Vanessa, Igal, Patrick, Benjamin, Clélia, Shira, Valérie, Flora, Yariv, Arnaud, Cyril, Itzhik, j’en oublie plein qu’ils me pardonnent. Comme le veut la formule de Patrick Bruel, « on est tous devenus quelqu’un dans son quartier ou plus loin ». On partage quelque chose d’indicible qui fait qu’à chaque fois qu’on se trouve on se serre dans les bras comme si on revenait de loin. A l’Uejf, j’ai rencontré des gens que je n’aurais jamais rencontré ailleurs, j’ai ouvert des portes, découvert d’autres chemins. J’ai appris à décryptr les luttes de pouvoir, les tractations internes, les coups de billards à trois bandes. A l'Uejf, j'ai vu des couples se former, des talents éclore, des carrières se dessiner, des clans se former, des amitiés se défaire. Après mon départ de l'association, j'ai vu de communiqué de presse en manifestations, la France changer, l'antisémitisme exploser, la parole se libérer. Mais j'ai aussi vu, les institutions s'organiser, la relève assurer les places que nous avions laisser vides pour voguer vers d'autres cieux, d'autres engagements. J’ai retrouvé ce quelque chose chez ceux qui nous ont suivi, Raphaël Haddad et Yonathan Arfi ou encore Arielle Schwab. 

L’Uejf a 70 ans.

C’est l’anniversaire d’une organisation mais aussi de tous ses militants. C'est l'anniversaire de tous ceux qui ont délaissé leurs chemins pour donner du sens à quelquechose de plus grand que leur destin personnel, leurs études, leurs loisirs. Mais c'est l'anniversaire de tous ceux qui ont pensé, pense et penseront à un moment donné que l'engagement n'était jamais vain.