Jean Pierre Allali

Membre du Bureau Exécutif du CRIF, Jean-Pierre Allali préside la Commission des Relations avec les Syndicats, les ONG et le Monde Associatif.

Lecture de Jean Pierre Allali - Phénoménologie de la chambre à gaz, de Didier Durmarque

23 Janvier 2019 | 314 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Il faut croire que certaines alertes ne veulent pas être entendues à temps

Souvent l’on oublie de parler d’eux

Au moins 128 morts à déplorer dans la vague d'attentats qui a frappé Paris vendredi 13 novembre

Portrait de Dov Maimon
Paradoxes de la politique israëlienne
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09 Novembre 2015
Catégorie : France

"A vos crayons citoyens, à la politique citoyens. Si nous voulons que les choses se fassent il va falloir que certains d’entre nous se bougent."

Tel Aviv sur Seine : succès sur les berges et sur le net, opération réussie !

Portrait de Virginie Guedj-Bellaïche
Le dialogue renoué
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29 Juillet 2015
Catégorie : France

Mars 2015, je suis à Bruxelles pour présenter mon livre écrit sous le pseudo de Sefwoman, « Je suis juive mais je me soigne ». Au fond de la salle, 3 garçons se marrent. Je parle de ma grand-mère et de service 98 pièces au liseré doré, de son refus de me parler de l’Algérie, des plats typiques, je les vois acquiescer. A la fin de la présentation, ils ont tous les trois le livre en main. « La dédicace c’est pour qui ? », « Ismaël ».

Célébrer le 14 juillet à Tel-Aviv – une occasion de célébrer la double appartenance culturelle et nationale sur un mode festif et joyeux.

12 juillet 1906, Alfred Dreyfus  est réhabilité par la cour de cassation de Rennes. C’était il y a 109 ans, autant dire une éternité.  

INTERNATIONAL - Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang, parce que l'Etat juif est (toujours) considéré et traité quelque part comme le Juif des Etats.
Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang, parce que l'Etat juif est (toujours) considéré et traité quelque part comme le Juif des Etats. Rappelons à ce sujet qu'une campagne BDS -pour Boycott-Désinvestissement-Sanctions- tente de s'implanter en France, en incitant à boycotter les personnes et les produits provenant de ce pays. Expliquons.


Artcile publié dans le Huffinghton Post http://www.huffingtonpost.fr/marc-knobel/boycott-produits-israeliens_b_7...

Un entretien entre Marc Knobel et Michaël de Saint Cheron, philosophe des religions.

Marc Knobel livre une analyse de l'opinion publique à l'égard de l'antisémitisme et d'autres sujets (avant et après les attentats de Janvier 2015).

Franck Guillory, journaliste, auteur et réalisateur de documentaires s'est rendu à Auswithz en Avril dernier, il nous raconte son expérience et ses souvenirs dans un article publié sur son blog.

Compte-rendu d'un magnifique livre de Benjamin Stora qui raconte son enfance juive à Constantine.

 

Des centaines de tombes ont été profanées au cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), dimanche 15 février 2015, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, dans un communiqué de presse

Neuf ans après l’assassinat d’Ilan Halimi, voici la « chronique d’une barbarie et de ses conséquences médiatiques, politiques et judiciaires »,  par Marc Knobel, historien, chercheur, directeur des Études du CRIF

 

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Opinion

Fausses rumeurs, photos ou vidéos truquées… les fausses informations, ou fake news, inondent le net. La désinformation va parfois plus loin, prenant la forme de théories à l’apparence scientifique.

L'exposition CHAGALL, LISSITZKY, MALÉVITCH...L'AVANT-GARDE RUSSE À VITEBSK (1918-1922) est à découvrir juqu'au 16 juillet 2018 au Centre Pompidou.

Scoop : l’appel au boycott est illégal en France

 

Et vous, comment définiriez-vous l’humour juif ?

Pour vous donner le goût des vacances, le Crif vous fait voyager et lance sur ses réseaux la campagne "Juifs du Monde". Ensemble, partons à la découverte des populations juives du monde, de leurs histoires et de leurs traditions. Aujourd’hui, embarquement immédiat pour Hong Kong !

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PHÉNOMÉNOLOGIE DE LA CHAMBRE À GAZ, La chambre à gaz comme métaphysique et nouveau Sinaï, de Didier Durmarque (*)

Nous avons déjà signalé à nos lecteurs combien la lecture des ouvrages de Didier Durmarque est ardue (1). Ardue, certes, mais très intéressante. Sa nouvelle étude ne déroge pas à ces spécificités. L’objectif annoncé de l’auteur est le suivant : « Il s’agit d’unir une vision historique de la Shoah, dont la nécessité est impérieuse, à une philosophie de la Shoah qui permet de faire de la Shoah un prisme de la modernité, tout en faisant de la chambre à gaz un objet philosophique ». Ou encore : «  Si la Shoah est le prisme de la modernité, elle n’aura pas dit l’essentiel d’elle-même si elle ne cherche pas à penser ce qui se joue dans la chambre à gaz, jouer au sens d’avoir lieu et de se jouer de nous, de tromper, de duper sur son être »

Et ceci : « Ce que nous cherchons à déterminer dans le présent essai, c’est le statut de la chambre à gaz comme objet spécifique indépendamment de la question du camp »

Au fil des pages, un langage clair et classique laisse parfois la place à des envolées philosophiques un peu absconses. Ainsi : « La chambre à gaz comme apparition sans apparaître »,  « La tension entre l’ontique et l’ontologique et l’idée d’une apparition sans apparaître », « la chambre à gaz est un objet dont l’essence cache son expérience » ou encore : « Tout se passe comme si la chambre à gaz apparaissait comme un Dasein inversé » et « L’énigme de l’essence de la technique est à mettre en relation avec le moyen essentiel du dévoilement de l’Être, à savoir le texte ».

Des précisions numériques effrayantes nous sont données ici et là : le nombre de chambres à gaz, par exemple : Belzec, 3 puis 6, Sobibor, 3 puis 4, 5 ou 6, Treblinka, 3 puis 6 ou 10, 3 à Maïdanek. « Il y eut environ trois millions de victimes par le gaz. Sur cinq camps d’extermination, il y eut trois révoltes… ». Il convient de la dire : « La chambre à gaz est une expérience négative de Dieu… »

À propos des « musulmans », ces détenus décharnés arrivés au bout de la résistance physique : En considérant le « musulman » comme symbole du camp, non seulement on dévalorise l’idée de témoin et de témoignage, mais on rend impossible la pensée philosophique d’une phénoménologie et d’une ontologie de la chambre à gaz ».

Des précisions intéressantes sont données sur le Porajmos,  le génocide méconnu des Tziganes et sur le rôle ingrat et terrifiant des sonderkommandos.

Dans sa monstration, Didier Dumarque cite abondamment certains auteurs : Jean-Claude Milner, dont la thèse est de considérer la chambre à gaz comme solution technique à la question juive, en combinant «  la chaîne industrielle, la taylorisation et l’architecture fonctionnelle, David Rousset, Georges Wellers, Raul Hilberg, Claude Lanzmann,  Primo Levi, Martin Heidegger, antisémite et nazi, dont la parole est devenue totalement inaudible, et Hannah Arendt dont les déclarations « confinent à l’abstraction et à la généralité abusives », Giorgio Agabmen , Philippe Ménard qui parle du « paradoxe de Birkenau » et de « l’engloutissement d’un monde entier », Moses Mendelsshohn, Hermann Cohen, Franz Rosenzweig, Maurice Blanchot, André Neher, Emmanuel Levinas, Tadeusz Borowski , Johann Chapoutot, Imre Kertész ( « Dieu est Auschwitz »), Rachel Ertel, Benny Lévy, André Chouraqui, Marc-Alain Ouaknin, pour tout ce qui concerne la pensée juive, le Talmud ou la Guématria et surtout Günther Anders pour son « Obsolescence de l’homme » et son « Nous, fils d’Eichmann ». Et d’autres encore…

Peu à peu, Didier Durmarque élargit ses considérations et, dans le sillage de la loi dite de Gabot, nous mène vers la perception inquiétante d’un totalitarisme technique qui, à l’avenir, risque de transformer le monde entier en un camp de concentration. Car « L’humanité serait capable de se détruire en restant en paix, par le truchement du réchauffement climatique, par le clonage et la prise en charge de la question de la vie et de la mort, en somme du biopolitique par la technique ».

En résumé, « Cette réponse est avènement d’une civilisation planétaire, où le monde va pouvoir se passer de l’homme ».

En fin d’ouvrage, une comparaison originale qui paraîtra osée à certains, est faite entre Shoah et Sinaï : « Plus que le livre d’Esther ou que celui d’Ézéchiel, il semble qu’il y ait un lien caché entre le Sinaï et la Shoah, entre le Sinaï et le passé qui ne passe pas de la chambre à gaz, de sorte que la chambre à gaz a été définie comme un nouveau Sinaï, non pas un Sinaï qui annule l’autre , mais un Sinaï qui le menace et cherche à le dissoudre ».

Ardu, donc, mais très intéressant.

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions L’Âge D’Homme. Septembre 2018. 168 pages. 17 €.

(1) A lire : PHILOSOPHIE DE LA SHOAH, de DIDIER DURMARQUE (*)