Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

#BlogDuCrif - Du mauvais usage de la Mémoire

12 Février 2018 | 274 vue(s)
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Actualité

Prix Nobel de littérature en 2002, l'écrivain hongrois Imre Kertèsz est mort à Budapest le 31 mars 2016. Son dernier livre, "L'ultime auberge" a reçu, le 22 mai 2016, le Prix Spécial du Jury 2016 du Salon du Livre de la Licra-Paris

Voici le discours que j'ai prononcé après le vote de l'assemblée générale du Crif.

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Lors du 9ème Salon du Livre de la Licra, deux écrivains ont reçu un prix

Là-bas, la crainte d'une menace russe est la principale raison qui exacerbe les passions identitaires.

 
Lors d’une allocution devant le Conseil de sécurité, Rafael Ramirez, représentant du Venezuela auprès des Nations-Unies, a lancé… « Qu’est-ce qu’Israël a l’intention de faire avec les Palestiniens ? Vont-ils disparaître ? Est-ce qu’Israël cherche à imposer une Solution finale sur les Palestiniens ? » 
 

Décryptage.

 

Des 27 avril au 10 juin 2016, se tiendront les journées nationales des Mémoires de la traite de l’esclavage et de l’abolition.  Souvenons-nous.

Nouvelle erreur de casting - Au lendemain de l'émission Dialogues Citoyens, retour sur Marwen Belkaid, un invité pas comme les autres.

Seuls, nous ne pouvons rien. Tous unis nous pouvons tout.

Seuls, nous ne pouvons rien. Tous unis nous pouvons tout.

Réaction à la célébration du 20ème anniversaire de la mort de François Mitterand

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A quelques jour de notre Convention Nationale j'ai répondu aux questions de Sara Mesnel pour L'Arche 

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Comment les réseaux sociaux sont passés de l'effroi à la solidarité sans précédent avec les telavivim

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On ne savait pas si le Président Andrzej Duda entérinerait la loi à propos de l’Institut de la Mémoire Nationale (IPN), mais sa signature faisait malheureusement peu de doutes. Un risque de trois ans de prison pour « toute personne qui attribuerait publiquement à la nation polonaise une responsabilité ou une complicité dans les crimes perpétrés par le IIIe Reich allemand », cela signifie  que les mots « camps d’extermination polonais » doivent être remplacés par « camps d’extermination nazis en Pologne », ce qui est une très bonne chose, car les Polonais n’ont pas eu de responsabilité dans la gestion de ces camps, quoi qu’en disent certains (Yair Lapid ….). Mais cela signifie aussi que la diffusion d’oeuvres mettant en cause « des »  Polonais (jamais je n’écrirai « les » Polonais) dans l’assassinat ou la spoliation de Juifs tombera sous le coup de la loi. Or nul ne peut contester ces faits sans mauvaise foi ; ils ont laissé chez les proches des victimes une empreinte indélébile. Pour ses partisans cette loi interdira d’insulter impunément une Pologne que son éthos national assimile à un Christ des Nations, un pays que ses voisins (les Allemands, les Russes…), ont essayé de supprimer ,  que les étrangers intérieurs (les Juifs, parfois les Ukrainiens…) ont rongé, et que les démocraties occidentales ont abandonné. Les luttes des Polonais pour leur liberté en ont fait une nation de héros . Jean Paul II leur a donné une connotation eschatologique et le père Maximilen Kolbe un modèle. Peu importait que ce dernier fût aussi un antisémite virulent.

C’est à cette construction mentale que s’est attaqué Jan Gross dans son livre « les Voisins » qui décrivait le massacre de la population juive du village de Jedwabne par leurs voisins polonais. Ce livre avait provoqué une intense polémique, renouvelée par son ouvrage ultérieur, la Peur (2006) qui traite de l’antisémitisme en Pologne dans l’après guerre. Quand le 10 juillet 2001 le Président Kwasniewski prononça à Jedwabne les regrets du pays, les optimistes pensaient que la Pologne entrait elle aussi dans l’analyse sans oeillères de son histoire, comme la France l’avait fait après les travaux de Paxton et de Klarsfeld. C’était compter sans les pesanteurs du passé, le ressentiment, la force des mythes, la prévalence du complotisme et l'utilité de leur manipulation politique. Et évidemment, la persistance d’un antisémitisme sans Juifs dans une large part de la population, notamment celle qui était accrochée aux émissions de Radio Marya.

L'arrivée au pouvoir du PiS en 2015 a considérablement alourdi la situation : l’Autre redevient suspect de s’en prendre à l’innocence consubstantielle de la population polonaise. Il ne s’agit pas uniquement d’antisémitisme, bien que l’antisémitisme s’exprime aujourd’hui de façon plus débridée que dans le passé et en particulier ces dernières semaines en réaction à la vague de protestations internationales contre la décision du Parlement, interprétée en Pologne comme une ingérence inadmissible. Le gouvernement déclare s’opposer à tout antisémitisme, le Premier Ministre Morawiecki parle volontiers de ses tantes juives. C’est un publicitaire juif anglais qui conseille le gouvernement sur la nécessité de mettre en avant la fraternité polono-juive.

Les très nombreux Justes des Nations (6700) sont mobilisés pour montrer que les Polonais se sont bien conduits pendant la guerre. Il leur fallait un courage effectivement admirable: plus de 600 polonais auraient été exécutés par les Allemands, parfois avec leur famille. Mais l’histoire consiste aussi à rappeler que parfois, ils ont été dénoncés par d’autres polonais. Certains historiens écrivent cette histoire sans concession. D’autres au contraire éludent toute responsabilité polonaise.

Il ne s’agit évidemment en aucun cas de complot, de malveillance anti-polonaise ou de vengeance. C’est en souvenir de la famille qui a caché mes parents, en hommage à Irena Sandler, Jan Karski, Wladyslaw Bartoszewski et tant d’autres polonais d’hier et j’en suis sûr d’aujourd’hui, qu’il convient de protester contre une loi qui va défigurer la Pologne. Une loi qui survient dans un contexte mondialisé de séquestration politique de la mémoire.

Richard Prasquier

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