Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Blog du Crif - Hommage à Claude Lanzmann, par Richard Prasquier

12 Juillet 2018 | 265 vue(s)
Catégorie(s) :
France

L'EI ne lésine pas sur les moyens et diffuse sur Internet sa propagande ignominieuse...

Souvent l’on oublie de parler d’eux

Il faut croire que certaines alertes ne veulent pas être entendues à temps

Au moins 128 morts à déplorer dans la vague d'attentats qui a frappé Paris vendredi 13 novembre

Portrait de Dov Maimon
Paradoxes de la politique israëlienne
|
09 Novembre 2015
Catégorie : France

"A vos crayons citoyens, à la politique citoyens. Si nous voulons que les choses se fassent il va falloir que certains d’entre nous se bougent."

Tel Aviv sur Seine : succès sur les berges et sur le net, opération réussie !

Portrait de Virginie Guedj-Bellaïche
Le dialogue renoué
|
29 Juillet 2015
Catégorie : France

Mars 2015, je suis à Bruxelles pour présenter mon livre écrit sous le pseudo de Sefwoman, « Je suis juive mais je me soigne ». Au fond de la salle, 3 garçons se marrent. Je parle de ma grand-mère et de service 98 pièces au liseré doré, de son refus de me parler de l’Algérie, des plats typiques, je les vois acquiescer. A la fin de la présentation, ils ont tous les trois le livre en main. « La dédicace c’est pour qui ? », « Ismaël ».

Célébrer le 14 juillet à Tel-Aviv – une occasion de célébrer la double appartenance culturelle et nationale sur un mode festif et joyeux.

12 juillet 1906, Alfred Dreyfus  est réhabilité par la cour de cassation de Rennes. C’était il y a 109 ans, autant dire une éternité.  

INTERNATIONAL - Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang, parce que l'Etat juif est (toujours) considéré et traité quelque part comme le Juif des Etats.
Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang, parce que l'Etat juif est (toujours) considéré et traité quelque part comme le Juif des Etats. Rappelons à ce sujet qu'une campagne BDS -pour Boycott-Désinvestissement-Sanctions- tente de s'implanter en France, en incitant à boycotter les personnes et les produits provenant de ce pays. Expliquons.


Artcile publié dans le Huffinghton Post http://www.huffingtonpost.fr/marc-knobel/boycott-produits-israeliens_b_7...

Un entretien entre Marc Knobel et Michaël de Saint Cheron, philosophe des religions.

Marc Knobel livre une analyse de l'opinion publique à l'égard de l'antisémitisme et d'autres sujets (avant et après les attentats de Janvier 2015).

Franck Guillory, journaliste, auteur et réalisateur de documentaires s'est rendu à Auswithz en Avril dernier, il nous raconte son expérience et ses souvenirs dans un article publié sur son blog.

Compte-rendu d'un magnifique livre de Benjamin Stora qui raconte son enfance juive à Constantine.

 

Des centaines de tombes ont été profanées au cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), dimanche 15 février 2015, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, dans un communiqué de presse

Pages

Actualité
"Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe…"
 

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure. Et, il s'agit bien d'un meurtre antisémite.

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

Portrait de Gil Taïeb
Nous sommes debout
|
03 Avril 2017
Catégorie : France, Actualité, Opinion

Samedi 1er avril place du Châtelet se sont réunies une centaine de membres du Collectif Boycott Israël

Francis Kalifat, the Crif President gave a speech at the annual Crif's dinner 2017. 

Le judaïsme indien est assez méconnu en France. Pourtant, il est d'une implantation millénaire. Il y avait environ 35 000 Juifs aux Indes lors de la création de l'État d'Israël

Johnny est malade. Oui, le grand Johnny. Lundi, la fille de Johnny Hallyday avait annoncé que son père souffrait d'un cancer avant de crier au piratage de son compte. Ce mercredi soir, c'est finalement le chanteur lui-même qui prend soin d'envoyer un mot sur Twitter pour rassurer ces fans. Si on lui a dépisté « des cellules cancéreuses » pour lesquelles il est « traité », il assure être confiant sur son suivi. "Mes jours ne sont pas aujourd'hui en danger, rappelle L’Express du 9 mars.

Cela paraîtra peut-être étrange à certains de mes lecteurs, mais j’aime Johnny, j’aime son timbre de voix, j’aime aussi certaines de ces chansons, je suis presque, presque un fan.

Pourquoi dans cette affaire, est-ce Bensoussan qui seul est poursuivi en justice et non pas simultanément Smaïn Laacher ?

 
"La culture est ce qui a fait de l'homme autre chose qu'un accident de l'univers", déclarait André Malraux. C'est pour toutes ses vertus que la culture est grande et qu'elle reste et doit rester un rempart contre l'obscurantisme, le racisme, l'antisémitisme et l'homophobie. De chaque création artistique doit jaillir une lumière. C'est à cela que doit aspirer chacun de ceux qui ont le bonheur de pouvoir créer ou d'interpréter une oeuvre. 

 

Pages

« Nous, les survivants, ne sommes pas les vrais témoins. C'est là une notion qui dérange, dont je n’ai pris conscience que récemment. Grâce à  l'habileté ou la chance, nous n’avons pas touché le fond. Ceux qui l'ont fait, qui ont vu la Gorgone, ne sont pas revenus pour raconter, mais ce sont eux, les engloutis, qui sont les témoins intégraux. Ils sont la règle, nous l'exception ».

Ce qu’écrivait Primo Levi dans son livre testament, les Naufragés et les Rescapés, paru en 1985, l’année même où Shoah sortait sur les écrans, c’était la conclusion à laquelle était arrivé Claude Lanzmann qui avait commencé son film douze ans auparavant. C’était aussi le titre du livre où il avait tout appris, la « Destruction des Juifs d’Europe », de Raul Hilberg. La vérité de l’histoire des Juifs pendant la guerre c’était l’histoire de la mort des plus nombreux et  non celle de la survie de quelques-uns.

Le regard de Méduse pétrifie celui qui le dévisage. Pour ne pas la voir en face, Persée l’a vaincue en l’observant au travers des rayons réfléchis par un miroir. Un chercheur, un historien, un survivant ne peuvent  rapporter qu’en fonction d’un prisme personnel, celui de leurs concepts, de leurs expériences ou de leurs émotions. Lanzmann s’était donné une mission impossible: représenter l’affrontement avec la Gorgone, montrer l’image du monstre. Cette image, c’est Shoah, nom  qu’il a pris à un hébreu dont il ne connaissait rien, nom qui l’avait frappé par sa brièveté et son opacité énigmatique et qui lui évitait l’usage du nom « Holocauste » aux insupportables réminiscences religieuses.

Lanzmann a dit que le film Shoah était la « chose » elle-même. Ce qui pouvait paraitre d’une insupportable outrecuidance, confondre le film avec l’événement qu’il décrit, (et quel événement!), doit se comprendre par cet effort à certains égards héroïque, de s’approcher au plus près de l’unicité pétrifiante, défiant toute explication, du crime le plus inouï de l’histoire humaine.

Pour y parvenir il ne fallait aucune complaisance; l’interrogateur Lanzmann en même temps en dedans et en dehors de cette histoire ( en dedans car il avait vécu les dangers d’être Juif, en dehors car il n’avait perdu aucun des siens), triturait ses interlocuteurs pour en faire jaillir des jets de vérité qui allaient au-delà des mots, alors qu’il ne se servait  que de mots. Il refusait en effet tout support d’archive ou tout accompagnement musical qui auraient risqué de manipuler l’émotion ou d’aplatir par le biais de la compassion la dureté insupportable de la description de la vérité. Lanzmann, qui fut dans sa jeunesse enseignant de philosophie, était un maïeuticien comme l’avait été Socrate, le fils de l’accoucheuse, qui extirpait la vérité dans l’âpreté de l’interrogation dialectique. Ce n’était pas un psychothérapeute cherchant à apaiser ses patients. Pour ceux qu’il interrogeait l’expérience était éprouvante, parfois presque inhumaine, mais le film Shoah, s’il n’a évidemment pas été un succès commercial s’est, de l’avis de tous, confirmé par sa rigueur et sa démesure même comme la représentation incontournable de ce qu’avait été l’extermination des Juifs.

L’histoire de la mémoire de ce qu’on n’appelait pas encore la Shoah avait été une suite d’esquives, comme la mise en exergue de l’héroïsme des déportés et des résistants, celles et ceux de Buchenwald et de Ravensbruck,  mais aussi de la révolte du ghetto de Varsovie, héros de peuples supposés avoir lutté unanimement pour leur liberté. Ce fut aussi le silence contraint et parfois d’ailleurs salvateur de ceux qui durent se reconstruire et dont la parole était inaudible pour leur entourage et plus encore pour le public. Ce fut la sécheresse des statistiques, ces millions de victimes dont le nombre à lui seul suscitait paradoxalement  moins de colère que l’image d’un seul enfant en pleurs. Ce fut plus tard le détournement inconscient par des auditeurs essayant de positiver les récits de survivants vers une confirmation de leur survie et donc une possibilité de conclusion heureuse, ou la surévaluation de l’action magnifique des Justes pour ne pas désespérer de l’humanité. Le livre le plus populaire, et de loin, de l’histoire de cette période est celui d’Anne Frank où la mort n’apparait qu’en filigranes très distanciés.  Enfin, si Auschwitz est devenu peu  peu le symbole de l’extermination des Juifs, c’est qu’il y a eu des survivants et qu’ils ont témoigné. Mais c’est depuis le film de Lanzmann qu’il est apparu au monde non spécialisé que les usines de mort  de Chelmno, Treblinka, Sobibor (auquel il a consacré un film), Belzec (le camp « parfait » sans révolte et en pratique sans survivant) étaient les chefs d’oeuvre de l’entreprise nazie, les trous noirs d’une humanité inhumaine qui comportait malheureusement beaucoup plus de convaincus, d’indifférents et de tolérants que les quelques criminels pendus après la guerre. Il n’y avait pas de consolation à une monstruosité pareille et Lanzmann rejetait les tentatives d’explications comme des masques à illusions. S’il était, on le sait,  intolérant, parfois injuste, il était  souvent  aussi d’une acuité d’analyse extraordinaire dans son désir d’aller à l’essentiel.

Il ne m’appartient pas de m’étendre sur l’ensemble de l’oeuvre et de la vie de Claude Lanzmann, cet homme qui aimait tant la vie qu’il continuait ses projets  jusqu’à ses derniers jours  et qui refusait de se laisser détruire par les atteintes de l’âge et les terribles douleurs familiales, dont celle de la mort de son fils Felix auquel tant de ses amis continuent  de penser avec émotion. Il ne m’appartient pas non plus de décrire sa place dans la vie intellectuelle du siècle passé dans notre pays. Mais il convient d’insister plus qu’on ne le fait d’habitude sur le lien permanent et fort à Israël de cet homme qui avait été plus que d’autres un militant actif de l’anti-impérialisme et dont toute la vie fut dominée par la volonté d’être lucide et de ne pas se plier au conformisme du politiquement correct.

Enfin s’il y avait Claude Lanzmann le lutteur, il y a eu aussi et peut-être surtout Claude Lanzmann, l’auteur non seulement de films mais aussi d’un chef d’oeuvre littéraire indiscutable, extraordinaire, sa biographie, le Lièvre de Patagonie.

Un jour qu’il était venu au Crif participer à un colloque, il est abordé par un inconnu. « M.Lanzmann, je viens de lire votre livre; il est, il est… très bien… ». La réponse fusilla évidemment le malheureux: « Très bien, c’est tout ce que vous trouvez à dire? Ça vous gêne de dire que c’est un chef d’oeuvre? ».

Claude Lanzmann n’était pas un modeste. Mais il y aurait eu de l’hypocrisie à ce qu’il le fût et il détestait l’hypocrisie plus que tout.

L'hommage à Claude Lanzmann de Richard PRASQUIER, publié dans Actualité Juive