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Depuis ce jour-là, les actions d’Israël ont été vues au travers du prisme offert par le reportage de France 2 qui a inspiré nombre de terroristes, d’actes antisémites et abouti à délégitimer l’État d’Israël.
Les répercussions du reportage de France 2, tant en ce qui concerne l’image d’Israël que l’attitude des médias occidentaux avec leurs correspondants locaux, continuent à se faire ressentir dans la couverture médiatique de la guerre que mène Israël contre les organisations terroristes.
En même temps, les enquêtes et les expertises ont prouvé que de nombreuses affirmations importantes du reportage de France 2 étaient fausses, et que les autres étaient plus que douteuses. Tandis que certains ont espéré qu’en mettant de côté ces images, le reportage sur Mohamed al Dura serait oublié et qu’il ne causerait plus de dégâts, il est devenu de plus en plus évident que ce ne serait pas le cas.
En raison de la persistance des conséquences dramatiques[1] liées à la diffusion du reportage al Dura, le Premier Ministre Benjamin Netanyahu a demandé au vice-premier ministre et ministre des Affaires stratégiques, M. Moshe Ya’alon, de mettre en place une commission gouvernementale chargée de réexaminer l’intégralité des éléments liés au reportage al Dura du 30 septembre 2000, les images elles-mêmes, mais aussi ce qui s’est passé par la suite, afin de fixer la position officielle de l’État d’Israël et d’en tirer les conclusions nécessaires. La commission, composée de représentants de plusieurs ministères, a aussi fait appel à des expertises extérieures[2].
Après avoir examiné de façon exhaustive les éléments liés à l’affaire al Dura, la commission a conclu que les faits rapportés dans le reportage de France 2 sont sans fondements. Contrairement à ce qui est affirmé dans le reportage, les images montrent clairement qu’à la fin des rushes de France 2, le garçon est vivant et qu’il bouge de façon délibérée et intentionnelle. Il n’y a aucune preuve que Jamal et le garçon aient été blessés. Il y a en revanche de nombreux éléments qui amènent à penser que les deux n’ont reçu aucune balle. Il n’y a aucune preuve que l’armée israélienne ait blessé Jamal et le garçon. De plus, l’analyse balistique montre que les impacts de balles sur le mur, retrouvés autour des al Dura, ne pouvaient venir de la position israélienne. L’absence de preuves permettant d’appuyer leurs accusations principales aurait dû être évidente pour France 2, avant même la diffusion de leur reportage. Néanmoins, les images ont été montées et commentées de façon à donner l’impression qu’elles soutenaient les accusations énoncée précédemment.
Avec le temps, des preuves supplémentaires ont été apportées qui confirment que le reportage sur Mohamed al Dura était trompeur. Des incohérences et des contradictions additionnelles ont été relevées dans le reportage dont presque chaque élément est apparu discutable. Les déclarations du caméraman de France 2, Talal Abu Rahma, se sont révélées souvent contradictoires et mensongères. En dépit de tout cela, France 2 et Charles Enderlin, leur correspondant à Jérusalem qui a commenté le reportage, ont refusé de reconnaître leurs erreurs. Bien au contraire, ils ont même réaffirmé leurs accusations initiales.
Il faut rappeler que, depuis novembre 2000, des sources officielles israéliennes ont constamment répété qu’Israël avait de gros doutes sur l’authenticité du reportage de France 2. Alors que juste après que les faits se sont déroulés, quelques officiels israéliens ont accepté la possibilité que des balles israéliennes aient pu toucher le garçon par accident (certainement pas de façon intentionnelle), d’autres déclarations officielles ultérieures, effectuées après des enquêtes plus complètes, rejetaient catégoriquement, ou considéraient comme hautement improbable, la version des faits donnée par France 2.
L’affaire al Dura est la preuve que les médias doivent s’appliquer à utiliser les plus hauts standards éthiques et professionnels lorsqu’ils couvrent des guerres asymétriques. Les médias internationaux doivent analyser de façon critique l’information fournie par leurs correspondants locaux, particulièrement dans des théâtres d’opérations où l’on a pu observer de nombreuses mises en scène et tentatives de manipulations des médias. Les médias doivent aussi reconnaître leurs erreurs et accepter d’être critiqués par ceux qui les observent. Compte tenu des preuves qui ont été mises à jour, France 2 aurait dû revenir sur ses accusations initiales et sur celles de son journaliste qui affirmait que Mohamed al Dura avait été la cible intentionnelle de tirs israéliens et qu’il était décédé dans le reportage. France 2 aurait dû s’excuser pour le montage trompeur qui a été diffusé et pour s’être basée, sans hésitation, sur le témoignage de son caméraman de Gaza.
Une autre leçon à tirer de l’affaire al Dura est que les pays qui respectent les règles de droit des conflits armés ne doivent pas rester silencieux face aux couvertures médiatiques mensongères et trompeuses. Les conséquences potentiellement dramatiques de telles manipulations montrent qu’elles doivent être combattues pour permettre à la vérité d’apparaître au grand jour. Les Etats doivent donc analyser sérieusement, et sans délai, les affirmations des médias afin de pouvoir présenter les résultats de leurs propres enquêtes.
Conclusion
Plus de douze ans après la diffusion du reportage de France 2 sur les al Dura, il est nécessaire de le corriger afin de réduire ses effets dévastateurs. De façon plus générale, l’affaire al Dura devrait alerter les médias et les journalistes qui couvrent le conflit israélo-arabe. Dans quasiment chaque conflit qui s’est déroulé depuis l’affaire al Dura - de l’opération « Bouclier de défense » (2002), en passant par la seconde guerre du Liban (2006) ou l’opération « Plomb durci » (2008-2009), « Pilier de défense » (2012) et l’affaire du Mavi Marmara (2010) – les mêmes phénomènes de manipulations médiatiques ont été observés de la part de médias occidentaux qui affirmaient qu’Israël attaquait délibérément les civils, et particulièrement les enfants. De nombreuses fois, des mises en scène et des accusations infondées ont été présentées comme des faits réels ; parfois de façon intentionnelle, d’autres fois par négligence. Alors que certaines informations ont été corrigées ultérieurement, elles ont néanmoins incité à la haine et au terrorisme tout en contribuant au processus de délégitimisation de l’État d’Israël. La plupart des informations trompeuses étaient dues aux correspondants locaux qui travaillaient pour des médias internationaux. L’affaire al Dura rappelle qu’il faut redoubler de prudence lorsque l’information reçue est en provenance de tels correspondants locaux qui ne sont pas toujours objectifs et qui, souvent, travaillent dans des environnements non-démocratiques.
Indépendamment du contexte israélien, l’affaire al Dura révèle les difficultés que rencontrent les médias occidentaux lorsqu’ils sont amenés à couvrir des guerres asymétriques. Les journalistes y sont des éléments essentiels de la bataille pour gagner l’opinion publique. De leur côté, les états non démocratiques et les entités non étatiques possèdent un avantage sur les démocraties en communiquant rapidement, sans avoir à vérifier l’authenticité de leurs déclarations. Les différentes pressions subies dans de telles situations imposent aux médias et aux journalistes d’être très rigoureux en vérifiant les informations et les images reçues, tout en séparant les faits des déclarations et en corrigeant leurs erreurs lorsqu’elles surviennent.
En même temps, l’affaire al Dura confirme que les pays qui respectent les lois internationales, tout en devant affronter des organisations terroristes, ne peuvent rester silencieux face à la diffusion de fausses informations. Les conséquences potentiellement dramatiques de tels reportages, à court-terme et à long-terme, montrent bien que nos démocraties ne peuvent espérer voir ces polémiques disparaitre d’elles-mêmes. Nous devons analyser précisément les affirmations des médias afin de présenter rapidement nos conclusions à l’opinion publique.
Nous espérons qu’en ayant présenté la position officielle de l’État d’Israël au sujet de l’affaire a Dura, en ayant décrit ses conséquences et implications, nous parviendrons à limiter une partie des dégâts causés par ce reportage mensonger et que nous éviterons que de tels incidents se reproduisent à l’avenir.