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Le succès de ce voyage a conforté Nicole Guedj dans l'idée que ce type de voyage contribue réellement à tisser des liens étroits entre Français et Israéliens
C'est à travers de multiples rencontres avec des responsables du ministère de l'Agriculture israélien, des fermiers dans de moshav ou de kibboutz, des chercheurs dans des centres de R&D, des visites dans des laiteries ou des serres avant-gardistes, que la délégation de haut niveau de 20 agriculteurs français a découvert les réalités de l'agriculture israélienne qui n'a d'autre choix que l'efficacité pour répondre aux défis auxquels elle doit et devra faire face. Actuellement ces défis ont pour nom sols semi-arides ou désertiques, pour la moitié du pays, manque d'eau, eaux saumâtres, recyclées ou dessalées. Demain il y aura le réchauffement climatique, un manque d'eau accru et des difficultés de plus en plus grandes pour parvenir à nourrir une population croissante. Défis partagés avec le reste du monde.
Le Centre Volcani
Israël a pu renaître dans un monde rural et agricole, comme le soulignait le ministre de l'agriculture israélien, Orit Noked lors d'un dîner offert à la délégation par l'Union des Fermiers Israéliens. Il faut souligner que des centres de recherche en agronomie furent établis très tôt dans ce qui était la Palestine mandataire. Comme le Centre Volcani établi en 1922. Il abrite, entre autres, une banque de semences de plantes rares, dont certaines sont mentionnées dans la Bible. Elles sont conservées dans des conditions de température et d'hygrométrie optimale et des tests de germination sont réalisés périodiquement pour en vérifier l'état. Certaines sont envoyées à Kew Gardens à Londres et dans une Banque de gènes en Norvège pour assurer leur conservation.
Des recherches en matière de production laitière, un secteur clef en Israël, sont menées également au Centre Volcani. Chaque vache de la laiterie expérimentale y est surveillée sur toutes les coutures par des capteurs reliés à des ordinateurs. Ils permettent de savoir comment et quand nourrir l'animal, s'il est en bonne santé ou pas, quelle quantité de lait il produit et la qualité de ce lait. Ce qui est important, même si, en Israël, à la différence de la France, le lait est acheté au même prix quelle que soit sa composition. Une très grande laiterie avec 900 vaches et 600 veaux, au kibboutz Tzora, était au programme des visites. Il y a en Israël 90 laiteries, les quatre plus grandes représentant 98 % du marché.
Le Centre de Recherche de l’Université Ben Gourion du Néguev
Autre centre de recherche, celui de l’Université Ben Gourion du Néguev. Où furent présentées des recherches portant sur la biotechnologie des plantes, la gestion de l'eau, de l'écologie, de l'élevage. Ou encore la culture de micro-algues, dont l'une, l'astaxanthine, produit un pigment rouge utilisé comme colorant naturel. Un produit qui se vend cher.
Des recherches sont faites pour rentabiliser la culture des micro-algues dans certains domaines. Et rompre le « triangle du conflit: eau / énergie /nourriture ». Les chercheurs ont souvent fait des études post-doctorales en Israël et dans d'autres pays comme les États-Unis. Leurs équipes sont composées de scientifiques ayant un doctorat ou de doctorants. Des projets sont menés avec des partenaires divers, tels que le CNRS.
Le Centre de Ramat Ha Néguev
Le troisième Centre visité a été celui de Ramat Ha Néguev où des variétés de plantes sont améliorées, rendues plus résistantes aux stress climatiques ou causés par la salinité de l'eau. Ainsi des tomates-cerises sont nourries d'eaux saumâtres ou de mélanges pour déterminer ce qui leur convient le mieux. Des expériences similaires sont conduites sur du riz, des cactus grimpants originaires d'Amérique du Sud. Le but étant toujours de produire mieux et plus, en tenant compte du rapport qualité prix de revient. Le crédo étant de « produire plus pour moins », et cela à tous les niveaux.
Autre aspect important : créer des produits permettant une réduction de l'utilisation des produits phytosanitaires qui sont, avec les engrais, une source de pollution des eaux superficielles et souterraines.
Kibboutz Magal, centre de recherche Netafim et irrigation au goutte-à-goutte, moshav Ashalim
Au Kibboutz Magal, une présentation a été faite du célèbre goutte à goutte inventé par Nefatim et permettant une irrigation rationnelle et maîtrisée et donc une économie d'eau appréciable. Avec visite de l'usine où des machines achetées principalement en Allemagne, mais adaptées comme cela est souvent le cas en Israël, sont utilisées.
La halte dans le désert du Néguev au moshav Ashalim où la délégation a découvert les maisons de sable construites par des étudiants de l’Université Ben Gourion qui y logent a été marquant. Cela a été une rencontre avec une jeunesse marchant dans les pas des pionniers, non loin de la tombe de Ben Gourion et de Sde Boker. Au petit matin on aperçut des bouquetins dans le kibboutz hôtel rappelant la frugalité des premiers temps d'Israël.
Les réalités d'Israël
Place a été faite aussi à la connaissance des réalités d'Israël de plusieurs manières. Avec un guide francophone décrivant les zones traversées, comme ces forêts de pins entièrement plantées par le KKL en terrain rocailleux, là où rien ne poussait auparavant, ou des vallées aux cultures luxuriantes installées à l'emplacement de marécages qui furent asséchés dans les premiers temps d'Israël. Il y eut un petit aperçu de la barrière de sécurité passant près de Kalkilya qui protège des attentats. Certains, étonnés, demandaient d'ailleurs où se trouvait « le mur »....
Mais il y eut aussi une visite de la Vielle Ville de Jérusalem, avec un arrêt à l’Église du Saint Sépulcre. Moment d'émotion pour les chrétiens de la délégation. Et un incident significatif lorsqu'un jeune vendeur du souk, étonnamment politisé, interpella des membres du groupe pour leur dire son opposition à Nicolas Sarkozy, qui, selon lui, prive les Français de liberté car à la remorque des États-Unis. Au cours d'un échange vigoureux avec la première vice-présidente de la FNSEA, il reprocha, entre autres, la guerre d'Algérie à la France...
Autre moment d'émotion partagée lors de la visite de Yad Vashem....
Graines de coopérations
Conquis, ayant vécu des moments très forts grâce à un voyage parfaitement organisé par l'équipe de la Fondation France Israël, les membres de la délégation ont imaginé de possibles coopérations avec leurs homologues israéliens. Sujet qui sera sans doute évoqué dans le cadre du Salon de l'Agriculture qui ouvrait au lendemain du retour des agriculteurs en France. Certains iront sans doute au Salon Agritech de mai prochain en Israël. Un voyage de jeunes agriculteurs est envisagé, ainsi qu'un voyage d'agriculteurs israéliens en France, à la découverte, notamment des fromages et des vins qui font l'excellence française.
Le succès de ce voyage a conforté Nicole Guedj dans l'idée que ce type de voyage contribue réellement à tisser des liens étroits entre Français et Israéliens qui se découvrent et s'apprécient. Il s'est avéré utile aussi pour contrer le boycott contre Israël trop souvent prôné, en France y compris.