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Publié le 11 Mars 2015

La Commission d’Etudes Politiques du CRIF a reçu Etienne Mougeotte

«Améliorer la formation des journalistes dépêchés en Israël en les sensibilisant sur les tenants et les aboutissants d’un conflit souvent méconnu»
 

La Commission d’Etudes Politiques du CRIF, présidée par le Professeur Raoul Ghozlan, a reçu le 27 novembre dernier Etienne Mougeotte, ancien vice-Président du groupe TF1 et ancien directeur de la rédaction du Figaro.
Etienne Mougeotte s’est exprimé sur le rôle joué par les médias français dans les relations internationales et plus particulièrement dans le traitement réservé au conflit israélo-palestinien.
Il a tout d’abord identifié trois facteurs qui façonnent aujourd’hui le système médiatique français :
- une révolution technologique inouïe qui provoque un enrichissement considérable du paysage médiatique (prolifération des blogs et des réseaux sociaux et naissance de nouveaux médias présents uniquement sur le web tels que le Huffington Post et Mediapart) ;
- des défis économiques dus au passage de la presse papier à la presse en ligne. En effet, la plupart des journaux proposent également une version numérique : certains d’entre eux auraient même un plus grand nombre d’abonnés numériques que d’abonnés papier (Le Monde, le New York Times, Financial Times) ; avec pour conséquence une perte de bénéfices publicitaires d’environ 80% (la publicité en ligne est très bon marché) ;
- une crise de l’éthique journalistique illustrée en partie par le non-respect de la règle non-écrite du « on » et du « off ». Autre exemple de cette crise de l’éthique journalistique : la chape de plomb qui s’est abattue sur l’affaire al-Durah, résultat de la solidarité corporatiste visant à préserver Charles Enderlin.
De plus, la couverture du conflit israélo-palestinien par les correspondants des quotidiens et télévisions français souffre de partialité. Le traitement de la reconnaissance de la Palestine, lui, a été biaisé. En effet, alors que les médias insistaient sur la nécessité de reconnaître l’Etat de Palestine, ils éludaient le réel problème de fond, à savoir l’opportunité de cette initiative. De plus, leur approche du sujet a cruellement manqué d’éléments de débat sur la question.
Par ailleurs, pourquoi les médias français traitent-ils le Hamas et le terrorisme islamique (EI, AQMI ou autres) de façons différentes ? Pourquoi deux poids deux mesures ?
Force est de constater qu’en quarante ans, l’opinion publique française, auparavant favorable à Israël, s’est inversée. Trois causes peuvent expliquer ce retournement : la Guerre des Six Jours dont Israël est sorti vainqueur, le sort des Palestiniens désormais perçus comme des victimes, et l’ambigüité autour du Hamas, mouvement à la fois terroriste et politique, considéré par certains comme un libérateur. 
Enfin, il serait souhaitable d’améliorer la formation des journalistes dépêchés en Israël en les sensibilisant sur les tenants et les aboutissants d’un conflit souvent méconnu. D’autre part, attirer l’attention sur des sujets autres que le conflit (culturels, médicaux ou technologiques) apporterait un regard différent sur Israël.