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Publié le 11 Février 2013

Gala d'Éva Sandler à la mémoire des disparus

 

Article de Pierre Assouline publié dans le n°1243 d’Actualité Juive du 7 février 2013

 

Alors que l'enquête sur le parcours de Mohammed Merah continue de susciter interrogations et rebondissements, les familles de ses victimes, elles, poursuivent leur combat pour continuer de vivre. Pour Éva Sandler, ce combat pour honorer la mémoire de ses deux enfants, de son mari et de Myriam Monsonego, passe par la création d'un kollel à Jérusalem. Et pour faire vivre celui-ci, un gala est organisé le 19 février 2013 aux Salons Vianey. 

 

On ne l'a pas beaucoup vue, Éva Sandler, à la télévision ou dans les journaux. Elle n'affectionne pas le devant de la scène. Malgré la déferlante de caméras et de micros qui a submergé Toulouse après le massacre par Mohammed Merah de trois soldats français, puis de Myriam Monsonego, et de trois membres de sa famille, Éva Sandler s'est tenue un peu à l'écart. Son premier discours public, et le seul, fut prononcé à l'école Ozar ha-Torah de Toulouse lors de la visite du président François Hollande et du Premier ministre Benyamin Netanyahou. Éva Sandler enseignait dans cette école, tout comme son mari. Ses enfants y étaient scolarisés. Un de ses collègues se souvenait alors: « Nous étions tous en larmes, c'était le soir même du drame, et c'est Éva Sandler, la main sur le cercueil de son mari qui nous disait : "tenez bon !" ».

 

Avec une certaine discrétion, pour tenir bon, mais aussi comme elle le dit « pour continuer à faire vivre mon mari à travers l'étude de la Torah », elle a décidé de donner suite à la demande d'un proche, le rav Marciano : ouvrir un kollel à Jérusalem, au nom de la famille Sandler : le beith Sandler. De fait ce kollel a déjà vu le jour, il y a quelques mois, dans le quartier hiérosolymitain de Kyriat Yovel, rue Zangwill, là où la famille Sandler s'était installée les premières années de leur mariage. Là, ils ont connu d'autres francophones, devenus ensuite des amis et, comme s'ils avaient la constitution d'institutions dans le sang ils décident de se réunir en communauté. Pour cela il leur faut un local pour créer un beth haknesset. Ils adressent donc une demande écrite à la mairie de Jérusalem qui ne donne pas suite. Entre-temps, Jonathan Sandler décide de retourner à Toulouse avec sa famille.

 

Une ville qu'il connaît pour y avoir passé cinq années spécialement enrichissantes, de la troisième à la fac. « Il voulait rendre ce qu'il avait reçu de Ozar haTorah, explique Éva Sandler. Il était comme ça, il aimait transmettre le judaïsme. Il pensait que c'était égoïste de garder cette richesse sans la partager ». Il contribuait à la revue Kountrass dans laquelle il a écrit toute une série de commentaires sur la paracha de la semaine. « Il aimait mêler les matières : la pensée juive, et les réflexions contemporaines par exemple, pour transmettre une Torah très vivante » explique Éva. Huit mois après leur installation, Mohammed Merah frappe. Les dépouilles de la famille Sandler sont acheminées en Israël pour être enterrées à Jérusalem. Lors des chiva (prière des sept jours après l'enterrement), Meïr Barkat, maire de Jérusalem, fait le déplacement, et se met à disposition d'Éva si elle a besoin d'un soutien quelconque. Elle a toujours en tête l'idée de ce beth haknesset, et lui demande un local qui portera le nom des disparus. Il deviendra finalement un kollel francophone dirigé par les rabbins Shwob et Sellam. Jérusalem offre un miklat, un abri, pas très grand certes, mais assez pour accueillir 70 personnes à shabbat, et plus d'une quinzaine de kollelman la semaine. Ils suivent un cycle de deux ans, sanctionné par un diplôme de rabbanout. Mais un kollel coûte de l'argent : un salaire par étudiant, plus quelques autres frais. Éva Sandler, accompagnée de sa soeur pour seule équipe, contacte des proches, se tourne vers quelques personnes qui lui avaient témoigné de la sympathie. Elles réunissent assez d'argent pour assurer les finances du Beth Sandler de Souccot dernier à Pourim prochain. Depuis, les caisses se vident beaucoup plus vite qu'elles ne se remplissent. Les dons n'ont qu'une vie. L'institution d'études a besoin d'un versement régulier. « Même s'il n'est pas important dit-elle, 26 euros par mois par exemple, si le nombre de donateurs est suffisant le kollel à la mémoire de mon mari et de mes deux fils pourra tenir ». Pour réunir ce financement, il faut faire du bruit, sensibiliser la communauté française meurtrie par l'attentat, certes à une autre échelle que les Sandler et les Monsonego, mais profondément touchée pourtant. Éva Sandler pense et espère que ce projet de kollel les touchera à la mesure de leur choc. Elle a aussi espéré bien sûr que tous ceux qui lui avaient sincèrement promis un soutien répondront présents. Ce ne fut pas toujours le cas, ce qui causa chez elle un certain trouble. Peut-être ont-ils oublié ? Peut-être est-ce le projet ? Quoi qu'il en soit d'autres portes sont bien restées ouvertes. L'agence juive par exemple, et Pierre Besnainou, dont elle se souvient « de l'aide généreuse ». Elle espère maintenant que tout le monde répondra présent à l'appel du gala du 19 février.

 

Pierre Assouline

 

Au départ l'idée a un air simple, organiser un gala ! Mais très vite le projet prend des proportions plus imposantes. Éva Sandler, qui dit d'elle-même qu'elle ne connaît personne, se demande comment faire venir des personnalités, mettre en place le déroulement de la soirée. « Mais il faut qu'on se lance », dit-elle. Elle monte une équipe restreinte : elle, sa sœur, et Yohan Perez qui apporte l'aide logistique nécessaire. Ainsi au gala seront présents le grand rabbin d'Israël Chlomo Amar (sous réserve), le Grand Rabbin de France Gilles Bernheim, le grand .rabbin Joseph-Halin Sitruk et le rabbin David Pinto. Le père de Jonathan Sandler sera également présent ainsi que des personnalités politiques et communautaires.

 

Mardi 19 février 2013 aux Salons Vianey à 19h30. Sur réservations uniquement au 06.19.84.85.39