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Publié le 22 Juillet 2013

Contre « la stigmatisation » de la viande casher

Suite aux conclusions de la mission sénatoriale, -lancée dans la foulée du scandale de l'hiver dernier sur les lasagnes au cheval-, présentées jeudi 18 juillet par la rapporteure Sylvie Goy-Chavent (UDI), le président du consistoire central Joël Mergui s'est indigné d'une nouvelle "stigmatisation" de la filière casher. 

Dans la mesure où la viande casher se distingue déjà par un marquage spécifique, étiqueter un morceau non casher en le distinguant des autres par une mention, qui précise qu’il a fait l’objet d’un rejet de la filière casher est en soi une stigmatisation

La communauté juive s'inquiète de l'une des  recommandations de ce rapport qui prévoit l'instauration d'un "étiquetage obligatoire du mode d'abattage selon des modalités non stigmatisantes", visant de fait les modes d'abattage sans étourdissement, pratiqués par les juifs et les musulmans.  "Des experts de l'Inra nous ont dit que l'agonie d'un bovin pouvait durer jusqu'à 14 minutes, d'où la nécessité d'instaurer un étiquetage précisant le mode d'abattage", a précisé la sénatrice UDI de l'Ain. Les communautés juive et musulmane contestent la souffrance de l'animal si l'égorgement est pratiqué par un sacrificateur bien formé.

 

Mais au delà des craintes sur la "liberté de culte" mises en avant par M. Mergui, la communauté juive, dont "les consommateurs représentent moins de 0,8% des Français", s'inquiète surtout des effets économiques d'un étiquetage particulier. Plus d'un tiers de chaque carcasse d'animaux tués pour la filière casher terminent en effet dans la filière traditionnelle car jugés impropres à la consommation des pratiquants.

 

C'est l'étiquetage de cette partie qui ajouterait selon M. Mergui un effet "stigmatisant", le consommateur lambda ne souhaitant peut-être pas contribuer à ce type d'abattage. "Dans la mesure où la viande casher se distingue déjà par un marquage spécifique, étiqueter un morceau non casher en le distinguant des autres par une mention, qui précise qu’il a fait l’objet d’un rejet de la filière casher est en soi une stigmatisation qui accréditerait le préjugé que les juifs seraient les êtres cruels dénoncés par les manifestants polonais". Le parlement polonais vient de confirmer l'interdiction de l'abattage rituel dans le pays, une décision condamnée par Israël.

 

Stéphanie Le Bars

 

Source : Le Monde