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Publié le 18 Septembre 2015

Attaque du supermarché Hyper Cacher : un otage raconte l'horreur

L'un des otages du supermarché casher de la porte de Vincennes, joint par «Libération», raconte les circonstances de l'attaque...

Par Dominique Albertini, publié dans Libération le 11 janvier 2015 
Nessim Cohen et sa compagne Marie D. (prénoms modifiés à leur demande) , âgés tous les deux de 37 ans, faisaient partie des otages retenus vendredi par Amedy Coulibaly dans l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Au cours d'un entretien téléphonique d'une quarantaine de minutes, Nessim Cohen nous a livré son témoignage de la séquestration. La prise d'otages a fait quatre morts parmi les clients du magasin: Yoav Hattab, Philippe Braham, Yohan Cohen et François-Michel Saada. Elle s'est achevée avec la mort du preneur d'otages, tué dans l'assaut du Raid. Ce dernier est également le principal suspect du meurtre à Montrouge, jeudi, d'une jeune policière municipale.
«Ce vendredi, je me suis rendu avec ma compagne pour faire quelques petites courses avant la fermeture du magasin. Il y avait pas mal de monde aux caisses et dans les rayons. Soudain, j’ai entendu une très forte détonation. Pratiquant le tir sportif, j’ai immédiatement pensé à un coup de feu. Des gens ont foncé vers le fond du magasin ; mon amie et moi les avons suivis, descendant dans la réserve qui donne elle-même sur une chambre froide. Nous nous y sommes retrouvés à une petite dizaine, avec des femmes et un enfant. Au bout de cinq minutes, une employée du magasin est descendue : elle nous a dit que si nous ne remontions pas, le terroriste allait tuer tous les gens qui restaient là-haut.
«Ma copine et moi avons pris notre courage à deux mains et décidé de monter. Un autre jeune nous a suivis. Nous arrivons dans le magasin, et ce dernier s’aperçoit que Coulibaly a posé l’une de ses kalachnikovs sur un carton près de lui. Il s’en empare et tente de tirer sur le terroriste. Je me cache derrière un rayon et entends une détonation. Lorsque je regarde à nouveau, je vois le jeune à terre. Coulibaly nous dit : "Regardez ce qui vient d’arriver à celui qui a essayé de se défendre." Je me suis ensuite rendu compte que trois autres personnes avaient été abattues : il y en avait une près de l’entrée du magasin, deux autres au niveau des caisses.
«L’un d’entre elles était encore en train de suffoquer. Coulibaly nous a demandé : "Est-ce que vous voulez que je l’achève ?" On a répondu que non, alors il n’a rien fait. Au bout d’une demi-heure, la personne n’a plus fait de bruit. Quant à nous, nous étions 17 dans le magasin, plus les quelques personnes qui étaient restées en bas.
«Coulibaly nous a demandé de coucher des caddies au sol, pour que les femmes puissent s’asseoir. Il a demandé à la caissière s’il restait du monde en bas. Elle est allée vérifier, et d’autres personnes sont remontées. Coulibaly n’est jamais descendu lui-même : il savait sans doute que, s’il le faisait, nous pourrions bloquer la porte derrière lui. Il m’a demandé d’arracher les caméras de surveillance du magasin, puis de barricader la porte de secours, à l’arrière du magasin. Je me suis rendu compte qu’il avait une caméra GoPro sur lui et un ordinateur : il a sorti la carte mémoire de la caméra, l’a mise dans l’ordinateur et a semblé manipuler ses images sur l’écran.
«Coulibaly a vu que je regardais ses mitraillettes et il m’a dit : "Tu as vu, je suis bien armé". Il avait deux kalachnikovs, deux pistolets automatiques, un treillis et un couteau. J’ai aussi aperçu des bâtons de dynamite dans son sac... Lire l'intégralité.