Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Qui se préoccupe du Haut Karabagh

05 October 2023 | 78 vue(s)
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Actualité

Il y a six ans (ndlr. : cet article a été rédigé en mars 2018), en mars 2012, à Montauban et Toulouse, sept vies ont été fauchées par un terroriste islamique, donc je me refuse à rappeler le nom.

Le 33ème Dîner du Crif a eu lieu mercredi 7 mars 2018.

Au théâtre de l'Atelier, Le livre de ma mère réveille les souvenirs et sublime la relation la plus sincère qui est donnée à l'homme de connaître.

Vendredi 23 février, j'ai rencontré Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France.

La première djihadiste française capturée à Mossoul par les forces irakiennes en juillet 2017, Mélina Boughedir, a été condamnée, lundi 19 février, à sept mois de prison pour l’entrée illégale en Irak. La cour pénale de Bagdad a ordonné la remise en liberté et l’expulsion en France de la jeune femme de 27 ans, sa peine étant couverte par sa détention préventive, rapporte Le Monde du 19 février. Qui sont ces femmes désintégrées, déstructurées et aveuglées par la propagande développée par les djihadistes et qui ont été des proies faciles. C'est ainsi qu'elles se sont déshumanisées et ont participé à cette orgie barbare et moyenâgeuse qu’est le djihadisme.

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"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

Dans leur numéro de janvier, le magazine Youpi, destiné aux enfants de 5 à 8 ans, a clairement laissé entendre à ses jeunes lecteurs qu' "Israel n'était pas un vrai pays".

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Opinion

Depuis plusieurs années, le cinéma international ne cesse de plébisciter les cinéastes iraniens. Asghar Farhadi en est l’exemple même. Cependant, certains réalisateurs n’ont pas la chance d’être autant ovationnés.

Pour leur cinéma engagé, frontal et dénonciateur du pouvoir politique et du régime iranien, grand nombre de réalisateurs iraniens ont été, pour les plus chanceux, contraint à l’exil, tandis que d’autres en détention, subissent le triste sort réservé aux prisonniers iraniens.

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L’offensive sur le Haut-Karabagh a été un plein succès pour l’Azerbaïdjan. Elle a entraîné plusieurs centaines de morts du côté arménien, surtout des civils. Asphyxiée depuis avril par le blocus du corridor de Latchine, l’enclave ne pouvait pas résister. Les Russes, l’allié historique, étaient aux abonnés absents quand le corridor a été bloqué, alors qu’ils étaient les garants de l’accord de novembre 2020 par lequel, à la suite d’une guerre de quarante-quatre jours, le Karabagh vaincu avait déjà perdu une partie de son territoire. L’Arménie était trop faible et son chef de gouvernement, qui va rencontrer à Grenade le Président azéri avait lui-même déjà reconnu la souveraineté azérie sur le Haut-Karabagh, dont le sort est scellé. Ses habitants – ils étaient 120 000, beaucoup sont déjà partis depuis 2020 – quittent une région où leurs ancêtres étaient installés il y a des milliers d’années. 

 

Pourquoi une enclave arménienne dans un territoire azéri ? Un sous-produit de la politique des nationalités de l’URSS. Lorsque en 1922, celle-ci créa une République de Transcaucasie associant Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan (qui deviendront des Républiques en 1936), le Karabagh, majoritairement Arménien, fut incorporé à l’Azerbaïdjan. À l’époque, il était malvenu de rappeler des conflits ethniques, le marxisme scientifique devant éliminer ces reliquats du passé. Mais les souvenirs étaient frais, et ils étaient terribles : en 1920, un dirigeant azéri avait déclenché des massacres qui ont culminé avec le pogrome de Shousha, la capitale historique du Karabagh, qui fit plusieurs milliers de victimes arméniennes. 

 

La mémoire des atrocités associée aux discriminations subies par les Arméniens dans la République d’Azerbaïdjan ont provoqué, quand l’URSS s’est disloquée, une révolte des populations arméniennes du Haut-Karabagh soutenues par l’Arménie nouvellement indépendante. Celle-ci remporta une guerre longue (1991-1994) et violente : près de 10 000 morts du côté arménien et 400 000 réfugiés, plus de 20 000 morts et 800 000 réfugiés du côté azéri. Le Haut-Karabagh vécut sous administration arménienne. Son indépendance, sous le nom de Artsakh, ne fut pas reconnue internationalement et les dirigeants azéris juraient de la faire disparaître. Ils viennent d’y arriver. 

 

Poids du passé, absence de protection, abîmes religieux et linguistiques, tous les Karabaghsi qui le pourront vont partir. Il s’agit de l’exil volontaire d’une population, avec ce qu’a d’ambigu le terme de « volontaire » quand l’exil est provoqué par la peur, ou à tout le moins la pensée qu’il n’y pas d’avenir dans la nouvelle donne politique. Depuis un siècle, il y a eu de nombreux exodes de populations qui ont abouti à une épuration ethnique : celui des Grecs d’Asie Mineure, des Allemands de Pologne de l’Ouest, des Juifs d’Afrique du Nord en sont des exemples, alors que la mémoire collective n’a retenu que les Palestiniens pour les raisons que l’on sait. Mais le mot « génocide », qui vient à juste titre à l’esprit s’agissant d’Arméniens n’a pas sa place – pour l’instant, disent les pessimistes. 

 

Ce n’est pas en Azerbaïdjan, alors sous domination russe, qu’a eu lieu le génocide où à partir de 1915 les deux tiers des Arméniens ont été massacrés, anéantissant la présence arménienne dans son foyer historique autour du lac de Van, en Turquie orientale. En revanche la négation du génocide par les autorités azéries et turques est analogue, à quoi s’associe chez les premiers une volonté de réécrire l’histoire et de gommer les apports culturels et historiques de l’Arménie au profit d’une « Albanie » caucasienne largement fantasmée.

 

Sur le plan géopolitique, l’Arménie n’est pas l’Ukraine et aucun État ne bougera, comme d’ailleurs aucun État n’aurait bougé si les plans de Poutine d’opération éclair à Kiev avaient réussi. Certains, et peut-être en Arménie même, considèreront in petto qu’une épine est retirée et que les relations entre les deux États pourraient s’engager sous de meilleurs auspices. Beaucoup concluront que dans un monde où dominent les rapports de force, la faiblesse est une faute. Pour les Arméniens, c’est l’angoisse à l’idée des futurs projets des Turcs et des Azéris : constituer une unité territoriale en reliant au travers de l’Arménie le Nakhitchevan à l’Azerbaïdjan ? Élimination de l’entité arménienne, maintenant que son allié russe l’a abandonnée ? L’Europe compte pour rien et les États-Unis n’interviendront pas, surtout si Trump est élu.

 

Quant à Israël, il pense qu’il ne peut se donner le luxe de la sensibilité émotionnelle quand l’alliance avec l’un des deux pays (l’Azerbaïdjan) est nécessaire à sa lutte existentielle contre l’Iran.

 

Pour les Juifs, que faire d’autre que d’apporter notre solidarité d’individus aux réfugiés du Karabagh ? Les Arméniens, ce sont des frères de mémoire…

 

Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif

 

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