Yonathan Arfi

Président du Crif, un militant juif et citoyen

Cérémonie du souvenir Yizkor à la mémoire des victimes de la Shoah à Bagneux - Discours du Président du Crif

26 September 2023 | 95 vue(s)
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Réaction à la célébration du 20ème anniversaire de la mort de François Mitterand

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Les femmes, Daech et le Djihad
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19 November 2015
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« Une femme retranchée dans l’appartement, qui a activé son gilet explosif au début de l’assaut, est morte »

Vendredi soir en l'espace de moins d'une heure, la France a connu le plus grave attentat jamais perpétré sur son territoire. En l’espace d’une trentaine de minutes, des terroristes ont attaqué la capitale à 7 endroits avec une minutie et une détermination macabres. 129 morts, 350 blessés dont 100 dans un état très grave. Les chiffres donnent le tournis. Moins de 48 heures après cette nuit d’horreur, n’en déplaise à certains, il est juste le temps de pleurer.

Des visages sur nos morts
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14 November 2015
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Les réseaux sociaux se sont mobilisés pour retrouver les personnes portées disparues, ceux dont nous n’avions pas de nouvelles. Les Amis, les familles, les anonymes partagent descriptions, photos et espoir.

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#JeNaiPasPeur
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14 October 2015
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8H30. Au moment où les employés de la mairie qui font la circulation rangent leurs gilets jaunes, dans les classes, les écoliers ouvrent livres et cahiers. Alors que les hommes sortent de l’office du matin, croisant ceux qui distribuent l’édition du jour du quotidien Israël Hayom, les lycéens patientent à l’arrêt de bus, smartphone en main. Si le rideau de fer des boutiques est encore fermé pour une demi-heure, le cafetier lui prépare déjà son 17e café afour. Voilà à quoi ressemble la vie matinale à Raanana, petite ville près de Tel-Aviv. Et puis hier, mardi, tout a basculé.

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13 October 2015
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Il est temps d'affirmer haut et fort que les islamistes veulent tuer des juifs !

Réaction suite à la nomination de l'Arabie Saoudite au Conseil des Droits de L'Homme.

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12 August 2015
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La ville blanche sera à l'honneur demain sur les berges de Paris Plage

Un bébé palestinien a été brûlé vif et ses parents ont été grièvement blessés vendredi lorsque des extremistes israéliens ont mis le feu à leur maison en Cisjordanie.
Un acte abominable , Israel doit prendre toutes les mesures nécessaires afin d'éliminer le terrorisme juif.
 

Iran's Ayatollahs were behind the bloody attack that hit the Jewish community center in Buenos Aires in 1994 that killed 84 and injured 230.

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À l'occasion de la cérémonie annuelle du souvenir Yizkor à la mémoire des victimes de la Shoah au cimetière de Bagneux, le Président du Crif a prononcé un discours, le dimanche 24 septembre 2023. 

 

***

 

Chers amis,

 

On dit souvent des Juifs qu'ils sont des « bâtisseurs du temps », comme le rabbin américain Abraham Heschel l’avait popularisé dans son livre du même nom.

 

C’est là toute la différence entre Athènes et Jérusalem : les Grecs ont bâti dans l'espace, les Juifs dans le temps.

 

Alors que les Grecs ont apporté au monde l’idée d’un temps cyclique et répétitif, dans lequel l’homme se trouve soumis à son destin, où rien ne peut empêcher le tragique de l’emporter parfois, pour les Juifs, le temps est linéaire. Chaque jour est une nouvelle possibilité d’action. Chaque année, une promesse de renouveau. Le renouvellement prend le pas sur le recommencement. Le calendrier se répète mais il n’est jamais deux fois le même, car l’homme est libre de le recréer à l’aide de son libre-arbitre.

 

Dans ce temps qui bouge, qui progresse, qui se renouvelle sans cesse, où tout peut à la fois se construire et se détruire, quelle est la place de la Mémoire ? Comment la Mémoire, en particulier la Mémoire de la Shoah, peut-elle trouver sa place, elle qui incarne précisément cette part immobile et figée du passé, celle qu’on ne peut ni changer, ni effacer.

 

Je crois que notre cérémonie de ce matin peut nous donner matière à y réfléchir.

 

Chaque année, à l’initiative de Farband, nous nous retrouvons ici pour honorer le souvenir des victimes de la Shoah, au même endroit, à la même période de l’année. Le nom que porte cette cérémonie n’est pas anodin. Quelques heures avant Kippour, que nous évoque Yizkor ? Yizkor, « qu’il se souvienne », est la prière aux défunts récitée en fin d’après-midi, alors que la fin du jeûne approche. Quand la prière atteint son paroxysme dans les synagogues, Yizkor vient interrompre la ferveur collective en imposant à tous un temps d’arrêt, un temps de silence. C’est de ce temps d’arrêt, de cette pause contrainte, qu’émerge un espace propice au souvenir. Dans le flux des événements, il est une nécessité de savoir s’arrêter pour pouvoir prendre le temps du souvenir.

 

À l’heure où disparaissent les témoins, je voudrais rendre hommage à ceux qui nous ont quittés cette année, parmi lesquels Isabelle Choko et Léo Klein.

À l’heure où certains jeunes nous disent ne jamais avoir entendu parler de la Shoah, à l’heure où certains voudraient tenter de minimiser le génocide nazi en imposant une forme de concurrence mémorielle, ces temps d’arrêt et de souvenir nous apparaissent essentiels.

 

Dans un célèbre passage de La nuit, Elie Wiesel disait : « L'oubli signifierait danger et insulte. Oublier les morts serait les tuer une deuxième fois. Et si, les tueurs et leurs complices exceptés, nul n’est responsable de leur première mort, nous le sommes de la seconde ».

Pour Elie Wiesel, l’oubli provient avant tout du silence. « J'ai juré de ne jamais me taire quand des êtres humains endurent la souffrance et l'humiliation, où que ce soit, disait-il. Nous devons toujours prendre parti. La neutralité aide l'oppresseur, jamais la victime. Le silence encourage le persécuteur, jamais le persécuté ».

 

Chers amis, ne négligeons jamais le pouvoir de mots quand il s’agit d’agir ou de se souvenir : c’est par la parole que le survivant raconte, par la parole que le professeur enseigne, par la parole que le témoin transmet.

C’est par la parole aussi que l’on dénonce, pour faire en sorte de maintenir l’honneur des victimes face à ceux qui tenteraient de le bafouer, de rétablir la vérité face à ceux qui tenteraient de la remettre en question, ou de ne pas reproduire les erreurs du passé.

 

Chers amis,

 

La parole, outil puissant capable de lutter contre l’indifférence, l’oubli ou la manipulation, peut aussi être à double tranchant. Certains ne le savent que trop bien. Les mots fabriquent la paix autant qu’ils peuvent fabriquer la haine. Si la parole peut réparer, c’est également par elle que le danger nous guette.

 

Ces mots qui blessent, ce sont récemment les déclarations de Medine, l’intervention de Pierre Hillard chez Civitas ou les interviews de Dieudonné.

Ce sont aussi les mots de dirigeants internationaux, des Comores à la Tunisie, de la Russie à Mahmoud Abbas, toujours aussi coutumier du négationnisme.

Ces mots qui blessent, c’est aussi la parole décomplexée de l’antisémitisme et de toutes les formes de haine, qu’il courre sur les réseaux sociaux ou qu’il exprime sa violence dans la rue.

 

Oui, les mots ont une portée. Et dans ce flot de paroles, je crois qu’il ne faut pas sous-estimer les vertus que peut avoir le silence. Kippour est là pour nous le rappeler, car c’est aussi pour certains le temps d’un autre jeûne, celui de la parole, qui nous rappelle l’importance de savoir peser nos mots.

 

Pour cette année 5784 qui s’ouvre, souhaitons-nous collectivement de trouver le juste équilibre entre une parole qui mobilise et un silence qui apaise.

 

Yonathan Arfi, Président du Crif