Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Bibi et Lula, frères ennemis ?

03 November 2022 | 187 vue(s)
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Actualité

Il y a six ans (ndlr. : cet article a été rédigé en mars 2018), en mars 2012, à Montauban et Toulouse, sept vies ont été fauchées par un terroriste islamique, donc je me refuse à rappeler le nom.

Le 33ème Dîner du Crif a eu lieu mercredi 7 mars 2018.

Au théâtre de l'Atelier, Le livre de ma mère réveille les souvenirs et sublime la relation la plus sincère qui est donnée à l'homme de connaître.

Vendredi 23 février, j'ai rencontré Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France.

La première djihadiste française capturée à Mossoul par les forces irakiennes en juillet 2017, Mélina Boughedir, a été condamnée, lundi 19 février, à sept mois de prison pour l’entrée illégale en Irak. La cour pénale de Bagdad a ordonné la remise en liberté et l’expulsion en France de la jeune femme de 27 ans, sa peine étant couverte par sa détention préventive, rapporte Le Monde du 19 février. Qui sont ces femmes désintégrées, déstructurées et aveuglées par la propagande développée par les djihadistes et qui ont été des proies faciles. C'est ainsi qu'elles se sont déshumanisées et ont participé à cette orgie barbare et moyenâgeuse qu’est le djihadisme.

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"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

Dans leur numéro de janvier, le magazine Youpi, destiné aux enfants de 5 à 8 ans, a clairement laissé entendre à ses jeunes lecteurs qu' "Israel n'était pas un vrai pays".

"Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe…"
 

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

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Opinion

L'historien Laurent Joly publie un nouvel éclairage sur la collaboration de la France occupée à la déportation des juifs. Une œuvre magistrale.

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Dans deux pays qui me sont chers à titre personnel, des élections ont eu lieu cette semaine: l’une au Brésil avec 156 millions d’électeurs, l’autre en Israël qui en a impliqué 25 fois moins. Elles n’ont rien à voir l’une avec l’autre, mais les deux vainqueurs  ont pourtant quelques similitudes…

Luiz Inácio Lula da Silva et Benjamin Netanyahu sont  connus dans le monde entier comme Lula et Bibi. Appeler par un surnom est fréquent pour les artistes, Prince, Bjork, Madonna et bien d’autres, les athlètes, comme un autre Brésilien, Edson Arantes do Nascimento dit Pelé, ou les écrivains,Molière, Voltaire ou Stendhal, mais le mononyme, comme disent les linguistes, est exceptionnel chez les hommes politiques, soit parce que c’est un terme affectueux que les adversaires veulent évidemment éviter, soit parce que le respect pour la fonction interdit le diminutif.

La généralisation de ceux de Lula et de Bibi indique qu’ils sont devenus des produits de consommation courante.

Il y a de quoi, d’ailleurs. Personne,  sauf des rois ou des dictateurs, n’est resté en ce siècle aussi longtemps que ces deux là au premier rang de la scène politique nationale. Lula parvient au second tour de la présidentielle de 1989, est battu en 92 et 96, gagne celles de 2002 et 2006, n’a pas le droit de se présenter en 2018 et gagne en  2022. Bibi représente Israel à l’ONU en 1984, est Premier ministre en 96, quitte la vie politique en 99, devient Ministre des Affaires Etrangères puis des Finances entre 2002 et 2005, et de nouveau Premier Ministre entre 2009 et 2021.

Tous deux ont été considérés comme politiquement finis, l’un a fait de la prison, l’autre en a été  menacé.

Lula, condamné   pour corruption à neuf ans et demi , puis  en appel à 12 ans de prison, y  a passé 20 mois, dans le courant de l’énorme enquête appelée Lava Jato au Brésil. Sa condamnation a été annulée en 2021, la Cour Suprême ayant considéré que le juge Sergio Moro avait agi avec partialité, mais le fond de l’affaire n’a pas été réglé.

Quant à Bibi, beaucoup d’observateurs pensaient que les accusations dans trois affaires de corruption lancées contre lui en 2016, la même année que commençait la procédure contre Lula, allaient sonner le glas de sa carrière .

Il n’en est rien, comme on le voit, et pas seulement parce que son allié Itamar Ben Gvir annonce qu’il fera une proposition de loi pour annuler le procès en cours. Une interférence aussi manifeste dans le cours de la justice serait contre-productive, d’autant que les volte-faces de l’ancien Directeur du Ministère des Communications, Shlomo Folber dans le plus grave des dossiers, celui qui a trait aux pressions exercées sur le site d’information Walla! ont augmenté la probabilité d’un acquittement.

Ainsi ressuscitent deux hommes d’une ténacité inhabituelle, qui sont convaincus d’être les seuls à même de réussir leur mission, lutter contre la pauvreté pour le Brésilien, assurer la sécurité de son pays pour l’Israélien.

Leurs électeurs votent pour eux parce qu’ils savent ce qu’ils ont fait et d’où ils viennent. Lula parce que cireur de chaussures puis ouvrier métallo, il sait ce qu’est être pauvre, Bibi, parce qu’il fut un membre éminent de la Sayeret Matkal, parce qu’il est le frère du héros de Entebbe et parce qu’il a défendu Israël devant tous les grands et les moins grands de ce monde.

Tribuns charismatiques, leaders cabossés, ils ont des personnalités clivantes, un facteur qui conduit à voter contre un candidat plutôt que pour un autre.

Mais au Brésil, le président sortant Bolsonaro est encore plus polarisant que Lula. En  Israël, en revanche, un autre repoussoir a été  l’inquiétude à voir un parti arabe accéder au gouvernement, qui a amené certains électeurs à voter  Netanyahu par ricochet.

Au Brésil s’est coagulée ainsi une coalition disparate de « tout sauf Bolsonaro ». Elle a gagné, moins facilement d’ailleurs que ne le prédisaient les sondages.

En Israël à l’inverse,  le bloc  autour de Bibi, incluant une extrême droite jusque-là infréquentable, l’a emporté,, de peu également en termes de voix, contre des partis anti-Netanyahu éparpillés, dont certains, comme prévisible, ne passent pas la barre des 3,25%.

Au total, les deux vétérans ont chacun gagné leur pari, mais tout  oppose  les deux hommes et le message de soutien de Benjamin Netanyahu à Jaïr Bolsonaro, dont l’épouse a voté avec un tee shirt aux couleurs d’Israël, ne va pas améliorer leurs relations.

Lula,  qui a promis de gouverner au centre, reste quand même un militant anti impérialiste fondamentalement hostile à l’ordre américain. S’il a été le premier chef d’Etat brésilien à visiter Israël, il  avait  refusé d’aller sur la tombe de Herzl et à sa place a déposé, keffieh sur le cou, une gerbe sur celle de Arafat à Ramallah. Espérons   qu’il ne cédera pas aux tentations d’une alliance mélenchono-vénézolano-poutino-palestino-iranienne.

Quant à Bibi, je reste confiant que sa lucidité et son habileté sauront  empêcher chez ses inquiétants partenaires toute tentative de faire dériver la précieuse démocratie israélienne vers une mainmise théologique catastrophique et contraire à l’enseignement de son maitre en sionisme, Zeev Jabotinsky...

Richard Prasquier