Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Blog du Crif - Journée commémorative de la Shoah

27 January 2022 | 82 vue(s)
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Actualité

 

"For the union makes us strong" : car l'union nous rend forts, Solidarity forever, Peter Seegers

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En 2005, les Nations Unies ont choisi le 27 janvier pour commémorer les victimes de ce que le monde anglo-saxon appelle l’Holocauste et nous la Shoah. Le 27 janvier 1945 fut le jour de  la libération du camp d’Auschwitz. Libération, terme abusif, car les troupes soviétiques sont arrivées dans un camp presque vide, dont les survivants encore valides étaient en train de périr par milliers dans les terribles marches de la mort.

C’était il y a 77 ans. C’est l’âge des plus jeunes parmi les survivants de la Shoah, dans leur définition la plus large, qui inclut tous ceux qui ont été exposés au nazisme, soit qu’ils aient vécu dans un pays dominé par les nazis, soit qu’ils aient fui ces pays depuis 1933.

Ils sont 165 000 en Israël, dont 20% ont plus de 90 ans et autour de 35 000 en France, dont une grande partie ont survécu en Afrique du Nord. 10% d’entre eux sont morts l’an dernier, ils ont souvent été des cibles du coronavirus.

Beaucoup moins nombreux sont les survivants des camps de concentration. Parmi eux Raphael Esrail nous a quittés cette semaine. Président de l’Union des Déportés d’Auschwitz, cet homme admirable avait  jusqu’à ses derniers instants voué son énergie à la mémoire de la Shoah. Il sera enterré  auprès de son épouse dont la figure illumine son témoignage émouvant et précis, l’Espérance d’un baiser.

La journée de commémoration de l’Holocauste survient dans un contexte géopolitique très inquiétant: l’Ukraine, la Chine et bien entendu le nucléaire iranien.

C’est néanmoins une bonne nouvelle que l’adoption par consensus le 20 janvier par l’Assemblée Générale des Nations Unies d’une résolution présentée par Israël et l’Allemagne, qui pointe comme négationnistes diverses distorsions de la Shoah telles que la sous-estimation du nombre de victimes. Le seul pays qui ait protesté est l’Iran, sous prétexte que la référence à la Shoah sert pour le pseudo-état sioniste de blanc-seing pour mener sa politique inhumaine à l’égard du peuple Palestinien.

Ce discours qui prospère impunément dans le monde a ses variantes bien connues: « La vraie Shoah, c’est la Neqba » ou, en plus intellectuel et plus vicieux, « Comment se fait-il que les victimes d’un génocide soient devenues les auteurs d’un nouveau génocide? ».

Pour la France, le dossier que viennent de publier, avec l’IFOP, Fondapol et l’American Jewish Committee, confirme que la détestation d’Israël est le moteur le plus important d’un antisémitisme dont chacun, depuis le Secrétaire Général de l’ONU jusqu’au citoyen lambda, s’accorde à noter l’inquiétante progression dans le monde. L’enquête révèle en outre que l’antisémitisme est sous évalué, car les victimes ne portent pas plainte dans 80% des cas, et aussi parce que ceux qui redoutent d’être des cibles ont mis en place des procédures d’évitement: changer d’école, changer de résidence ou de pays, retirer les signes distinctifs, ne pas faire état de son judaisme, etc…C’est essentiellement du fait de l’israélophobie que beaucoup de Juifs ne se considèrent plus comme des citoyens suffisamment protégés par la loi de notre pays, alors même que cette loi réprouve totalement l’antisémitisme.

Or, cela fait plus de vingt ans que cela dure. Les territoires perdus de la République n’ont fait que s’étendre et l’omerta des bien pensants sur l’antisémitisme des populations dites opprimées vient de trouver une double illustration, en France dans le déni de justice sur Sara Halimi et dans le monde anglo-saxon avec les articles de la BBC et du New York Times qui nient contre toute évidence que le preneur d’otages de la synagogue au Texas ait eu un mobile antisémite. Cela me rappelle les contorsions intellectuelles après les attentats de Toulouse, il y a bientôt dix ans.

L’organisation Euro-Palestine soutient toujours ce qui peut nuire à Israël et notamment le boycott de la compagnie Teva, qui l’a attaquée en justice. Dans le procès en appel qui aura lieu à Lyon cet après-midi, nous verrons si prétendre sans preuve qu’Israël empêche la population palestinienne de se soigner relève de la liberté d’expression ou de la diffamation. Un arrêt de la Cour Européenne des Droits de l’Homme risque de donner un prétexte pour remettre en cause la législation française sur l’appel au boycott.

La liberté d’expression ne doit pas servir de paravent à la haine. En cette année anniversaire de la mort de Molière, les tartuffes n’ont pas disparu, mais ils ont changé de visage.

Richard Prasquier