Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Blog du Crif - L'affaire Mila

09 June 2021 | 141 vue(s)
Catégorie(s) :
France

La semaine dernière, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) proposait dans sa newsletter et sur ses réseaux sociaux un contenu qui a fait polémique.

Mon discours prononcé au dîner du Crif Grenoble-Dauphiné, le 22 octobre 2017.

Mon discours à la cérémonie d'hommage aux Juifs engagés volontaires qui s'est tenue le 15 octobre 2017 au cimétière de Bagneux.

Dans ce courrier, j'ai félicité Audrey Azoulay pour son élection. J'ai également attiré son attention sur les positions récentes de l'Unesco sur Jérusalem et commente les relations passées de l'organisation avec le Crif.

Mardi 10 octobre 2017, j'ai été reçu par le Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères pour un long tour d'horizon.

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#BlogDuCrif - Devoir de mémoire
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20 September 2017
Catégorie : France

Il y a 76 ans, le 15 décembre 1941, 69 hommes ont été fusillés au Fort du Mont Valérien à Suresnes, dans les Hauts de Seine par les autorités d’occupations allemandes. Ces hommes, français et étrangers, furent arrêtés par les forces de polices françaises de la Préfecture de police du département de la Seine (à l’époque).

Je vais vous raconter l’histoire de Moritz Singer, mon oncle, le frère de ma mère, un de ces fusillés.

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

"Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe…"
 

 

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Actualité

Dimanche 13 janvier 2019, le Crif a organisé un voyage de mémoire à Auschwitz-Birkenau. Ensemble, au cours de cette journée, nous avons honoré le devoir de mémoire qui nous incombe et sommes devenus les témoins des témoins.

L'historien Laurent Joly publie un nouvel éclairage sur la collaboration de la France occupée à la déportation des juifs. Une œuvre magistrale.

Le Crif souhaite un prompt rétablissement à Jean-Pierre Allali suite à son récent accident et espère le retrouver très vite en pleine forme.

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Opinion

Bienvenue sur le blog La Chronique (pas tès casher) de Raphaela ! Sur ce blog, Raphaela vous propose ses billets d'humeur sur tout ce qui l'entoure, l'émeut, la touche, la fait rire et la révolte. Et elle a des choses à vous dire...

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On ne sait pas si le procès Mila reprendra le 21 juin. Ce jour-là le Tribunal fera savoir s’il transmet ou non le dossier à la Cour de Cassation pour une Question prioritaire de Constitutionnalité, QPC, portant sur la loi sur le cyberharcèlement de 2018, dite loi Schiappa, QPC soulevée par l’avocat d’un prévenu. S’il le fait, le procès sera repoussé.

C’est la première fois peut-être qu’apparaissent à visage presque découvert, comme si les masques du Covid étaient la métaphore de l’anonymat du web, des cyber harceleurs qui déversaient des immondices en croyant  jouer sans risque les justiciers. Manque de chance, les services de police sont devenus plus efficaces. Ils ont remonté la filière du pseudonymat et Tweeter a dû obtempérer. Quant à son propre contrôle, c’était une passoire.

Le remarquable livre de Marc Knobel sur la Cyberhaine décrit la triste vie du modérateur  de réseau social. Mais puisque la loi Avia a été retoquée par le Conseil Constitutionnel, lorsque l’auto-modération est déficiente seule la lourde  procédure judiciaire de la loi Schiappa permet de lutter contre le harcèlement numérique, malheureusement en  décalage avec  la sidérante vélocité des réseaux.

Certains disent que la suppression de l’anonymat serait attentatoire à la liberté d’expression. En fait, c’est dans les démocraties que la controverse a lieu, là où l’anonymat sert à agresser sans assumer de responsabilité. Dans les dictatures où l’anonymat permet  d’informer, le régime ne prend de gants ni pour traquer les internautes rebelles, ni pour réglementer les réseaux à sa merci.

Un florilège des tweets qu’a reçus Mila -100 000, d’après son avocat, Richard Malka - soulève littéralement le coeur, par l’obscénité du langage et le sadisme des appels au meurtre. Faut-il minimiser ces tweets, comme le prétend  l’avocat d’un des prévenus sous prétexte que c’est ainsi que les jeunes s’expriment aujourd’hui ? Cette résignation est au coeur des démissions de notre société. Démission éducative, démission morale, démission judiciaire: jamais la transmission intergénérationnelle ne s’est effectuée aussi mal qu’aujourd’hui, avec un mélange de fatalisme, de laxisme et d’angélisme. Éduquer  les enfants aux bonnes pratiques du net est un impératif capital; ce combat est peut-être perdu d’avance mais y met-on l’énergie indispensable? Je ne crois pas.

La différence entre la critique des croyances et la critique des hommes qui ont ces croyances est à la base de la laïcité à la française . Il y a d’autres  sociétés que la nôtre, avec d’autres règles mais c’est notre loi et ceux qui la rejettent doivent changer de pays. Mila avait insulté  le Dieu que vénèrent les Musulmans. Ses paroles étaient répugnantes, mais elles n’étaient pas illégales car elles ne menaçaient aucun être humain.

Enseigner  cette loi est une tache  impérative, car la pensée critique en dépend. Mais ce n’est pas une tache facile.  Il faut expliquer pourquoi Houellebecq, qui avait écrit « l’Islam, c’est la religion la plus con » a été relaxé, alors que Dieudonné qui avait dit « les Juifs c’est une secte » a été condamné. L’un visait une abstraction, l’autre des individus. Dans une société où chez les jeunes le mot de respect fait bon ménage avec la violence la plus crue, il faut enseigner que le respect se doit aux hommes et pas à leurs croyances.

Au demeurant, il ne faut pas se faire d’illusion: la carence éducative est en grande partie due à la peur. C’est l’intimidation qui entrave les enseignants  et qui renvoie souvent les administrations de contrôle à un « surtout pas de vagues » qu’on a vu à l’oeuvre dans l’histoire de Mila. Les ombres qui planent sur la jeune fille, ce sont moins celle de Samuel Paty, tant que la police la protège, que celles de Salman Rushdie, de Robert Redeker, de Riss, dont la vie fut pourrie après qu’ils eurent suscité la colère des islamistes. En revanche, si vous traitez Jésus de pédé, comme un humoriste l’a fait récemment à la radio, vous n’aurez pas besoin de protection  policière.

 

Richard Prasquier