Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Blog du Crif - Réflexions sur le Covid

08 April 2021 | 27 vue(s)
Catégorie(s) :
Opinion

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

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Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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En France on arrive à 100 000 victimes et le confinement a repris. En Israël, 5 personnes en moyenne meurent du Covid chaque jour. Il y en avait près de 100 à la fin du mois de janvier.

Les images nous font chaud au coeur comme sionistes mais nous attristent car le pays de Pasteur, le nôtre, n’a jusqu’ici vacciné complètement que moins de 5% de sa population. Ne pas confondre vitesse et précipitation disait le Ministre de la Santé : la phrase figurera au bêtisier du Covid, car un jour de retard de vaccination, c’est 350 morts de plus en moyenne.

On défend mal le vaccin Astra Zeneca, indispensable à la campagne vaccinale. Si le risque de thromboses vasculaires était avéré, il serait 100 fois moins élevé qu’une prise d’oestrogènes chez la femme pour des raisons anticonceptionnelles, que personne ne songerait à interdire. Le principe de précaution a dérivé vers l’exigence de risque zéro. Mais mettre ceinture et bretelles pousse à faire mal ce que l’on fait. A ce compte-là nous serions restés au Moyen Age médical. La science avance en  s’appuyant sur des études comparatives rigoureuses et la pratique médicale est un choix rationnel entre efficacité et risque. C’est inaudible dans une population biberonnée au soupçon et au relativisme. S’il vous plaît vaccinez-vous  avec ce que l’on vous proposera. N’attendez pas.  J’ai commencé ma carrière professionnelle, il y a longtemps, comme chef de clinique en réanimation infectieuse, je sais ce qu’est une détresse respiratoire et je sais lire la littérature spécialisée, la seule qui compte. Vaccinez-vous!

Un virus, c’est une machinerie qui n’a qu’un objectif, utiliser l'équipement biologique d'un porteur pour l'amener à  reproduire son propre programme génétique. Un virus doit circuler d’un porteur à l’autre pour esquiver les défenses du porteur le plus ancien.  L’empêcher de circuler, c’est le supprimer. La phrase « les virus se moquent des frontières » appartient aussi au bêtisier Covid. Si le porteur ne traverse pas la frontière, le virus ne le fera pas. 

Taiwan, Singapour, Vietnam, Nouvelle Zélande, Corée du Sud ou Thaïlande, n’ont eu que quelques dizaines de décès dus au Covid. La plupart de ces pays avait connu le Sars en 2003 et ils s’étaient préparés à une épidémie. Ils ont fermé immédiatement leurs frontières. La discipline de la population,  la distanciation sociale, le port du masque ont fait le reste, avec une organisation de santé publique qui a permis le traçage rétroactif, à savoir l’isolement des cas déclencheurs et pas seulement des cas contacts. Ainsi la trajectoire virale de la 31e malade en Corée du Sud, la plus célèbre supercontaminatrice de la pandémie, a été entièrement pistée. La contamination avait eu lieu dans un rassemblement évangélique. En février 2020 on pouvait ne pas savoir. Maintenant jouer avec la sécurité dans un événement religieux, ou ailleurs, relève de la mise en danger de la vie d’autrui. Contrairement au traçage rétroactif, le traçage prospectif utilisé chez nous, mollement, est un fiasco qu'on pouvait prévoir

Quant à Israël, qui va bientôt entamer la vaccination des enfants, il compte sur le vaccin pour couper la circulation virale et obtenir l’immunité de groupe. Ce serait un résultat magnifique. La décision en juillet dernier de miser aussi fort sur un vaccin innovant à ARN messager fut visionnaire . On peut se demander quel rôle a joué le passé d’officier de commando d’élite qu’était Benjamin Netanyahu, formé à prendre vite une décision risquée mais aussi rationnelle que possible dans des circonstances extravagantes. Toutes choses qu’on n’enseigne peut-être pas à Bruxelles ou à l’ENA.

La France est malheureusement encore très loin de l’immunité collective. Les vaccinations sauvent actuellement des vies, mais affectent de façon encore insignifiante la circulation virale, ce d’autant que les personnes âgées ont moins de contacts sociaux que les jeunes. Alors, il faut bien confiner…

RIchard Prasquier

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