Bruno Benjamin

Président du Crif Marseille Provence

Blog du Crif - Ne mêlons pas la Shoah à des polémiques

06 April 2021 | 142 vue(s)
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Actualité

Il y a six ans (ndlr. : cet article a été rédigé en mars 2018), en mars 2012, à Montauban et Toulouse, sept vies ont été fauchées par un terroriste islamique, donc je me refuse à rappeler le nom.

Le 33ème Dîner du Crif a eu lieu mercredi 7 mars 2018.

Au théâtre de l'Atelier, Le livre de ma mère réveille les souvenirs et sublime la relation la plus sincère qui est donnée à l'homme de connaître.

Vendredi 23 février, j'ai rencontré Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France.

La première djihadiste française capturée à Mossoul par les forces irakiennes en juillet 2017, Mélina Boughedir, a été condamnée, lundi 19 février, à sept mois de prison pour l’entrée illégale en Irak. La cour pénale de Bagdad a ordonné la remise en liberté et l’expulsion en France de la jeune femme de 27 ans, sa peine étant couverte par sa détention préventive, rapporte Le Monde du 19 février. Qui sont ces femmes désintégrées, déstructurées et aveuglées par la propagande développée par les djihadistes et qui ont été des proies faciles. C'est ainsi qu'elles se sont déshumanisées et ont participé à cette orgie barbare et moyenâgeuse qu’est le djihadisme.

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"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

Dans leur numéro de janvier, le magazine Youpi, destiné aux enfants de 5 à 8 ans, a clairement laissé entendre à ses jeunes lecteurs qu' "Israel n'était pas un vrai pays".

"Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe…"
 

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

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Opinion

L'historien Laurent Joly publie un nouvel éclairage sur la collaboration de la France occupée à la déportation des juifs. Une œuvre magistrale.

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L’affaire Pulvar sur les réunions excluant les Blancs

 

Peut-être l’avez-vous remarqué : l’époque est au sectarisme. Dans les universités, les étudiants et enseignants débattent de concepts associés à la race, au  privilège blanc, au féminisme radical, à l’idéologie de la décolonisation, et même à la censure. Cette mouvance a une conception binaire de la société, d’un côté les dominants (l’homme blanc, hétérosexuel), de l’autre les dominés.

Cette réflexion m’est venue à l’esprit, l’autre jour, en lisant les réactions suscitées par les propos d’Audrey Pulvar, prétendante de la Gauche aux régionales en Ile de France, accusée de racisme anti-Blanc. Lors d’une interview, l’ancienne journaliste, pourtant connue pour son universalisme, a tenu des propos surprenants sur la non-mixité des réunions militantes. « Le fait, disait-elle, que des personnes discriminées pour les mêmes raisons et de la même façon sentent la nécessité de se réunir entre elles pour en discuter, ça ne me choque pas profondément. S’il se trouve que vient à cet atelier une femme blanche, un homme blanc, il n’est pas question de la ou de le jeter dehors. En revanche, on peut lui demander de se taire, d’être spectateur ou spectatrice silencieux. »

Sitôt prononcée, cette dernière phrase provoquait un tollé. Fustigée à droite et à l’extrême droite, jugée euphémiquement « maladroite » au parti socialiste. Aussi les amis de Mme Pulvar se demandaient-ils comment l’adjointe d’Anne Hidalgo, qui connait les subtilités de la langue de Molière, a-t-elle pu se positionner aux antipodes du discours classique de sa formation politique qui est de rassembler et non d’exclure ? Où est le sens politique – surtout en pleine campagne électorale ! – quand on ostracise des gens en raison de la couleur de leur peau ? S’il est vrai que trop parler nuit, un autre adage assure que la langue qui fourche fait plus de mal que le pied qui trébuche. De l’avis de tous les observateurs, celle qui  incarnait la ligne républicaine et laïque de la direction du PS, brouillait la ligne du parti. En tout cas, le dérapage faisait désordre.

Cependant, aucun commentaire dans l’entourage de la maire de Paris. Néanmoins le mal était fait et sur les réseaux sociaux, la machine s’emballait. Cascade d’observations, Niagara de réactions indignées. Là, on atteignait le « point » de Goldwin, défini en 1990 par l’avocat Mike Goldwin, suivant lequel plus une discussion s’éternise sur Internet, et plus on en arrive par glissements successifs, à parler de la « race », mot charriant des connotations diverses, qui débouchent inévitablement sur l’évocation des horreurs nazies.

Dès lors, la polémique se substituait à la politique, et dans le cas d’espèce, ça dérapait sur la xénophobie, qui ne laisse pas de marbre certains intellectuels. Ecrivain et philosophe, aussi vigilant et sensible aux remous de la société qu’un séismographe sur l’évolution des plaques tectoniques, Pascal Bruckner déclarait dans le Figaro : « En tenant ces propos Audrey Pulvar franchit la ligne rouge. Elle rejoint le camp des « fous de la race » et devient le symptôme d’un phénomène plus large, au terme duquel pourrait apparaitre la justification de l’apartheid au nom de l’antiracisme. Au XXe siècle, les organisations antiracistes prônaient un idéal universaliste et combattaient toute forme de ségrégation, désormais de nouvelles associations ethniques ont pour principe de base de dénoncer les coupables : les hommes blancs et les femmes blanches. »

Dans la classe politique, et notamment à gauche, seul Mélenchon atténuait la portée des propos outrageants, disculpant Mme Pulvar de toute forme de racisme.  En attendant que les esprits s’apaisent ou que le soufflé retombe, d’autres commentaires apparaissaient, plutôt inopportuns faisant référence à la Shoah. Ces derniers nous indisposent, devant le malaise que suscite la comparaison envers la Shoah et sa singularité.

Car la Shoah n’est pas un mausolée de papier. Il offre une éternité à six millions d’hommes, de femmes et d’enfants exterminés. Ces morts n’ont pas une seule demeure, ils en ont beaucoup dans nos mémoires. On ne dira jamais assez qu’un lien affectif nous relie à eux. La Shoah nous ramène à l’histoire d’une persécution, d’une effroyable tragédie, mais surtout à la puissance mystérieuse du souvenir à ce qu’il suggère et remue en nous, au plus profond de nos fibres.
La Shoah n’est pas un simple mot, une variante d’ajustement. Ne galvaudons pas ce symbole, sachons raison garder.

Bruno Benjamin