Blog du Crif/Jérusalem - Jérusalem, je t'aime

11 May 2018 | 303 vue(s)
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Opinion

L'historien Laurent Joly publie un nouvel éclairage sur la collaboration de la France occupée à la déportation des juifs. Une œuvre magistrale.

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La religion ressemble aux mouvements d’une jupe longue plissée, que le vent fait bouger dans de lents mouvements.

La religion a l’odeur de vêtements propres et d’un parfum sucré, que l’on sent parfaitement quand les femmes passent à reculons près de nous, s’éloignant du Mur de toutes les prières.

La religion a le goût d’une gorgée de vin rouge le vendredi soir.

La religion a le bruit du tissus qui recouvre le pain tressé et qui s’envole d’un mouvement rapide.

La religion a la douceur de la main qui traverse la page d’un livre de prières et la rigueur des mouvements de balancement de ceux qui le lisent.

La religion a l’espace d’une ville toute entière.

Jérusalem. Une ville millénaire, qui a vu passer les pèlerins les plus pieux et les visiteurs les plus laïcs. D’aucun citeront Lourdes, La Mecque ou Bethléem, pour moi Jérusalem est la ville de toutes les religions et de tous leurs Dieux.

A peine les pieds posés sur le sol de Jérusalem, le visiteur peut saisir qu’il n’en sortira pas vraiment indemne. Quelque chose se passe. C’est dans ce regard échangé avec cette jeune mère de famille, vêtue de lourds vêtements noirs, de collants d’une épaisseur encore jamais vue et d’une perruque presque jaune et trop bien peignée. 

C’est aussi dans le mouvement de secousse du tramway et du bruit de la machine pour valider son ticket.

C’est enfin dans ces rues, encadrées d’immeubles tout en pierres de Jérusalem, dans lesquelles on a plus que jamais les pieds sur terre.

Il y a ces jeunes soldats, qui circulent dans la ville, leurs armes collées contre leurs maigres flancs. Il y a cette police à moto, qui roule à toute allure sur la rue principale, sur laquelle circule normalement le tramway. A deux sur leur engin, on ne distingue qu’une ombre qui fuit dans la nuit et que seules les lumières mécaniques permettent de repérer.

La Ville Sainte a l’image d’un nuage de fumée et d’effluves de vin rouge. De corps qui dansent sur une musique électrique. De visages sereins et d’œils clos qui laissent à l’âme le loisir de s’évader le temps d’une chanson.

On se croise et on se frôle à Jérusalem. Bras contre bras, on se bat pour choisir ses pitot au Shouk et cœur contre cœur, on s’enlace dans les petites rues sombres du centre.

Jérusalem est un sentiment qui engage quiconque le connaîtra. Jérusalem prend au cœur et aux tripes.

Il faut être prêt pour connaître et reconnaître Jérusalem. Elle ne rend pas la tache aisée, imposant son rythme rapide et l’apparente froideur de ceux qui la compose.

Mais, au milieu de ce que vous pourrez et ne pourrez pas voir, soyez certains que tout ce que vous lui donnerez, Jérusalem saura vous le rendre.