Blog du Crif/Mémoire - Shoah : ce que l’on a du mal à entendre en 2017

27 October 2017 | 565 vue(s)
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France

Cette période de fêtes juives en France, rime aujourd'hui avec contrôles de sécurtié et détecteurs de métaux

Une stèle en mémoire des victimes de la Shoah qui n’ont pas de sépulture, "ni ici, ni ailleurs", a été inaugurée dans le cimetière parisien de Bagneux.
Une cérémonie solennelle - et sous haute sécurité - qui, à Bagneux, dix ans après la mort d’Ilan Halimi, séquestré et torturé dans la cité de la Pierre-Plate parce qu’il était juif, était d’autant plus symbolique.

Dimanche 11 septembre 2016, j'étais l'invité de l'émission "30 minutes pour convaincre".

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

Le Times of Israel a repris ma critique de la comparaison musulmans de France - juifs pendant la Shoah.

Je fais suite aux propos de Jean Luc Melenchon travestissant l'Histoire de France.

Aux côtés de Bruno Valentin, prêtre du diocèse de Versailles et Ahmet Ogras, vice-président du CFCM sur le plateau de BFM TV, j'ai réaffirmé mon sentiment d'horreur face à cet acte barbare qui s'est passé ce matin.

 

Dans quel monde vivons-nous et de quelle inhumanité est faite le monde ?

Retour sur le déchaînement de haines antisémites qui s’est produit l’été 2014, en France.

Ce sont toutes les plumes que l'on veut briser...

Une compilation exhaustive, à ce jour, des articles et des interviews que j'ai données à la presse française et internationale.

I was interviewed in English and French, on EJP , Tuesday, May 31, 2016.

J'ai été interviewé, en anglais et en français, sur EJP, mardi 31 mai 2016.

Suite à mon élection à la Présidence du Crif, j'ai répondu aux questions de Paul Amar, sur tous les sujets de préoccupations des Juifs de France.

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La semaine dernière, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) proposait dans sa newsletter et sur ses réseaux sociaux un contenu qui a fait polémique.

La semaine dernière, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) proposait dans sa newsletter et sur ses réseaux sociaux un contenu qui a fait polémique.

Eliane Yadan, une femme élégante à l’énergie communicative, a répondu aux questions de Johana Tuil et a livré le récit d'enfant cachée pendant la Shoah. Eliane raconte avec des mots d’enfants, ceux de « la petite Eliane » qu’elle est toujours un peu, avoir été confiée à l’âge de deux ans à une famille d’accueil – aujourd’hui reconnue Juste parmi les Nations.

Ses souvenirs de la guerre ? « Heureux », répond-elle avec la spontanéité d’une jeune fille. Elle cherche immédiatement à justifier ses propos. « Je sais, c’est difficile à croire et à entendre. Mais pendant la guerre, j’ai été très heureuse ». Le Crif choisit de mettre en exergue ces quelques mots, forts et sincères, pour présenter l’article.

Cela aura suffi à certains (rares) lecteurs et internautes pour s’étonner de tels propos.

« Une honte de colporter de telles conneries provocantes par leur titre quand on a entendu tant et tant et tant de récits horribles autour de soi sans compter ceux qu'on n'a pas pu entendre ! Je suis déçu que vous diffusiez un tel titre car il DISSUADE de lire l'article ! » s’est par exemple indigné un internaute.

A celui qui aura le plus souffert

Moi, je suis déçue de lire de tels commentaires. Aurait-il fallu inclure les mots « déportation », « souffrance », « torture » etc. pour leur donner envie de lire l’article ?

Ce qui me déçoit, c’est le concours qui s’est instauré pour savoir qui a le plus souffert, et qui met en compétition les survivants de la Shoah, les anciens déportés, les enfants cachés, face aux fantasmes et aux projections de notre société.

Ce qui me déçoit, c’est la culpabilité qui s’est installée par la force des choses. Celle des survivants des camps de ne pas être morts ; celle des enfants cachés de ne pas avoir été déportés ; celle qu’Eliane Yadan aurait dû ressentir de n’avoir pas souffert de ces années de guerre. Raté.

Au-delà de me décevoir, la culpabilité qui m’interroge est celle des générations post-Shoah – jusqu’à la nôtre. Une culpabilité fragile, qui se promène dans l’inconscient collectif de la communauté juive, bâti depuis 75 ans sur les histoires secrètes des familles silencieuses et sur la honte de ne pas avoir été en vie en 1939. Parce que « T’imagines ? On aurait été dedans, nous aussi, dans le wagon ».

Ce qui me déçoit, c’est que 75 ans après la Shoah, nous ne soyons toujours pas capables d’entendre une parole de survivant différente sur ce qu’a été leur guerre.

Nous ne pouvons pas admettre une réalité autre que celle à laquelle nous nous sommes habitués à entendre et à intégrer à notre propre histoire.

« Le monde a tellement été abreuvé d’images, de films, de récits sur la Shoah qu’il ne peut pas entendre une réalité toute aussi vraie, mais au travers d’un prisme différent, celui d’une enfant cachée, pour qui l’enfance, c’était de jouer avec son cousin » explique Jessica, en charge de la modération des commentaires sur les réseaux du Crif.

Vous, les lecteurs qui n’ont pas aimé l’entretien du Crif avec Eliane Yadan, auriez-vous préféré entendre parler du rituel de la sélection sur le quai d’Auschwitz, la nuit, terrorisée par les aboiements de chiens et les hurlements des soldats ?

Vous n’aurez ni ce confort et ni ce luxe. Car ceci est l’histoire de millions de gens, mais ce n’est pas l’histoire d’Eliane Yadan.

Je veux "rassurer" ceux qui se sont contenté de critiquer le titre, sans lire l'article, Eliane a souffert. Elle a souffert comme une enfant de deux ans souffre d’être placée dans une famille inconnue. Elle a souffert en retrouvant ses parents biologiques après trois années, ballotée entre le déchirement de quitter sa famille adoptive et le bonheur de renouer avec les siens. Elle a souffert en questionnant son identité, son judaïsme et sa foi. Elle a souffert et elle souffre encore. Comme tous ceux qui ont vécu la Shoah, en hiver ou en été, dans les camps ou dans les familles de Justes, en Europe ou ailleurs, seul ou en famille.

Comme tous ceux qui en sont morts et comme tous ceux qui en sont vivants.