Francis Kalifat

Ancien président

Mon discours au Dîner du Crif 2017

23 February 2017 | 1333 vue(s)
Catégorie(s) :
France

À l'aube de 5783, découvrez les vœux de Yonathan Arfi pour Roch Hachana. 

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"Gagner la guerre contre l'antisémitisme... par i24news-fr

Ce 32ème dîner du Crif a une saveur particulière. En pleine campagne électorale, c’est un moment à part, un moment d’unité républicaine où les acteurs de la République se retrouvent autour d’une même table, dans une convivialité,  chaque année renouvelée.

Je suis heureux et honoré de vous y accueillir.

Permettez-moi, monsieur le Président, de saluer avec amitié, les trois présidents du Crif qui m’ont précédés à cette noble et exigeante fonction. Ils sont présents ce soir. Henri HADJENBERG,  Richard PRASQUIER, Roger CUKIERMAN,  j’ai une pensée particulière pour Théo KLEIN  qui n’a pu être des nôtres. Le Crif sait ce qu’il doit à chacun d’entre eux.

Je veux aussi, dire à Roger CUKIERMAN,  à  qui j’ai succédé en mai dernier, qu’il reste pour nous un modèle de courage, de force, d’intégrité et d’indépendance.

Monsieur le Président de la République, je suis heureux et honoré, de vous exprimer, ce soir, notre reconnaissance. Vos relations avec le Crif sont anciennes et amicales et vous avez toujours été attentif à notre situation. Je pense en particulier, à la mobilisation au lendemain de l’attentat contre l’Hyper Cacher, de 10.000 militaires pour sécuriser les lieux sensibles et notamment les écoles juives et les synagogues.

Je veux rappeler aussi votre accueil chaleureux au Palais de l’Elysée, pour célébrer le 70ème anniversaire de notre institution en décembre 2013.

Depuis le précédent dîner du Crif en mars dernier, le terrorisme islamiste a plusieurs fois endeuillé la France et le monde. Je pense aux victimes des attentats à Istanbul, Bruxelles, Tel Aviv, le Caire, Orlando, Jérusalem, Bagdad, Gao, et Berlin. Je pense aussi à Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, ce couple de policiers égorgé à son domicile le 13 juin. Je pense aux 86 morts fauchés par un camion-bélier sur la Promenade des Anglais à Nice le soir de la Fête Nationale. Je pense, enfin, au Père Jacques Hamel égorgé le 26 juillet dans son église. En leur mémoire, et en mémoire de toutes les victimes du terrorisme, je vous demande de bien vouloir vous lever pour une minute de silence.

Après le meurtre d’Ilan Halimi en 2006, après le massacre de l’école Ozar Ha Torah à Toulouse en 2012, la haine anti juive frappait une nouvelle fois en France le 9 janvier 2015 et venait renforcer ce sentiment de solitude et d’abandon qui avait envahi la communauté juive.

Quel sentiment horrible de devoir vivre retranché et de devoir s’effacer. Quel sentiment angoissant de vivre un destin à part, sans la solidarité de nos compatriotes.

Depuis les attentats de novembre 2015, ce sentiment recule. Tous les Français savent désormais que c’est la France entière qui est attaquée. La France, sa culture, sa liberté, son mode de vie et sa vision du monde. Tous les Français savent désormais qu’ils sont menacés. Nous retrouvons peu à peu notre place dans la communauté nationale. Nous étions vigilants et inquiets nous le sommes toujours. Nous restons lucides et savons que nous demeurons des cibles privilégiées du totalitarisme islamiste. Aujourd’hui nous ne sommes plus des cibles dans l’indifférence.

La guerre contre l’islamisme sera longue et la menace reste présente. Il faut donc se féliciter de chaque note positive. En 2016, les actes et les menaces antisémites sont en net recul: -58% comparé à 2015. Les actes antimusulmans ont, eux aussi, diminué dans les mêmes proportions. J’espère que l’année 2017 confirmera ces tendances.

Pour autant, l’antisémitisme reste historiquement élevé. Les Juifs, qui représentent moins de 1% de la population, continuent de concentrer, avec 335 actes et menaces antisémites en 2016, plus de 30% de la totalité des actes racistes recensés dans notre pays. Les ferments de l’antisémitisme sont toujours présents.

Cette amélioration, nous la devons d’abord à l’effort sans précédent de mobilisation des forces de l’ordre et de l’armée dans le cadre de la mission Sentinelle. Nous savons ce que nous leur devons. Je veux associer ici tous les bénévoles du SPCJ, le Service de Protection de la Communauté Juive. Ils œuvrent au quotidien en parfaite coordination avec les forces de l’ordre.

Par ailleurs, monsieur le Président, à votre initiative, le plan interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme mobilise de nombreux acteurs publics dans un travail qui est à la fois crucial et de longue haleine. Je veux saluer tous ceux qui s’y impliquent, avec une mention particulière pour la DILCRAH et Gilles CLAVREUL, le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et l’homophobie.

Comment ne pas évoquer ici notre incompréhension de voir rayé d'un trait de plume par un magistrat dans le secret de son cabinet, le caractère antisémite de l'agression d'un couple, supposé juif, à son domicile, à Créteil, en décembre 2014.

Une idée simpliste prétend qu’en l’absence de conflit entre Israël et ses voisins, il n’y aurait pas de violence antisémite en France. Je la récuse. Depuis l’année 2000, la courbe de l’antisémitisme ne connaît ni pause, ni cessez-le-feu. Je la récuse car elle déresponsabilise les auteurs de violences en France.

Je crois que la situation au Proche-Orient est un prétexte à l’expression d’une haine toujours présente en France, mais qui parfois attend son heure.

Ces chiffres bien orientés en 2016 ne doivent pas nous faire baisser la garde. D’abord  parce que ces chiffres qui portent sur les plaintes déposées en commissariat, reflètent une relativisation progressive des actes les moins graves. Quand en 2015 l’antisémitisme a tué des Français juifs, certains trouvent inutile, insignifiant, voire indécent de déposer plainte pour un graffiti, une menace ou une insulte,  – ce qui rend plus délicates les comparaisons d’une année sur l’autre.

Enfin, ces chiffres n’incluent ni les propos, ni les menaces et les commentaires antisémites qui se propagent sur internet. Ils ne prennent pas plus en compte tous les propos, gestes et postures antisémites aujourd’hui cachés derrière l’antisionisme que Robert Badinter définissait ainsi le 6 décembre dernier,( je cite) :

« L’antisionisme n’est rien d’autre que l’expression contemporaine de l’antisémitisme, c’est la haine des juifs ». Si nous voulons évaluer le poids réel de ce fléau en France, il nous faut donc impérativement avoir aussi, une mesure de la haine d’Israël.

Monsieur le Président, je viens d’évoquer Israël, un Etat qui est cher à mon cœur et à celui de nombreuses personnes présentes, ici, ce soir.

Comme beaucoup d’entre vous, je rêve souvent d’un Etat d’Israël en paix avec tous ses voisins. Et quand je suis éveillé, j’arrive toujours à la même conclusion : les deux parties doivent négocier directement pour aboutir et vivre côte à côte dans la paix et la sécurité. Elles n’arriveront à ce résultat qu’au prix d’efforts et de compromis pour chacune d’entre elles. Cette position est, depuis longtemps, celle du Crif.

Beaucoup en France voient Israël à travers des loupes qui masquent la vue d’ensemble. Certaines loupes sont positives quand Israël est perçu comme un champion de l’innovation ou comme la start-up nation. D’autres sont négatives quand Israël est réduit aux seules implantations. J’en profite pour récuser une idée  simpliste, nous l’avons vu à Gaza,  il ne suffit pas de démanteler les implantations, pour qu’il y ait la paix entre Israéliens et Palestiniens.

La vue d’ensemble que je veux rappeler ce soir, c’est qu’Israël est une démocratie, un Etat de droit et un pays de libertés. Une démocratie avec 5 élections générales depuis 2003 et 13 députés arabes sur 120 aujourd’hui à la Knesset. Un Etat de droit avec une Cour suprême et des juges dont on connait l’indépendance et les arrêts rigoureux. Un pays où chacun peut librement pratiquer sa religion, changer de religion ou ne pas avoir de religion. Un pays où juifs, chrétiens et musulmans peuvent, chacun, accéder librement à leurs lieux saints dans la vieille ville de Jérusalem.  Juin 2017 verra le 50ème anniversaire de cette liberté. Auparavant, et pendant des siècles,  pour les Juifs, c’était uniquement un rêve et une prière.

Certes, tout n’est pas parfait en Israël. Je le sais bien et les médias israéliens le disent en toute liberté.

On peut ne pas être d’accord avec la politique du gouvernement d’Israël, le système démocratique israélien ne s’en prive pas, mais l’obsession anti israélienne n’a rien à voir avec la critique d’une politique.

Le vrai problème, c’est que l’Etat d’Israël, est souvent traité à part, et discriminé comme un Etat paria.

Il en est ainsi à l’Assemblée Générale des Nations Unies et au Conseil des Droits de l’Homme. Des pays y accumulent les condamnations d’Israël. Sur la seule année 2016, 18 résolutions à l’Assemblée Générale et 12 au Conseil des Droits de l’Homme. 12, c’est plus que l’ensemble des résolutions de ce Conseil en 2016 sur la Syrie, l’Iran, le Sud Soudan et la Corée du Nord.

Je regrette que la France se soit accommodée de cette situation et qu’elle n’ait jamais obtenu une condamnation explicite à l’ONU des attentats palestiniens ni même réclamé à l’autorité palestinienne, que Mahmoud Kader Abed alias Hicham HARB, le principal responsable de l’attentat de la rue des Rosiers en1982, réfugié à Ramallah, soit livré à la justice française. 

Le 23 décembre, la France a voté la résolution 2334 au Conseil de Sécurité. Côté français, rien de nouveau malheureusement, dans ce vote. Je suis pourtant déçu de cette forme d’injustice ou de discrimination qui consiste à invoquer le droit international contre Israël alors qu’il est impossible de le faire contre tant d’autres pays.

Dans le même contexte, je veux dire aussi combien nous sommes choqués de voir s’appliquer dans notre pays, une décision européenne demandant un étiquetage spécifique des marchandises provenant des territoires, oserai-je dire, de Judée et Samarie, du Golan et de Jérusalem-est. Cette décision relève encore d’un traitement discriminatoire appliqué au seul Etat d’Israël, alors que de nombreux autres pays, sont concernés par des conflits territoriaux similaires.

Pourquoi enfin, la France a-t-elle renoncé à ses principes et à ses valeurs en faisant le choix de l’abstention lors du vote d’une résolution  à l’UNESCO niant au peuple juif son lien historique avec Jérusalem ? S’abstenir, s’abstenir lorsqu’il s’agit de choisir entre la vérité et le mensonge, c’est accepter l’instrumentalisation politique et l’infamie du révisionnisme. Et bien au-delà des Juifs, c’est accepter que toute l’histoire de la chrétienté soit remise en cause.

Je souhaite enfin évoquer un dernier sujet où Israël est discriminé, c’est sa capitale, Jérusalem. Israël est le seul Etat membre de l’ONU dont la capitale n’est pas reconnue par les autres membres alors que sa capitale est la même aujourd’hui qu’il y a 3000 ans. N’est-il pas temps aujourd’hui pour la France de reconnaître cette évidence ?

Monsieur le Président, dans un très beau discours à la Knesset en novembre 2013, vous avez proposé l’organisation en 2018 d’une année culturelle croisée entre la France et Israël. Certains auraient voulu que cet évènement soit annulé ou qu’il ait lieu en catimini et à minima. Je souhaite au contraire qu’il rencontre un véritable  succès populaire en France et en Israël. Tout doit être fait dans ce sens, à commencer par l’allocation d’un budget à la hauteur de l’évènement, parce que la culture est le meilleur remède contre la bêtise et l’ignorance.  

Mesdames et messieurs,

L’année qui s’ouvre devant nous, je le disais, est pleine de défis. J’entends du prêt-à-penser et du dogmatisme, des discours populistes pour les uns et des réflexes totalitaires pour les plus radicaux.

Notre société est en souffrance. Le climat général est à la défiance. Beaucoup de Français ont peur ou sont en colère. La démocratie n’est plus une évidence. Selon un sondage IPSOS en novembre dernier, 32% des Français pensent que d’autres régimes politiques conviendraient tout autant. Ils veulent le monde tel qu’il était jadis, des boucs émissaires et un grand coup de balai.

Certains perdent leurs repères. D’autres distillent la haine et la confusion. Des paroles racistes et antisémites remontent des égouts, souvent dans l’indifférence ou dans ces bulles que sont les amis Facebook. Et ces paroles détestables, il se trouve toujours des individus pour en rire, pour les approuver ou pour les justifier. Quand je prends un peu de recul, j’arrive à ce constat : ceux qui ont, en France, un problème avec les Juifs et Israël ont presque toujours un problème avec la démocratie, l’Etat de droit et les libertés individuelles. Et inversement.

Ceux qui nous sont hostiles, ceux qui voient des Juifs partout et derrière tous les malheurs du monde, qui sont-ils ? Et où les trouve-t-on ?

Ce sont les adeptes de l’antisémitisme traditionnel, ceux qui ne nous voient pas comme de « vrais Français ». Ils sont surreprésentés à l’extrême-droite qui se nourrit des peurs et qui a pour seul projet le repli sur soi et le rejet de l’autre. Ils veulent entrainer la France sur le chemin de haine et de la xénophobie. Ils veulent prendre la laïcité en otage et nous imposer une laïcité totalitaire, interdisant dans l'espace public le port de signes religieux visibles, ou l’abattage rituel.

C’est aussi (malheureusement) une partie croissante des Français musulmans.

Selon une enquête de l’Institut Montaigne de septembre dernier, 28% d’entre eux « ont adopté un système de valeurs clairement opposés aux valeurs de la République »« L’antisémitisme est un marqueur » qui, encore plus inquiétant, réunit 50% des 15 à 25 ans.

Ce sont enfin,  les antisionistes, ceux qui refusent un Etat au seul peuple juif et qui utilisent Israël pour justifier la haine des Juifs. Ils sont surreprésentés à l’extrême-gauche.

Ils relaient avec obstination, que dis-je avec obsession la haine et la dé-légitimation d’Israël. Ils ont fait du boycott de ce pays une arme pour leur électorat. Ils vont même jusqu’à décerner à certains terroristes le statut de citoyens d’honneur. Ces pratiques sont indignes. En plus d’être illégal ce mouvement  de boycott est insupportable parce qu’il est discriminatoire à l’encontre du seul Etat juif. Il favorise même s’il s’en défend ce nouvel antisémitisme qui avance sournoisement sous le masque de l’antisionisme. Parce qu’il utilise un mode d’action illégal, le mouvement BDS doit être interdit en France.

Je préfère éviter les malentendus et les mauvais procès. Je ne dis pas que tous les Français musulmans, tous les sympathisants du Front National et tous les sympathisants de l’extrême-gauche sont antisémites. Je fais le constat que les antisémites sont surreprésentés dans ces trois groupes. Pour cette raison et parce que leurs programmes sont dangereux pour la France, le Crif appelle à faire barrage à l’extrême-droite, et à l’extrême-gauche aux prochaines élections.

Monsieur le Président, nous ne pouvons pas nous contenter d’une diminution des actes antisémites. Je veux donc, ce soir, lancer un autre appel : la tolérance zéro face aux  ferments de l’antisémitisme.

Cet appel, je l’adresse à tous les Français car l’antisémitisme n’est pas l’affaire des seuls Juifs. Cet appel, je l’adresse à vous tous qui nous faîtes l’honneur de participer à ce dîner. Vous, les acteurs de la vie politique, de la société civile et des médias. Vous, les candidats à la présidentielle et aux législatives.

A vous tous, je veux dire que  la lutte contre l’antisémitisme n’est pas un combat facile.

Il nous faut lutter contre toutes les haines. La haine des Arabes, des Noirs, des Musulmans, des Roms, des homosexuels et des Blancs, sans oublier les violences et les inégalités qui frappent les femmes. Inversement le combat contre toutes ces haines passe aussi par la lutte contre l’antisémitisme.

Chaque lutte a ses spécificités, ce serait une erreur de les gommer. Mais il est essentiel que chacun ne se batte pas uniquement pour sa paroisse. Les luttes, comme les mémoires, ne doivent pas être en concurrence.

Enfin ne tombons pas dans les pièges de ceux qui pervertissent ces luttes, ceux qui veulent interdire toute critique des religions, ceux qui crient à l’islamophobie dès que l’on évoque l’islam. Oui, le combat contre toutes les haines est indispensable pour construire une France meilleure et plus solidaire.

Pour cela, il est impératif, de dépasser le discours qui met en miroir de manière systématique les Musulmans et les Juifs. On fait des parallèles, on renvoie dos-à-dos, on veut compenser un propos sur les uns par un propos sur les autres, mais c’est souvent sans aucun fondement. Cet amalgame  nous est insupportable.

 Comme beaucoup d’entre vous, je souhaite que l’éducation soit une priorité. On ne naît ni raciste, ni antisémite. On le devient. L’école doit avoir pour mission d’aider tous les jeunes de France à produire les anticorps qui vont leur permettre de rejeter eux-mêmes le racisme et l’antisémitisme. On en mesure l’urgence à la lecture des résultats de l’enquête de  l’Institut Montaigne sur les jeunes musulmans. Je souhaite notamment que les enseignants soient mieux soutenus lorsque des élèves s’opposent à eux en cours, pour des motifs religieux ou identitaires.

Internet doit être une autre priorité. On y fait des progrès, mais à une allure d’escargot. Aujourd’hui, la décision d’un tribunal est nécessaire pour le retrait d’un contenu haineux, et encore, le retrait ne suit pas toujours. En 2016, le Crif, parmi le flot de messages racistes et antisémites, a transmis à Facebook plus de 180 signalements expertisés. A ce jour, seul un tiers a été supprimé. Il faut donc faciliter le retrait des contenus illicites et l’identification de leurs auteurs. Il est nécessaire que ceux-ci soient plus nombreux à être sanctionnés.

N'est-il pas temps, là aussi d'appliquer la tolérance zéro, en engageant une action judiciaire contre le blogueur Mehdi Meklat qui depuis longtemps déverse sa haine des Juifs, des homosexuels et des femmes sur Twitter ?

Mais bien-sûr la priorité des priorités reste la sécurité. De nouvelles menaces viennent s’ajouter à celles auxquelles il faut déjà faire face. Je pense, en particulier, à ces Français, terroristes de l’Etat islamique qui prennent le chemin du retour et qui pour la plus-part d’entre eux conservent des convictions djihadistes et pour lesquels, au risque de me répéter, nous, Français juifs, sommes des cibles privilégiées. Seules des mesures fortes permettent de les mettre définitivement hors d’état de nuire.

 

Monsieur le Président,

Dans quelques mois vous allez achever votre mandat. Je veux à nouveau vous remercier d’avoir été là quand nous doutions, quand nous avions peur, lorsque nous étions en colère. Vos paroles et votre action  nous ont redonné espoir en notre avenir en France.

De façon plus personnelle, je veux vous dire que  je suis un Français juif né à Oran, dans cette Algérie où les Juifs avaient tissé un lien si particulier à leur identité française. Francité et judéité y étaient tellement liées qu’elles étaient inextricables. Depuis le décret Crémieux de 1870,  l’histoire avait légué dans nos familles deux axiomes : En Algérie, tous les Juifs étaient français. Et ils étaient français parce qu’ils  étaient Juifs. En un mot, en Algérie, malgré Vichy, malgré un antisémitisme bien réel, notre identité juive a toujours été consubstantielle à notre identité française. D’aussi loin que je me souvienne, mes identités juive et française, sont, si j’ose dire, unes et indivisibles !

Ce lien si singulier à la France ne vous surprendra pas, non plus, si j’ajoute que mon père, Joseph Kalifat, avait fait le choix d’une carrière de fonctionnaire dans la police de son pays. Il en a porté l’uniforme avec fierté, d’abord à Oran, puis à Versailles. C’est à lui que je pense ce soir, en ce premier dîner du Crif que j’ai l’honneur de présider.

 Français, juif, je sais qu’il trouvait quelque chose de profondément commun à ces deux identités, en particulier le sens de la Loi, l’amour de la Justice et l’affirmation de la liberté de chacun. C’est dans ces valeurs communes que se trouvent le cœur de mon engagement.

Le sens de la Loi, l’amour de la Justice, l’affirmation de la liberté.

 

Monsieur le Président de la République, mes chers amis,

Au nom de ces valeurs, au nom de ces impératifs, le monde n’a pas d’autre choix que de gagner la guerre contre l’islamisme et nous n’avons pas d’autre choix que de détruire les ferments du racisme et de l’antisémitisme.

Ces combats dépassent nos destins individuels. Leur enjeu, c’est la France. Leur enjeu, c’est la liberté, l’égalité et la fraternité. Leur enjeu, c’est l’amour de notre pays et c’est notre volonté commune de léguer à tous les enfants de France un pays dont ils seront fiers et où ils seront heureux.

J’ai confiance en notre victoire parce que, tous ensembles, nous sommes la France.

Vive la démocratie, Vive la République, Vive la France !