Tribune
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Published on 18 July 2013

Depuis Ben Laden, les têtes perdues d'Al-Qaeda

Par Thomas Liabot

 

La mort, confirmée mercredi 17 juillet 2013, de Saïd al-Chehri, figure majeure d'Al-Qaeda au Yemen, porte à une dizaine le nombre de responsables du réseau terroriste tués depuis deux ans.

Dans une vidéo mise en ligne mercredi sur plusieurs sites islamistes, Al-Qaeda confirme la mort de Saïd al-Chehri, l'un de ses principaux chefs dans la péninsule arabique, considéré comme l'homme fort du réseau au Yemen. C’est Ibrahim al-Rubeish, un des principaux responsables d’Al-Qaeda dans la péninsule Arabique (Aqpa), qui en a fait l’annonce, déclarant que le Saoudien avait été tué «dans un raid d’un drone américain» au mois de novembre 2012. En janvier dernier, les autorités yéménites avaient annoncé que Chehri avait succombé à ses blessures mais l’information n’avait pas été confirmée par le groupe terroriste.

 

La mort de Saïd al-Chehri, co-fondateur d'Aqpa, porte à une dizaine le nombre de responsables et membres influents d’Al-Qaeda tués depuis le 2 mai 2011 et l’assaut sur Abbottabad (Pakistan) ayant conduit à l'assassinat d’Oussama Ben Laden, traqué depuis le 11 septembre 2001. Considéré comme déclinant depuis plusieurs années, le réseau terroriste est la proie de plus en plus régulière des attaques de drones américains. Plus de la moitié des décès recensés à la tête de l’organisation islamiste ont été provoqués par ce type d’attaques aériennes.

 

En Afrique

 

Fazul Abdullah Mohammed.Le 8 juin 2011, un mois seulement après la mort de Ben Laden, le Comorien Fazul Abdullah Mohammed, chef d’Al-Qaeda en Afrique de l’Est, est tué dans une fusillade en Somalie. Il était considéré comme l'un des acteurs-clés des attentats qui avaient frappé les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en 1998, faisant plus de 200 morts.

 

Le 1er mars dernier, le président tchadien Idriss Déby annonce la mort de l’Algérien Abdelhamid Abou Zeid, l'un des principaux chefs d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), tué par des troupes tchadiennes dans le nord du Mali. Après une période de confusion, l’information ne sera confirmée que le 16 juin par l’organisation terroriste. Deux jours après, le 3 mars, le Tchad annonce avoir tué Mokhtar Belmokhtar, un des chefs historiques d’Aqmi entré en dissidence, tenu pour responsable de la prise d’otages sur le site gazier d’In Amenas en Algérie au mois de janvier. L’information n'a jamais été confirmée par la France, et pour cause, puisque le «borgne» serait toujours vivant et impliqué dans les attentats qui ont touché l’armée et le groupe français Areva au Niger en mai dernier.

 

Au Yémen

 

Outre la mort de Saïd al-Chehri, officialisée mercredi, deux autres responsables d’Al-Qaeda ont été tués ces deux dernières années sur ce territoire situé à la pointe de la péninsule arabe. Le 30 septembre 2011, l’imam radical Anwar al-Awlaqi est abattu par une frappe de drone de la CIA. Cet Américano-Yéménite était soupçonné par Washington de liens avec le Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, auteur de l’attentat raté du 25 décembre 2009 sur un avion de ligne américain.

 

Le 6 mai 2012, Fahd al-Quso, un des chefs d’Aqpa, est lui aussi tué par un raid aérien attribué aux Etats-Unis dans le sud du pays. Le Yéménite était recherché pour son implication dans l’attentat de l’USS Cole, qui avait tué 17 marins américains en 2000 dans le golfe d’Aden. Le nom de Quso figurait sur une liste des terroristes les plus recherchés par le FBI, qui avait promis une récompense allant jusqu’à cinq millions de dollars pour des informations pouvant conduire à sa capture.

 

Au Pakistan

 

Le 22 août 2011, trois mois après la mort d’Oussama Ben Laden, Atiyah abd al-Rahman, le numéro 2 d’Al-Qaeda, est abattu par une frappe de drone américain dans la zone tribale du Waziristan, au nord-ouest du pays. Ce Libyen était considéré comme l'un des penseurs du réseau. Ancien émissaire particulier de Ben Laden, il avait aussi aidé à la formation d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi). en 2000.

 

Quelques semaines plus tard, le 9 février 2012, c’est le chef d’Al-Qaeda au Pakistan, Badar Mansoor, qui est tué par des tirs de drone dans son camp d’entraînement à Miranshah, principale ville du Waziristan. Le 5 juin 2012, c’est au tour du Libyen Abou Yahya al-Libi (capture d’écran d'une vidéo diffusée par Al-Qaeda), un personnage très haut placé dans la hiérarchie de l’organisation terroriste, de perdre la vie dans cette même région, lui aussi atteint par des frappes aériennes.

 

En Afghanistan

 

Les forces armées de l’Otan affirment le 5 juin 2012 avoir tué Sakhr al-Taifi dans un bombardement. Chargé de diriger des forces rebelles et de permettre le transit d’armes entre l’Afghanistan et le Pakistan voisin, ce Saoudien était considéré comme le numéro 2 d’Al-Qaeda dans le pays.