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La Première Guerre mondiale pousse Léon Blum à entrer en politique. Ayant été lui-même réformé pour cause de myopie, il soutient l'effort de guerre et devient chef de cabinet du socialiste Marcel Sembat dans le cadre de "l'Union sacrée" en août 1914. Député, élu sans discontinuer de 1919 jusqu'en 1940, il est de ceux, au congrès de Tours de 1920, qui refusent de suivre la majorité en faveur de l'adhésion à la IIIe Internationale qui aboutit à la création du Parti communiste français. Lui-même gardant "la vieille maison", comme il dit, n'exclut plus les ententes avec les radicaux.
C'est ce virage qui lui permettra en 1935 de proposer à la fois aux communistes, aux socialistes et aux radicaux de s'unir, face au péril nazi et à la montée du fascisme en France, dans une alliance qu'il nomme lui-même le Front populaire. Son accession au poste de Premier ministre en 1936 a été précédée d'une campagne antijuive qui lui vaudra même d'être roué de coups par des membres d'une organisation d'extrême droite royaliste. Dès avant son élection, un slogan populaire politique faisait florès : "Plutôt Hitler que Blum".
Le gouvernement du Front populaire est marqué par l'adoption de la semaine de travail des 40 heures, la nationalisation de la Banque de France et de l'industrie de l'armement. Mais son refus de livrer des armes aux républicains espagnols et de les soutenir dans leur combat contre Franco lui fait perdre, en 1937, l'appui des communistes ; il doit démissionner. En 1938, il redevient chef du gouvernement pour moins d'un mois. Il fait finalement expédier personnellement des armes aux républicains en Espagne, mais son gouvernement est à nouveau mis en minorité. Face à la signature des accords de Munich, fin septembre 1938, alors qu'il n'exerce plus aucune fonction gouvernementale, son attitude est ambivalente.
Il passe d'un soutien public le jour de leur signature et les quelques jours suivants, à une attitude de plus en plus ferme face au nazisme et demande le réarmement de la France, au prix de la division de son propre parti. Lorsque les Allemands envahissent la France en juin 1940, Léon Blum fuit vers le sud, mais il est arrêté par la police de Pétain et inculpé de trahison. L'accusation se révèle un échec, Vichy suspend le procès et remet le prisonnier aux mains des Allemands.
À partir de 1943, il est emprisonné à proximité du camp de concentration de Buchenwald, puis à Dachau. Il n'est sauvé de l'exécution que par l'arrivée des forces alliées en mai 1945. Son frère René Blum, fondateur du Ballet de l'Opéra à Monte-Carlo, est mort à Auschwitz. Après la Seconde Guerre mondiale, en décembre 1946, Léon Blum prend la tête pour un mois d'un gouvernement "tout-socialiste", ce qui lui permet d'organiser le prêt américain de 1,37 milliard de dollars pour la reconstruction d'après-guerre. Il a été un partisan actif de la reconnaissance d'Israël sur le plan international. Proche de Haïm Weizmann, premier président d'Israël, il participe à la construction de l'étroite alliance diplomatique, économique, militaire et technologique qui unit la France de la IVe République et l'État hébreu. Ses positions sionistes ne sont pas nouvelles. Représentant de la Gauche non sioniste au congrès de Zurich de l'Agence Juive pour la Palestine, en 1929, il y avait exalté l'esprit de peuple juif.
En hommage à sa contribution à la cause sioniste, un kibboutz de Galilée est baptisé, en 1937, "Kfar Blum" (le village de Blum). Léon Blum est mort à son domicile non loin le Paris, le 30 mars 1950, à l'âge de 77 ans.