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Publié le 26 août sur RTL
La stèle érigée en mémoire de Simone Veil a été profanée à quatre reprises en seulement 15 jours dans les Côtes-d'Armor. Deux hommes, identifiés comme suspects, sont entre les mains des enquêteurs depuis mardi 24 août. C'est un triste exemple d'un antisémitisme affiché ces dernières semaines et ces derniers mois. Les slogans, les actes anti-juifs, les pancartes et les sites internet antisémites sont particulièrement visibles.
Le profil des auteurs de ces actes et ces messages sont identifiés comme proches de l'extrême droite. À l'image de cette manifestante de 34 ans, Cassandre Fristot.
Le 7 août dernier, elle brandissait une pancarte antisémite lors d'une manifestation anti-passe sanitaire à Metz. Cette professeure d'allemand, ex-membre du Front national, et brièvement cheffe de cabinet de Louis Aliot. Elle sera jugée le 8 septembre prochain.
Le fondateur d'un site antisémite mis en examen
Et on pense aussi à l'antisémitisme en ligne. Ce site "ils sont partout", recensait toutes les personnalités de confession juive ou supposées juives, photos à l'appui. Le nom de cette plateforme faisait référence a un hebdomadaire collaborationniste publié en France dans les années 30. Le fondateur du site, Samuel Goujon a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire en attendant son procès. Cet ingénieur trentenaire, militant nationaliste, serait lié à un groupuscule émanant de l'Action Française.
Les deux hommes suspectés de dégradations de la stèle de Simone Veil ont une soixantaine d'années. Un premier homme interpellé par les gendarmes mardi matin serait également lié à la distribution de tracts antisémites faisant référence à Simone Veil, tracts découverts dans plusieurs boites aux lettres de la ville de Perros-Guirrec, selon une source proche du dossier à RTL. Le deuxième suspect s'est présenté de lui-même au poste de gendarmerie et s'est accusé des dégradations de la stèle. Des croix gammées ont été taguées sur la pierre. Mais on ignore à ce stade si ces deux individus sont liés ou non à des groupuscules d'extrême droite. Le parquet de Saint-Brieuc devrait donner davantage d'éléments sur ce dossier ce jeudi 26 août.
La période actuelle est propices aux actes antisémites
La période que nous vivons avec la pandémie et le confinement, sont propices à ces actes antisémites car la peur et les doutes ont toujours formé un terreau favorable à l'antisémitisme. Contacté par RTL, l'historien Marc Knobel, qui vient de publier un ouvrage sur l'antisémitisme en ligne, dénonce une haine anti-juive portée par certaines franges de l'extrême droite qui n'a jamais cessé d'exister. Elle était simplement plus discrète ou davantage ignorée, ou les deux à la fois a-t-il expliqué.
La pandémie est selon lui une opportunité pour cette mouvance d'exister dans l'espace médiatique et politique. C'était déjà le cas dans les années 30, des mouvements contre le vaccin anti-diphtérie étaient apparus avec des relents antisémites.
L'avocat Michel Tubiana de la Ligue des Droits de l'homme, rappelle quant à lui d'autres événements qui ont servi d'espace d'expression aux antisémites. En 2014, lors d'un rassemblement de la Manif pour tous, un manifestant avait hurlé : "Juif la France n'est pas à toi !" ou "plus près de nous encore". Des slogans antisémites ont également été entendus lors de rassemblements des "gilets jaunes".