Crif - Que répondre à celles et ceux qui comparent le port de l’étoile jaune au pass sanitaire ?

Par Marc Knobel

On peut comparer la Shoah et/ou porter l’étoile jaune pour protester contre la vaccination Covid 19. Vrai ? Faux ?

On ne peut que comparer ce qui est comparable. Faisons donc un peu d’histoire.

Le 4 mars 1942, une conférence tenue à Berlin décide l’introduction du port de l’étoile jaune aux Pays-Bas, en Belgique et en France.

En France, l’étoile jaune est promulguée le 29 mai 1942 par le Commandement militaire (allemand) en France. La huitième ordonnance antijuive est rendue publique le 31 mai et entre en vigueur le 7 juin. Les Juifs de la zone occupée sont tenus de se rendre dans les commissariats pour retirer leur étoile. La neuvième ordonnance du 8 juillet 1942 interdit aux Juifs de fréquenter des établissements de spectacle et autres établissements ouverts au public. La liste complète des établissements a été publiée le 15 juin 1942 par le général SS Carl Albrecht Oberg.

De fait, il suffisait pour un Juif d’entrer dans un Musée pour prendre, via Drancy, le chemin des fours crématoires d’Auschwitz. En somme, l’étoile jaune fut le signe hallucinant de l’occupation : elle affichait l’ignoble emprise de la Gestapo et ses collaborateurs de Vichy.

Le passeport vaccinal ne peut donc se comparer historiquement au port obligatoire de l’étoile jaune, ni avec l’idéologie nazie qui visait à déshumaniser totalement les Juifs et à les exterminer.

Les décisions qui ont été prises prouvent que nous sommes en dictature. Vrai ? Faux ?

Comparer les décisions qui ont été prises récemment (imposition d’un pass sanitaire et du vaccin obligatoire pour les soignants) à ce qui se ferait en Corée du Nord est ridicule. Il faut rappeler ici qu’une démocratie est un régime dans lequel le peuple dispose du pouvoir souverain. C’est lui qui est à la source du pouvoir politique et de sa légitimité. A l’inverse, une dictature est un régime politique arbitraire et coercitif, particulièrement violent, dans lequel tous les pouvoirs sont entre les mains d’une seule et même personne.

C’est la première fois que l’on rend obligatoire une vaccination en France. Vrai ? Faux ?

En France, le vaccin contre la poliomyélite est obligatoire depuis 1964. Ce faisant, aucun cas de poliomyélite n'a été relevé en France depuis 1990. Pour rappel, la vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP) est obligatoire ou simplement recommandée selon l'âge et la situation de la personne. L'oubli ou le refus de vaccination peut entraîner des sanctions.

Élargissons la problématique. Il faut rappeler qu’en France, la politique de vaccination est élaborée par le ministère de la Santé. C'est en particulier la Commission technique des vaccinations (CTV) de la Haute Autorité de Santé (HAS) qui est chargée de proposer des recommandations concernant les vaccinations et des adaptations pour la mise à jour du calendrier vaccinal. Cette commission est composée de membres représentants des professionnels de santé, des sciences économiques, humaines et sociales, des représentants des usagers et des agences sanitaires.

Pour en savoir plus sur la commission technique des vaccinations de la haute autorité de santé : https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2755844/fr/commission-technique-des-vaccinations

Les vaccinations ne servent à rien. Vrai ? Faux ?

Pour rappel et selon la Haute Autorité de santé :

De manière générale, selon les vaccins, les objectifs de la vaccination peuvent être de :

- se protéger soi-même : le bénéfice attendu du vaccin est individuel ; la personne vaccinée est protégée contre la maladie en cas de contact avec le virus ; le vaccin permet d’éviter d’être malade ou de réduire la gravité de la maladie ;

- protéger les autres : le bénéfice attendu du vaccin est collectif, à la fois pour la personne vaccinée et les personnes qu’elle rencontre ; le vaccin permet à la personne vaccinée d’être moins contagieuse quand elle est infectée par le virus, même si elle n’a pas de symptômes (le vaccin agit sur la transmission du virus) ;

- maîtriser la propagation d’une maladie : le bénéfice attendu du vaccin est collectif ; le vaccin permet aux personnes vaccinées d’être moins contagieuses et si une très grande partie de la population est vaccinée, le virus circule moins dans la population ; il s’agit d’un enjeu de solidarité au bénéfice de tous.