- English
- Français
En introduction de son propos, la nouvelle présidente de la commission, Nathalie Cohen-Beizermann, a adressé de chaleureux remerciements à son prédécesseur, le Professeur Raoul Ghozlan. Après avoir été nommé président honoraire, celui-ci a pris la parole pour saluer les invités reçus au cours des 12 dernières années.
La présidente a ensuite présenté la thématique annuelle, "Français juifs à l’épreuve de la montée des extrêmes", choisie pour servir de fil conducteur aux réunions. Premier invité de cette nouvelle formule, Jean-Yves Camus, Directeur de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean Jaurès, a ainsi débuté son intervention, qui portait spécifiquement sur son domaine d’expertise : l’extrême droite française.
Le chercheur a tout d’abord expliqué pourquoi il préférait le terme de "droite radicale" à celui d’"extrême droite", ce dernier induisant une idée de prolongement direct de la droite alors qu’il existe entre les deux une réelle différence de nature, fondée sur le type de régime souhaité.
Évoquant une difficulté à définir précisément le régime que le Rassemblement national instaurerait en cas d’arrivée au pouvoir, Jean-Yves Camus a regretté le manque de réflexion sur le projet du parti de la part de ses adversaires politiques, qui serait pourtant le meilleur moyen de le combattre.
Selon le chercheur, "tout cela est lié à une erreur de fond qui consiste à penser que nous sommes immunisés contre le retour de la droite radicale". Les raisons mentionnées sont diverses. Premièrement, une idée répandue tendrait à considérer que la France a vécu Vichy par accident. Deuxièmement, et malgré la célébration récente de ses cinquante ans d’existence, la percée du RN ne serait qu’un phénomène temporaire. Enfin, il y aurait un refus de reconnaître que le parti, depuis l’arrivée de Marine Le Pen, incarne une entité nouvelle, reposant sur une formule différente de celle du Front national.
Néanmoins, Jean-Yves Camus a tenu à rappeler qu’il existait une véritable extrême-droite, autrement qualifiée d’ultra-droite, qui rassemble un certain nombre de groupuscules, soulignant que ceux-ci n’avaient plus qu’une faible part de responsabilité dans les actes antisémites commis de nos jours.
Jean-Yves Camus, Nathalie Cohen-Beizermann et le Professeur Raoul Ghozlan
À l’issue de cette présentation, se sont ensuivis divers échanges avec les participants. À la question de savoir si le Crif devrait remettre en cause son refus historique de dialoguer avec le RN, le politologue n’a pas hésité à répondre par la négative, invoquant la nécessité de maintenir une position ferme tant que le parti n’aurait pas officiellement reconnu les failles de son passé.
Par ailleurs, les personnalités et spécificités des différents leaders, de Marine à Jean-Marie Le Pen, en passant par Marion Maréchal et Eric Zemmour, ont été discutées les unes après les autres. Jean-Yves Camus a également commenté le positionnement du RN sur le port des signes religieux dans l’espace public ou encore sur l’abattage rituel.
Enfin, la question du vote de la communauté juive en faveur de ces partis a fait l’objet des dernières discussions. Malheureusement, une faiblesse méthodologique, tenant à la difficulté d’élaborer un échantillon représentatif de la communauté, nous empêche aujourd’hui de bien appréhender ce phénomène.
Juliette Duplanil-Weill, Chargée de mission