Ancien juge antiterroriste, le vice-président du tribunal de grande instance de Lille réagit à l’attaque de Nice.
Interview du juge Marc Trévidic par Lakhdar Belaid, publié dans la Voix du Nord le 18 juillet 2016
Le principal suspect de l’attaque de Nice est à peine connu de la justice. Est-ce surprenant ?
« On peut établir une continuité entre lui et Larossi Abballa (assassin de deux policiers dans l’Essonne, il y a un mois) et Mohamed Lahouaiej Bouhlel, même si celui-ci n’était pas fiché S. L’état d’esprit entre les deux est le même. À Nice, quelqu’un de presque inconnu de la justice aura appliqué les consignes de l’État islamique. Il n’est pas nécessaire d’être allé en Syrie pour cela. »
Quel est le profil de ce type d’individu ?
« On est dans le pétage de plomb. Dans le jihad individuel presque imparable. Les tueries de masse ont toujours existé, comme aux États-Unis. Nous avons la même chose, mais avec un fond religieux. Heureusement, ces individus sont peu nombreux. Mais, à chaque fois, c’est douloureux. »
L’état d’urgence est prolongé de trois mois. Est-ce l’une des solutions ?
« Quel sens donner à l’état d’urgence ? La question est de savoir si nous sommes prêts à changer notre façon de vivre. Nous avons un état d’urgence avec des manifestations, des festivités… Les réunions publiques sont l’occasion de ce type d’acte. On a l’impression d’un entre-deux eaux. Des fêtes scolaires ont été annulées à cause de l’état d’urgence. À Nice, l’opportunité a tout simplement été trop belle. Un homme seul peut commettre autant de dégâts qu’au Bataclan. On a surtout le sentiment d’une impuissance totale. Nous ne sommes pas, là, dans une affaire de libertés publiques, mais de sécurité publique»...
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