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Published on 21 March 2018

Haine sur Internet - Etude de Renaissance Numérique sur les jeunes face à la haine sur Internet

L'an dernier, le think tank Renaissance Numérique et l’association Génération Numérique, en association avec la Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine LGBT (DILCRAH) et le Comité Interministériel à la Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation (CIPDR), alertaient, dans une enquête, sur l’exposition des jeunes aux contenus choquants sur Internet.

Publié le 20 mars 2018 dans Renaissance Numérique

Plus d’un contenu choquant sur deux remarqués par les jeunes sur Internet concerne les insultes sur la religion ou les prétendues races humaines (52 %). Toutefois, notons que l’appréhension de ces propos par les jeunes ne sera pas la même que pour les adultes. Les jeunes ont une difficulté à s’exprimer sur ce sujet : le nombre de répondants à ces questions est ainsi inférieur aux répondants aux autres questions du baromètre de Génération Numérique (sur les 20853 élèves interrogés, seuls 16 449 ont répondu à la question 1). Il leur est par ailleurs difficile d’appréhender de façon différenciée les types de contenus choquants qu’ils remarquent. Une problématique notamment visible lorsque nous analysons les réponses à la question ouverte « autre » qui couvrent d’autres items de la question (voir la question 1 de l'enquête).

La jeunesse est un public particulièrement confronté à la haine et la violence en ligne. Cette exposition massive aux contenus choquants sur Internet est à relier en premier lieu aux réseaux sociaux (à 48 %) (voir la question 4 de l'enquête). Ce chiffre s’explique naturellement par le fait que les réseaux sociaux concentrent la majorité des usages des jeunes quand ils utilisent Internet.

Avec plus de quatre jeunes sur dix (42 %) qui disent ne pas réagir face à la violence sur Internet, force est de constater que la jeunesse apparaît encore démunie face à ce type de contenus. Cette analyse se retrouve autant dans la tranche des 11-14 ans (40 %) que dans celle des 15-18 ans (45 %).

Quand il s’agit de demander aux jeunes pourquoi ils ne réagissent pas, ils sont 25% à évoquer que c’est inutile et 29 % à mentionner qu’ils ne réagissent pas car ils ne savent pas comment s’y prendre pour répondre. Ces chiffres semblent démontrer une forme d’aveu d’échec face à la haine en ligne. Ces résultats expriment a fortiori le besoin de sensibilisation et d’accompagnement en méthodes et outils pour leur apprendre à réagir face à ce type de contenus.
Alors que plus d’un jeune sur quatre (26 %) ne réagit pas car il pense que ce n’est pas son problème, soulignant ainsi une forme d’indifférence quant à cette problématique, se pose également la question de la prise de conscience citoyenne et notamment de l’éducation au débat démocratique en ligne.

L’ensemble de ces résultats démontre que la citoyenneté numérique des jeunes reste un terrain encore largement à construire. Ces constats font notamment et directement échos aux enjeux soulevés (le rôle central d’Internet et des plateformes du numérique, l’éducation à l’esprit critique, etc.) dans le nouveau plan national de prévention de la radicalisation et dans celui relatif à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.

Henri Isaac, président de Renaissance Numérique

« Avant un aveu d’échec, les résultats de ce questionnaire traduisent un réel besoin d’accompagnement de jeunes pour faire face aux contenus haineux en ligne. Il est urgent d’équiper les élèves en outils et méthodes pour être en mesure d’affronter la violence en ligne. C’est parce que la nouvelle génération aura une conscience citoyenne numérique élevée qu’elle sera en capacité d’exploiter toutes les opportunités de la mise en réseaux numériques de la société».

Cyril Di Palma, délégué général de Génération Numérique
« Ces chiffres doivent nous alerter sur l’état du monde numérique dans lequel les plus jeunes de nos concitoyens évoluent quotidiennement : Internet apparait plus violent et haineux que la vie « de tous les jours ». Il est urgent d’agir à plusieurs niveaux : réduire les contenus haineux présents sur Internet, créer et diffuser des contenus alternatifs et développer l’éducation citoyenne au numérique ».
 

Muriel Domenach, Secrétaire générale du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR)
« Protéger les citoyens sur Internet est un axe essentiel de notre plan national #PrévenirPourProtéger contre la radicalisation comme du plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Le conspirationnisme et les discours de haine sont des sas de la radicalisation. Les entraver est l’affaire de tous. Etat et société civile, nous devons éduquer aux médias, déconstruire et délégitimer les discours de haine et djihadistes ».

Frédéric Potier, Délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH)
« La baisse tendancielle des menaces et des actes haineux depuis 2016 ne rend pas compte des tensions qui demeurent vives dans notre pays et du déferlement de haine qui s’exprime de manière quotidienne, sur Internet. Il faut donc aller beaucoup plus loin, creuser le sillon du premier plan interministériel et ouvrir de nouveaux fronts en particulier sur le thème de la lutte contre la haine sur Internet, priorité du plan national contre le racisme et l'antisémitisme 2018-2020 ».

MÉTHODOLOGIE DE L’ENQUÊTE

Cette étude a été réalisée par l’intermédiaire d’un questionnaire en ligne pour la période allant du 13 novembre 2017 au 12 mars 2018. Ce questionnaire a été envoyé auprès de 20 853 élèves (de 11 à 18 ans) issus d’établissements scolaires dans lesquels l’association Génération Numérique intervient pour sensibiliser les jeunes sur les bons usages à adopter sur les réseaux sociaux dans le cadre de son tour de France. Ces résultats doivent être interprétés comme des tendances permettant de prendre un premier « pouls » de la perception des jeunes quant aux propos choquants sur Internet. Cette étude ne traduit ainsi pas une logique de représentativité des résultats par la mise en place de variables de quotas sur des critères sociodémographiques. Notons également que l’ensemble des questions n’impliquait pas de réponses contraignantes pour les élèves. Ainsi, le nombre de répondants peut varier entre les questions.

A télécharger dans cet article : l'étude complète de Renaissance Numérique

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