Celui qui avait choisi pour pseudonyme l’expression traditionnelle de salutation yiddish « Sholem-Aleikhem », de son vrai nom Sholem Rabinovitch, fut un des plus grands écrivains juifs du XIXe siècle. On commémore cette année le centième anniversaire de sa disparition qui eut lieu le 13 mai 1916 à New-York.
Sholem-Aleikhem est considéré comme l'un des quatre classiques de la littérature yiddish avec Asch, Mendélé et Peretz. Il contribua largement à lui susciter à la fois un public de lecteurs et une pléiade d'écrivains. Cette langue était pourtant considérée à cette époque, par bon nombre d'intellectuels, comme un méprisable jargon. Sous le pseudonyme de« Paix sur vous », Sholem-Aleikhem ne tarda pas à devenir l'écrivain le plus populaire, le plus aimé parmi les Juifs yiddishisants.
Né à Pereyaslav près de Kiev en Ukraine le 3 mars 1859, Sholem-Aleikhem commence sa carrière d’écrivain en hébreu comme un grand nombre d’auteurs classiques juifs, en 1883 après avoir exercé diverses activités professionnelles avec une malchance récurrente. Orphelin à treize ans, Sholem-Aleikhem est doté d'une marâtre qui lui inspire son premier « ouvrage » : un recueil des malédictions dont elle abreuvait sa bruyante maisonnée. Deux ans plus tard, il publie, dans un journal, des poèmes hébraïques. À vingt-et-un ans, muni de solides connaissances juives et universelles, il est nommé rabbin d'État, c'est-à-dire secrétaire communal, mais n'abandonne pas sa muse pour autant. Quelques poèmes et feuilletons – yiddish, cette fois –, parus dans divers journaux et périodiques, attirent l'attention d'un critique avisé qui lui prédit une carrière littéraire brillante. Le voilà lancé.
Un humour extraordinaire
Ayant épousé, entre-temps, la fille d'un riche administrateur de biens, dont il devient l'héritier, il se trouve, un beau jour, à la tête d'une petite fortune. Il en fera l'usage le plus inconsidéré qui soit, en créant aussitôt, à Kiev, un important annuaire de littérature yiddish, avec la participation des meilleurs écrivains du cru, auxquels il octroie des honoraires princiers. Lui-même en est le rédacteur et le mécène. Cette vie de château ne devait pas durer. Après la parution du deuxième tome, et aussi par suite de spéculations boursières malheureuses...
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