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Published on 19 July 2016

#Terrorisme - Rapport parlementaire sur les attentats de janvier 2015

Une rumeur infondée qui fait le jeu des conspirationnistes de tous bords.

Deux sites conspirationnistes français sont à l’origine de ces rumeurs

Par Samuel Laurent, publié dans le Monde le 18 juillet 2016, sous le titre "Non, il n’y a aucune « preuve » de tortures au Bataclan"
 
Vous pouvez télécharger les deux tomes du rapport de la Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015 ci-contre, au format PDF. 
 
[Attention, les détails et récits de cet article, même s’ils ne constituent que des rumeurs, peuvent choquer]
 
« Tortures effroyables », « énucléations », « castration », « coups aux organes génitaux », « éviscérations »… Du Britannique Daily Mail à l’Américain Washington Times, en passant par Russia Today, plusieurs médias internationaux ont relayé depuis quelques jours ces rumeurs, reprises en France par Valeurs actuelles.
 
Ces allégations émanent de quelques conspirationnistes français, et évoquent des actes de torture infligés aux otages du Bataclan le soir du 13 novembre 2015, qui auraient été cachés par le gouvernement.
 
D’où vient la rumeur ?
 
Deux sites français sont à l’origine de ces rumeurs : le premier est Panamza, point de rendez-vous des conspirationnistes de tout poil, qui a publié un article à ce sujet le 13 juillet. Le second est Breizh Atao, blog ultranationaliste breton tenu par Boris Le Lay, condamné en France pour antisémitisme. Ils ont, depuis, été relayés par une large part de la galaxie des sites d’extrême droite.
 
Tous deux s’appuient sur la publication, le 5 juillet, du rapport de la commission d’enquête relative aux moyens de l’Etat pour lutter contre le terrorisme, dirigée par Georges Fenech. Parmi les centaines d’auditions de témoins auxquelles a procédé cette commission figurent deux témoignages qui servent de base aux récits des conspirationnistes : un policier et un parent de victime.
 
Leurs posts ont ensuite été repris par le site britannique Heatstreet, puis par plusieurs tabloïds.
 
Pourquoi est-elle infondée ?
 
Un témoignage d’un policier… qui n’a rien vu lui-même
Commençons par le policier, un brigadier-chef qu’on ne connaît que par ses initiales, M. T. P. Il se trouvait hors du Bataclan et évoque la chronologie des faits. C’est lui qui évoque une première fois « des personnes décapitées, égorgées, éviscérées. Il y a eu des mimiques d’actes sexuels sur des femmes et des coups de couteau au niveau des appareils génitaux. Si je ne me trompe pas, les yeux de certaines personnes ont été arrachés ».
 
Il donne ces détails sordides alors qu’il décrit la soirée et le fait qu’il ait essuyé des tirs, vers 21 h 57. Il estime qu’un seul terroriste lui a tiré dessus, l’autre étant alors en train de commettre des tortures au deuxième étage. Ce qui signifierait, dans la chronologie qu’il évoque, que ces actes auraient été commis en l’espace de quelques dizaines de minutes entre l’explosion d’un des terroristes au rez-de-chaussée et l’assaut par la police, à un moment où les terroristes avaient sans doute d’autres préoccupations.
 
Surtout, interrogé à nouveau, il précise qu’il n’a rien vu de ce qu’il décrit :
 
« Après l’assaut, nous étions avec des collègues au niveau du passage Saint-Pierre-Amelot lorsque j’ai vu sortir un enquêteur en pleurs qui est allé vomir. Il nous a dit ce qu’il avait vu »... Lire l'intégralité.